Fumée

Filtration et crémation, chronique d’une bombe à retardement

L’actualité est particulièrement riche, ces derniers temps, tant au niveau politique que social, et a, plus ou moins directement, un impact sur le funéraire. Du COVID aux écologistes, des crématoriums aux chambres funéraires, revue de détails.

Crémation sans filtre

Mais que peuvent avoir en commun les nombreuses victoires enregistrées par les écologistes aux élections municipales et le secteur funéraire ? Les crématoriums.

En effet, ceux-ci ont été longtemps accusés d’émettre des rejets polluants, et la mise aux normes en 2017 a élevé de façon conséquente les exigences en matière d’émissions.

Ainsi, quatre éléments principaux sont dans le viseur : la poussière, le mercure, les dioxines et le SO2. Le tout passe par un système de filtration souvent très lourd et encombrant, qui peut influer sur le bâti.

Tout cela est bel et bien bon, mais une fois le filtre posé, le problème n’est pas réglé pour autant : deux autres difficultés surviennent. La première est l’entretien régulier du filtre, dont la maintenance doit être faite par une société spécialisée et sérieuse. La seconde, ce sont les inévitables réglages et réparations de ces dispositifs très complexes qui doivent être assurés par le fabricant, ou, à minima, par une société connaissant très bien le matériel.

Tout cela mène à une situation où faire fonctionner un four de crémation dans des conditions correctes est une opération tout sauf anodine. En cas de dysfonctionnement du filtre, l’ensemble de l’appareillage peut se bloquer, par sécurité. Si certains sont rigoureux, d’autres peuvent succomber à la tentation du bypass.

Le bypass, dans un appareil de crémation, est une sécurité installée après la postcombustion du four et qui permet d’évacuer les gazs en cas d’incident sur la ligne de crémation du four. Censé s’ouvrir automatiquement en cas d’incident, il peut aussi être activé manuellement, dans certains cas, par un opérateur.

Et l’on se retrouve donc avec un système qui permet, ni plus ni moins, de contourner la filtration.

La victoire des écologistes

Inutile de préciser que l’utilisation abusive d’un dispositif de sécurité à la fin de poursuivre son activité dans un cas de défaut du matériel est strictement illégal. Et ce type de problème ne peut qu’exploser.

D’une part, parce que l’ambiance s’y prête. Nous l’avons dit, les victoires écologistes aux élections municipales ont posé une nouvelle donne qui va bien au-delà des villes concernées. Bon nombre de maires d’autres obédiences politiques vont sans doute se mettre, eux aussi, à une forme de green washing, pour s’assurer l’élection suivante, ou juste s’éviter des problèmes durant leur mandat.

Et les crématoriums sont sous la responsabilité de la mairie. Bien que parfois concédés pour des périodes très longues, c’est à la commune, in fine, qu’ils reviendront, et c’est elle qui aura le dernier mot. Donc, aux maires écologistes fraîchement élus, aux maires terrifiés à l’idée de se faire piquer la place par un écologiste et qui vont vouloir laver plus vert que vert, etc.

Sans compter les autres difficultés qui peuvent se poser, comme une presse qui sent le vent tourner et bondira au moindre frémissement de scandale environnemental réel ou supposé. D’autant que les chers journalistes ne sont pas connus pour épargner spécialement le secteur funéraire. Le traitement médiatique des métiers de la mort s’apparente plus au ball-trap qu’à la calinothérapie… Rappelons-nous le funérarium de Rungis…

Bombe à retardement

Nous l’avons dit : ce genre de scandale finit toujours par exploser. Dénonciation par un riverain qui percoit une différence dans les émissions de fumées, dénonciation par un riverain qui n’a rien vu du tout mais qui ne perd pas une occasion d’embêter le crématorium qui a fait perdre de la valeur à sa maison (croit-il)… Dénonciation d’un employé à qui on demande de bypasser systématiquement, et qui en a assez de végéter au SMIC depuis vingt ans, ou à qui on a refusé un CDI, une promotion, ses dates de vacances…

Nous sommes d’accord : si de tels comportements existent, ils sont ultra-minoritaires… Mais, ce genre d’affaires sensibles, passées à travers la chambre d’echo de la presse, fera un vacarme à même de couvrir le silence de la majorité silencieuse et consciencieuse.

Sans compter sur la mauvaise compréhension qu’a souvent le public de ces problématiques.

Guillaume Bailly

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