Tout ce que vous n’avez vraiment pas envie de savoir sur la nécrophilie

Une affaire particulièrement glauque secoue actuellement le petit monde du funéraire : un thanatopracteur a été surpris alors qu’il s’apprêtait à commettre un acte sexuel sur le corps d’une défunte. De la nécrophilie, n’ayons pas peur des mots. Et profitons-en pour les définir.

La nécrophilie pour les nuls

On apprend dans la presse cette semaine qu’un thanatopracteur a été surpris alors qu’il s’apprêtait à violer le cadavre d’une femme de 90 ans. Les faits se sont produits en mai, et le jugement vient d’être rendu : 12 mois avec sursit et interdiction d’exercer son métier. C’est, techniquement, une affaire de nécrophilie.

La nécrophilie, du grec « nekros », la mort, et « philie », amour, est un terme apparu dans l’ouvrage de Richard Von Krafft-Ebing, « Psychopathia sexualis ». L’ouvrage posait les fondements de la sexologie moderne, avec une conception… De son époque, disons.

Ainsi, c’est « Psychopathia sexualis » qui a créé le mot sado-masochisme, entre autres. C’est aussi le premier ouvrage de psychiatrie qui introduit la notion de bisexualité. Tout ceci, aux côtés de l’homosexualité, étant classé dans les « perversions ».

Mais l’état des connaissances développé par « Psychopathia sexualis » est très complet. Et donc, on y retrouve un autre mot, « nécrophilie », encore un terme inventé par  Richard Von Krafft-Ebing pour désigner un concept qu’il a défini : celui de l’attirance sexuelle pour les morts.

Notons d’ailleurs que, par extension, le terme est parfois usité pour désigner l’attirance vis à vis des personnes inanimés, qu’elles soient endormies, dans le coma, sédatées…

Et, préparez-vous à une surprise, la nécrophilie, en France, n’est pas illégale.

Rions ensemble avec la législation

Pour être juste, elle n’est pas légale non plus. De fait, techniquement, elle n’existe purement et simplement pas dans le code pénal. Le législateur n’a pas eu le courage de se confronter à la réalité de ce phénomène réel, quoique rare, soyons également clairs là dessus, pour le définir et déterminer une échelle de peine.

En effet, en droit français, la vie commence à la naissance et se termine par le constat de décès. Entre les deux, vous êtes une personne, mais vous cessez, juridiquement, de l’être, quand le médecin signe le bleu. Le cadavre est la dépouille d’un être humain qui a perdu la vie, pas un être humain.

Et donc, juridiquement, si ce n’est pas un être humain, il ne peut pas être violé, puisque le viol est un acte sexuel non consenti qui concerne uniquement des êtres humains vivants. Les personnes commettant des actes inconvenants avec des animaux, par exemple, sont jugés pour « cruauté envers les animaux ».

Notez que l’on ne considère ici que la notion de viol puisque, par définition, un cadavre ne peut pas donner son consentement. Et j’en vois déjà qui élaborent des scenarii à base de consentement ante-mortem, mais essayons d’être moins imaginatifs et spécifiques.

Cachez ce mort que je ne saurais voir

Mais pour quelle raison, alors, le thanatopracteur a été condamné ? Et bien, pour « atteinte à l’intégrité du cadavre », article 225-17 du code pénal. Celui-ci stipule : « Toute atteinte à l’intégrité du cadavre, par quelque moyen que ce soit, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ». Une disposition assez large et floue pour englober un peu tout, de la négligence dans le traitement d’un corps par un professionnel à, donc, un acte de nécrophilie.

Dans le cas qui nous intéresse spécifiquement, le thanatopracteur se voit interdit d’exercer son métier et ne pourra donc plus, théoriquement, approcher de morts. Il n’était pas connu pour des faits similaires auparavant, n’a pas eu le temps de passer à l’acte, bref, justice a été rendue.

Mais la question se pose : a-t-on besoin d’une législation spécifique pour les actes de nécrophilie ? Jusqu’ici, le faible nombre de verdicts rendus a été satisfaisant. Mais quid d’un cas plus grave, si cela est possible,  qui ne serait pas psychiatrisé, et donc passible d’une sanction judiciaire ? Espérons que l’avenir ne nous le dise pas.

Guillaume Bailly

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