La Crémation est dans l'air du temps

Luce Des Aulniers: les morts ne savent plus où se mettre

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

En délaissant les références traditionnelles, souvent aliénantes, nous avons mis de côté le rite de mort. Et on ne sait pas trop comment s’y prendre pour saluer les morts, constate l’anthropologue Luce Des Aulniers, qui publie ces jours-ci son essai Le temps des mortels, aboutissement de 40 ans de recherches en socioanthropologie de la mort. Entrevue.

La crémation est manifestement à la mode. Comment l’expliquer ?

C’est un mode de disposition commode, rapide, portatif, qui a l’avantage de laisser un battement de temps pour procéder aux funérailles. Ça ménage aussi notre sensibilité, parce qu’on ne veut pas imaginer un cadavre qui se décompose. Dans la crémation traditionnelle, comme pour l’hindouisme, l’idée est de séparer rapidement le corps et l’esprit ; la fumée symbolise la libération de l’âme. Mais c’est devenu pour nous un procédé axé sur la technique, dont on refuse de voir la brutalité, et qui nous a déroutés : les cendres sont forcément dépersonnalisées et on ne sait pas trop quoi en faire. Notre manière de réagir, bien sûr inconsciente, ce serait notamment d’accentuer le caractère personnalisé des funérailles, d’où la centration actuelle sur l’hommage.

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