Michel Guénanten

Michel, un an déjà.

Il est difficile de croire que ça fait déjà un an que nous t’avons dit au revoir. Je ne pouvais pas laisser passer ce jour sans te dire à quel point on pense encore à toi.

Jean d’Ormesson écrivait :

À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage…

Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.”

Depuis un an, ton siège à toi reste désespérément vide. Une année déjà que tu as fermé les yeux, que le temps passe. Un an déjà que tu es descendu de ce train bien avant le terminus. Une année sans que l’on ait cessé de penser à toi, de se rappeler qui tu étais, tes frasques, ton humour, tes coups de gueule, ton talent. Je revois ton regard expressif, ton esprit au garde-à-vous et ton sourire affectueux lorsque ta main frôlait le menton de tes amours de chats. Aujourd’hui, de là où tu es, tu dois encore être penché sur eux.

Depuis un an, nous n’avons pas cessé de porter ton message, de faire vivre ton école et de te rester fidèle. La thanatopraxie a traversé des moments douloureux ces derniers temps, je suis sûr que tu aurais eu un avis très tranché la concernant. Toute ta vie tu n’as eu de cesse que de défendre ce métier qui était le tien.

Un an déjà, que le temps passe…

Je n’oublierai jamais ce samedi de novembre 2019 où nous avons appris ta disparition après des mois de lutte contre cette foutue maladie qui, finalement, aura eu raison de toi. Ce n’est pas le souvenir que je veux garder de toi mais plutôt celui d’un homme pétillant, drôle, investi et passionné. Je te revois au volant de tes 2 CV en Picardie ou une guitare à la main, ta deuxième passion. Je te revois dans ton costume noir et tes baskets rouges lors de tes soirées pizzas-bowling à Angers. C’était de loin une tradition à laquelle tu tenais. Je te revois lors de tes séances de dédicaces arborant encore et toujours ce petit sourire de satisfaction lorsque une personne venait te parler de son envie de faire ce métier. Tu ne manquais jamais une occasion pour expliquer à ces prétendants que la thanatopraxie se méritait et qu’elle était un véritable parcours du combattant pour qui se sentait investi. Je me remémore les heures passées au téléphone avec toi. Quand je voyais ton nom apparaître sur mon téléphone, je savais que ma soirée était faite. Si tu savais ce que je donnerais pour voir réapparaître ce nom sur mon écran…

Il y a un an, penché sur cette boîte vernie qui est maintenant ta maison, je t’avais fait une promesse. Celle de pratiquer mon métier avec les valeurs et le professionnalisme qui fût le tien. Je fais de mon mieux au quotidien pour ne pas déroger à cette règle en espérant que tu sois fier et heureux de voir que, de cette façon, tu n’as pas complètement disparu. Oh bien sûr, chacun a leur manière, ceux qui t’ont connu et aimé continuent de te faire vivre au jour le jour par leur travail, leurs pensées et leur amour pour la thanatopraxie. Ils continuent de faire vivre ton oeuvre, ta vision du métier, ta passion, ta vie.

En ce jour anniversaire, mes pensées vont vers ta famille, tes amis et vers toi, bien évidemment.

Tendres pensées…

Mickaël CURTI

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