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VGE : comment enterre-t-on les présidents ?

Valery Giscard d’Estaing, dernier président français du 20ème siècle, s’est éteint ce mercredi 2 décembre. Ses obsèques seront célébrées samedi, dans l’intimité. Mais comment enterre-t-on les anciens présidents en France ?

Au revoir

Une page se tourne : Valery Giscard d’Estaing, dernier président français du 20ème siècle, s’est éteint mercredi, un an après un autre Président, son ancien Premier ministre et meilleur ennemi Jacques Chirac.

Giscard n’était pas resté inactif après son célèbre « Au revoir » qui avait suivi sa défaite de 1981 face à François Mitterrand. Son engagement européen avait été constant et actif.

Pour les plus jeunes, VGE n’est pas un président anecdotique. C’est à lui que l’on doit la majorité à 18 ans (au lieu de 21), la légalisation de l’IVG, le divorce par consentement mutuel, la relance de l’industrie nucléaire française grâce à laquelle la France dispose aujourd’hui de l’électricité la moins chère et la moins polluante au monde, et le TGV.

C’est donc une page de l’Histoire de France qui se tourne. Et la France, justement, que prévoit-elle pour rendre hommage aux anciens présidents ? Et bien… Rien.

Plus précisément, il n’y a pas de protocole prévu à l’avance pour les anciens Présidents, mais les obsèques nationales sont décidées au cas pas cas par un décret du Président de la République en exercice, dont les modalités sont appliqués par le Premier ministre. Ceci tout simplement pour éviter qu’un dispositif prévu à l’avance protocolairement se confronte aux volontés du défunt.

Le respect absolu des dernières volontés et le libre choix de ses obsèques sont en effet garanties aux anciens Présidents comme à n’importe quel citoyen. Et le cas de VGE est intéressant, parce que, justement, il ne souhaitait pas d’hommage national.

Ses obsèques seront donc célébrées le samedi 5 décembre dans l’intimité familiale, et VGE sera inhumé auprès de sa fille Jacinte, décédée en 2018 d’une longue maladie. En lieu et place d’obsèques, une journée de deuil national est prévu le mercredi 9 décembre. Dans ce cas, aucun problème, puisque cela n’interfère pas avec les obsèques.

Un ancien Président peut donc refuser une journée d’hommage national au titre de ses dernières volontés, mais en revanche, il ne peut pas la réclamer. Seul le Président en exercice peut la décréter, ou la refuser, ce qui serait d’une discourtoisie républicaine qui confine à l’insulte, mais n’aurait aucune conséquence juridique. 

Les anciens Présidents (tout comme les Présidents en exercice) sont donc des hommes comme les autres face à leurs obsèques, ils ont le libre choix de leur organisation et aucune autorité ne peut se substituer à leurs volontés essentielles. Il en va de même pour tout : ainsi, aucun défunt ne peut être transféré au Panthéon sans l’accord de ses ayants-droits. Ce fut le cas en 2009, quand Nicolas Sarkozy proposa la panthéonisation d’Albert camus et que le fils de l’écrivain s’y opposa.

Souhaitons donc que, selon la volonté de VGE, l’intimité familiale soit respectée par tous ce samedi.

Au revoir.

Guillaume Bailly

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