Casque virtuel sur vélo

A bicyclette

C’est le dernier machin sorti de l’imaginaire bobo : le vélo corbillard. L’idée est simple, un catafalque, et, à l’arrière, un vélo. Le tout promet des obsèques écolo. Et, il faut reconnaître, c’est une invention absolument formidable, tant qu’on n’a pas à s’en servir.

Je m’en allais par les chemins, à bicyclette…

Un convoi à vélo : voilà qui est original. C’est l’idée que propose Le Ciel & la Terre, une société qui propose un corbillard cycloporté. L’idée est simple, un catafalque, un vélo, collez les deux ensemble, et roule ! Ou pas.

L’ensemble sert bien évidemment le discours écologiste actuel, où les émissions de carbone sont devenues l’ennemi. Alors, entendons nous : l’écologie est nécessaire, le réchauffement climatique indubitable, et ce n’est certainement pas votre serviteur, qui écrit cet article en tee-shirt, fenêtre ouverte un 3 novembre en Bretagne qui vous dira le contraire.

Néanmoins, la question mérite d’être posée, la proportion de carbone émise par les corbillards français n’est-elle pas anecdotique face aux usines chinoises, indiennes et américaines, et au mode de vie de certains pays ?

Il est vrai que ce qui est pris n’est plus à prendre, on est bien d’accord. Dès lors, ce corbillard à vélo est parfaitement inoffensif, n’est-il pas ? Tout à fait. Exactement comme la voiture électrique.

Sauf que la voiture électrique est une fausse bonne idée. Il suffit d’aller jeter un coup d’oeil sur le bassin des Salinas Grandes et la lagune de Guayatayoc, ou de se dire qu’un véhicule électrique est basé sur l’aluminium, pour réduire le poids, aluminium dont la production est trois fous plus polluante que l’acier, déjà fortement émettrice de CO2. Bref, la voiture électrique, en bilan carbone sur sa vie entière, est deux fois plus polluante qu’une voiture thermique. Ne me croyez pas sur parole, vérifiez.

Certes, le corbillard à vélo est loin de tout cela, mais néanmoins, il reste une bonne idée de façade. Certes, il est conduit par un porteur au mollet vigoureux, mais, pas de chance, il n’a pas de place pour le reste de l’équipe. Qui devra suivre avec un véhicule classique. Pourquoi n’iraient-ils pas en vélo ? Parce que les porte-bagages ne sont pas pratiques pour transporter les fleurs, surtout quand il y en a beaucoup.

Et le temps que ça va mettre… Mais, direz-vous, à Paris, vu la circulation, les embouteillages, etc. A vélo, ça va souvent plus vite, oui, mais, au-delà de la cruauté de demander à un salarié de pédaler au milieu de tous ces gazs d’échappement, il y a un autre élément à prendre en compte, et là, je vous invite vraiment  à ne pas me croire sur parole, mais à vérifier par vous-même, vous serez surpris : il existe quelque chose au-delà du périphérique. Et, à la campagne, où les distances sont parfois importantes, le corbillard à vélo, ça n’est juste pas jouable.

On ne parlera pas des intempéries, du risque d’accidentologie, ni de la limite de poids… Si, tenez, juste un mot sur la limite de poids, qui contraint les familles à renoncer au cercueil en acajou massif calqué sur celui des empereurs, une solution qui  impose au client de changer son choix plutôt que de lui apporter une réponse adaptée à son souhait n’est pas une bonne réponse.

Tout est il à jeter dans cette idée ? Certes non. Ce qui est à jeter, c’est la parole de certains journalistes qui présentent comme une révolution écologique un projet anecdotique, dont l’intendance qui nécessite rend caduque l’idée de départ. On se fera enterrer à vélo comme on se fait enterrer à cheval, avec les voitures qui suivent, et un impact final nul, juste pour la beauté du geste.

Mais ça reste une bonne idée, faite, une fois n’est pas coutume, par des personnes qui connaissent le métier. Et c’est déjà bien. Bon, le corbillard à vélo, c’est mignon, c’est sympathique, c’est anecdotique, mais pour la pollution, si on parlait plutôt du Black Friday ou des navires de croisière ?

Guillaume Bailly

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