La pénurie de médecins est un véritable problème pour la vie courante, mais aussi pour l’établissement des certificats de décès. Les solutions ? Elles ne sont pas celles qu’on croit. Et incluent parfois un peu de tricherie bon enfant.
Attente funèbre
Une grande majorité des décès surviennent à l’hôpital. Là, le problème ne se pose pas : la densité de médecins au mètre carré est suffisamment élevée, et leur motivation, à savoir récupérer un lit, est forte. D’autres, décès sur la voie publique ou découverte de corps, requièrent l’intervention des forces de l’ordre qui ont l’avantage de pouvoir convoquer un médecin.
Mais il existe un certain nombre de cas où le décès survient au domicile sans qu’une intervention de quelconque autorité ne soit nécessaire. Patients en phase terminale de longue maladie, personne âgée qui s’éteint pendant son sommeil, quidam qui succombe à un infarctus ou un AVC sur son canapé.
Trop souvent, pour la famille, l’enfer commence : contacter les pompes funèbres, qui leur expliquent ne pas pouvoir intervenir avant que le certificat de décès n’ait été complété, et essayer de trouver un médecin. Et les cas abondent de proches qui attendent d’interminables heures auprès du corps sans vie d’un être cher qu’un praticien vienne remplir et signer le bleu.
On pourrait penser que cette problématique concerne les régions très sous-dotée en personnel médical. Ce n’est pas le cas. Bien souvent, les médecins, fortement sollicités, renoncent à ces constatations qui prennent du temps au détriment d’autres patients bien vivants. Des cas ont ainsi été recensés à Nantes, Paris et Lyon, qui ne sont pourtant pas des déserts médicaux.
Au passage, ce n’est pas la contrainte d’installation des professions médicales qui résoudra le problème. La chaîne Fantine et Hippocrate a récemment débunké un numéro de Cash Investigation sur ce sujet :
Les solutions à ce problème ne sont pas non plus dans l’augmentation du numerus clausus. Même si cette dernière mesure a son utilité par ailleurs. A ce propos, diverses facultés, dont celle de Brest, par exemple, ont fait demi-tour après avoir augmenté le quota d’admissions d’impétrants médecins en première année. La cause ? Le manque de moyens.
C’est bien beau, en effet, d’augmenter le nombre de futurs médecins admis à un concours si on n’augmente pas, en même temps, le nombre de places à l’hôpital pour les accueillir pendant leurs études.
Une solution passerait pas la création d’un centre d’appel où les médecins, à tour de rôle, seraient « de garde » pour constater les décès. Il y a un côté un peu contraignant, pour ne pas dire obligataire. Mais il n’empêche : il n’est pas humain de laisser une famille en deuil près du corps d’un défunt pendant des heures, impuissantes à cause d’un simple bout de papier. C’est une obligation légale, normale, certes, mais le législateur, dans ce cas, a négligé un principe simple : si la loi impose quelque chose, elle doit pourvoir aux moyens de satisfaire à cette obligation.
Guillaume Bailly
Oui j’ai vécu cette situation il y a quelques années.
En région parisienne au mois d’aout. Mon grand père était en soin palliatif à domicile et comme les médecins habituels étaient tous en congés, on passé par sos médecin pour le moindre renouvellement d’ordonnance. Autant dire que pour le bleu, ce n’était pas une urgence. Mais le laisser toute une journée au domicile en pleine canicule c’est fichtre indécent.