Le pape François à la fin de son audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 26 octobre 2022. © Vincenzo Pinto, AFP
La nouvelle a été soudaine, mis finalement peu surprenante : le Pape François est mort le lundi de Pâques, d’un AVC. Et la mort d’un pape soulève quelques questions qui méritent réponse.
Dernières volontés
Le Pape François s’est donc éteint des suites d’un AVC peut être causé ou aggravé par son état de santé général, qui n’était pas bon. Âgé, le souverain pontife avait laissé des dispositions en prévision de sa mort : il souhaitait être inhumé dans un cercueil simple, au lieu de la triple bière habituellement dévolue aux papes (deux cercueils en bois et un cercueil de plomb), dans une tenue simple, sans exposition au public, et être inhumé dans la basilique Sainte Marie Majeure, en dehors du Vatican.
Il sera bien inhumé où il souhaitait, mais pour le reste, le protocole s’est littéralement assis dessus. Le Pape est, à l’heure où cet article est écrit, présenté dans sa bière, il aura un cercueil en cyprès, symbole se simplicité, mais aussi un cercueil en plomb, et il est paré de la mitre papale et de ses attributs.
Et donc, le Vatican ignore tout simplement les dernières volontés de Jorge Mario Bergoglio ? En partie. Les obsèques des Papes sont des processus très codifiés, et si le souverain pontife peut y déroger en partie, ce n’est que sur un nombre restreint d’éléments. Mais, surtout, en devenant Pape, l’élu renonce à s’appartenir. Paradoxalement, en devenant le chef de l’église, il renonce à une partie de sa liberté.
D’ailleurs, à la fin du conclave, quand le Pape est élu, il lui est demandé si il accepte la charge. Et l’élu a la possibilité de refuser.
Le défi particulier, pour les obsèques du pape François, sera la distance, quatre kilomètres environ, qui sépare le Vatican de la basilique Sainte Marie Majeure. Le trajet est long pour des cardinaux parfois très âgés, et la foule sera certainement très dense.
Neuf jours
La période qui suit le décès d’un Pape est appelée Novemdiales. C’est une période de neuf jours qui remonte directement à l’époque romaine, où c’était un temps de deuil et de recueillement.
Durant ces Novemdiales, les cardinaux doivent, certes honorer le Pape défunt, mais aussi réfléchir à son magistère et à ce qu’il a apporté. Le fruit de ces réflexions est partagé lors des congrégations générales, où les cardinaux se réunissent pour parler de l’état et l’avenir de l’Église. Ce sont des réunions de préparation au conclave, et la première a eu lieu au lendemain de la mort de François.
Clairement, les cardinaux font le bilan du pape défunt, et déterminent les contours de la personnalité qui devrait être élue Pape ensuite, en fonction des défis que l’Église devra relever.
La fin des congrégations générales, une dizaine de jours après la fin des Novemdiales, marque l’entrée en conclave. Là, les cardinaux électeurs seront enfermés dans la Chapelle Sixtine et un bâtiment où ils pourront se reposer, pour élire le futur évêque de Rome.
Le Pape doit être élu à la majorité des deux tiers. Quand aucun Pape n’est élu, les papiers servant au vote sont brûlés avec du goudron ou du charbon, produisant une fumée noire.
Lorsque le Pape est élu, le camerlingue lui demande solennellement s’il accepte la charge. Si c’est le cas, les papiers sont brûlés avec de la colophane, qui produit une fumée blanche. Le Pape élu choisit alors son nom, et le Camerlingue va sur le balcon annoncer « Habemus papam », « nous avons un pape ». Les cardinaux votants sont considérés comme inspirés par l’Esprit Saint : on peut donc considérer que le Pape est choisi par Dieu lui-même.
Il y a, aujourd’hui dans le monde, un milliard quatre cent millions de catholiques, et, si la religion semble marquer le pas en occident, le catholicisme est très dynamique en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. L’élection du pape est donc un véritable enjeu géostratégique.
Ce qui explique peut-être que le processus de choix soit si long. Dans le même temps, l’Église promet l’éternité : ce serait dommage de disposer de tout ce temps et de en pas en profiter.
Guillaume Bailly