Covid Chinois et Grippe espagnole

Covid et seconde vague

Certains spécialistes refusent encore aujourd’hui de parler de deuxième vague de Covid, expliquant que, pour les maladies, les secondes vagues n’existent pas. La preuve s’il en faut que les forts en science ne sont pas forcément les forts en histoire. .

Covid Chinois et Grippe espagnole

On a pu entendre certains gourous, pardon, « spécialistes mondialement reconnus » expliquer sur les plateaux télévision, où ils accordent généreusement des interviews à condition qu’il n’y ait aucune contradiction de niveau équivalent en face, qu’il n’y aurait pas de seconde vague de Covid-19, parce que « une seconde vague relèverait de la fantaisie, de la science-fiction » (Didier Raoult, « point hebdomadaire » sur You Tube, fin avril 2020).

Il aurait été profitable pour le bon professeur comme pour ses adeptes de se plonger dans l’histoire des pandémies, pour voir que les secondes vagues, non seulement existent, mais sont bien souvent pire que les premières.

Tenez, la Grippe espagnole, par exemple. Savez-vous au passage pourquoi la Grippe espagnole s’appelle espagnole ? Parce qu’elle est apparue en Espagne ? Et bien pas du tout. Les premiers cas de cette maladie furent relevés aux Etats-Unis, sans doute ramenés par les soldats américains rentrés à la fin de la première guerre mondiale.

On n’a jamais pu déterminer précisément où tout avait vraiment commencé, c’est à dire où était apparu le « patient zéro », mais à ce jour, c’est le camp médical d’Etaples, dans le Pas-de-Calais, qui pourrait avoir été le point d’apparition du virus : des milliers d’hommes souffrant de blessures et d’infections vivant dans une grande promiscuité avec des animaux de ferme destinés à l’alimentation dans ce qui reste, à ce jour, le plus grand camp médical qui ait jamais existé, toutes les cases sont cochées.

Certains considèrent que le patient zéro aurait été un fermier américain contaminé par des oiseaux, mais aucune preuve n’a jamais été apportée. Le premier cas officiel fut diagnostiqué dans un camp militaire américain, c’est la seule certitude.

Et donc, l’Espagne ? Et bien, à la fin de la première guerre mondiale, quand le virus apparu, les autorités des pays belligérants retirent le plus longtemps possible l’information pour ne pas affecter la population, déjà éprouvée par le conflit. Par humanité, bien entendu, mais il faut reconnaître que la Révolution Bolchevique, qui avait eu lieu un an plus tôt en 1917, était dans toutes les têtes, et que personne n’avait envie que ce communisme Russe ne donne d’idées ailleurs.

Sauf un pays, qui n’avait pas été impliqué dans la guerre : l’Espagne. Et l’Espagne mit en place, lorsque le virus apparu, un système d’alertes et d’informations à la population pour essayer de pallier à la propagation de l’épidémie. Lorsque la pandémie devint trop importante pour pouvoir continuer à être cachée à la population, tout le monde, se demandant quelle était son origine, se tourna vers le seul pays où on en parlait depuis déjà plusieurs semaines : l’Espagne.

Et l’infortunée nation vit son nom donné au plus grand fléau du vingtième siècle, comme seule récompense de sa transparence et son honnêteté.

Le lourd bilan

La courbe de la Grippe espagnole est très préoccupante. Les premiers cas enregistrés le sont en mars 1918 et font montre d’une grande contagiosité, mais les premiers morts ne surviennent qu’en septembre, au pic de la première vague, qui correspond à une mutation du virus.

La seconde vague survient en 1919, et elle sera la plus létale. Ceci, du fait d’une mutation du virus qui le rend encore plus contagieux et mortel. Ce n’est pas la maladie elle-même qui tue les patients, mais ses séquelles dans la plupart des cas, à savoir des lésions pulmonaires.

Bien que mortelle, la troisième vague fera moins de victimes, la population et les autorités étant mieux préparées.

Le bilan officiel de la Grippe espagnole est de 55 millions de morts, dont 40 millions rien que pour la deuxième vague. Les recherches récentes en histoire ont tendance à revoir ce bilan… à la hausse. Très à la hausse, même : 100 millions de morts est un chiffre qui ne semble plus délirant aux historiens aujourd’hui, dont 70 à 80 millions pour la deuxième vague.

En comparaison, la première guerre mondiale a fait dix millions de morts.

Au temps, donc, pour ceux qui soutiennent que les secondes vagues sont l’exception.

Quant à la Grippe espagnole, on sait aujourd’hui que c’était un virus de type H1N1, de la même famille que la grippe saisonnière. Vous savez, les « petites gripettes ».

Guillaume Bailly

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