Et si les pompes funèbres faisaient grève ? Après tout, pour les raisons évoquées dans un précédent article, et d’autres, il y aurait de quoi. Est-ce possible ? Absolument ! Les pompes funèbres peuvent faire grève. Ce qui servira à apprendre un nouveau mot : luthomiction.
Grève générale ou grève, général ?
Certains salariés des pompes funèbres seraient bien tentés par un mouvement de grève, si l’on en juge par la lecture des groupes dédiés sur les réseaux sociaux. Et il y a de quoi : une crise qui rajoute de la difficulté à un travail déjà pénible, le tout pour une rémunération souvent un peu juste, et ça, c’est un euphémisme.
Il faut dire que, quand un certain syndicat, en tout cas, 150 de ses adhérents, bloque le pays pour obtenir 10 % d’augmentation sur un salaire de 4600 euros, il prétend le faire pour le bien de tous. Mais au final, il y en a un qui a 460 euros en plus par mois, et un autre qui est toujours au SMIC et a perdu de l’argent pendant qu’il était au chômage technique faute d’essence pour travailler.
Alors, pourquoi les pompes funèbres s’en priveraient ?
La raison est très simple, et peut se résumer en un mot : luthomiction. C’est un terme qui vient de la pataphysique, et qui est composé de deux mots, « luth » et « miction ». Le premier désigne tout instrument ayant des cordes parallèles à un manche, en l’occurrence ici un violon, et le second désigne le fait d’uriner.
La luthomiction signifie donc, littéralement « pisser dans un violon ». Théoriquement, on peut le faire, mais en pratique ça ne sert à rien.
Il existe en effet un article, la loi 65/77 du 26 août 1977, qui, tout en confirmant le droit de grève inscrit dans la Constitution, définit des « besoins sociaux absolument nécessaires » qui doivent être satisfaits même en cas de grève. Et, à l’alinéa c, on retrouve les entreprises de salubrité publique, y compris les pompes funèbres.
Pour faire simple, les services funéraires peuvent être réquisitionnés en cas de besoin. Et les cas de besoin, ils sont simples, c’est dès qu’il y a un décès quelque part. Concrètement, cela signifierait que, d’un point de vue pratique, la seule différence entre un agent funéraire au travail et un agent funéraire en grève, c’est que l’un recevrait ses instructions de son planificateur, et l’autre du préfet.
Parce que, au-delà des levées de corps, le préfet pourrait ordonner de procéder aux obsèques, inhumation et crémation, pour éviter de saturer les morgues, et dans le respect des familles, ce qui implique un convoi en bonne et due forme. Bref, une journée de grève serait une journée totalement ordinaire dans les pompes funèbres.
Pour info, refuser de se soumettre à une réquisition, c’est six mois de prison ferme et 10 000 euros d’amende. Et ces peines sont appliquées sans défaillir.
Quand à tenter de bloquer lesdites morgues, les crématoriums et les cimetières, cela donnerait lieu à des évacuations musclées. Parce que le droit de grève, et c’est bien normal, précise que les grévistes ne doivent pas empêcher les autres de travailler.
Vous serez peut-être tentés de demander « mais, attendez une seconde, il y en a, je en cite personne, suivez mon regard, qui ne se gênent pas pour bafouer totalement le droit de grève en allant au-delà de ce qu’ils ont droit de faire, et personne ne leur dit rien ». A ceux là, je répondrais que ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question, je suis meilleur en vocabulaire qu’en syndicalisme.
Guillaume Bailly
Il semble que vous fassiez référence à une loi portugaise…..