Le maire d’Ars-Laquenexy, en Moselle, n’en peut plus : la fermeture des cercueils sur sa commune lui prend un temps fou. Le problème de l’application de la loi dans les communes rurales se pose à nouveau, à travers un prisme particulier.
Hécatombe
C’est une disproportion surprenante : à Ars-Laquenexy, il y a 930 habitants et 445 fermetures de cercueil chaque année. C’est ce qu’explique le maire à Europe 1, insistant sur le fait que la tâche s’avère compliquée.
La raison est toute simple : l’hôpital Mercy, du CHR de Metz-Thionville, se trouve officiellement sur sa commune. Et les fermetures de cercueil au départ du centre hospitalier se retrouvent donc sous la responsabilité du maire et de ses adjoints, qui ne disposent pas d’une police municipale.
Et le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter : le CHU a fermé une chambre funéraire et déplacera ses défunts sur Mercy, ajoutant 70 fermetures de cercueil par an à la tâche. Ce que le maire refuse de faire.
Il objecte que sa municipalité n’est pas dotée pour faire face à la demande. Et il est vrai que 930 habitants ne génèrent pas un budget suffisant pour payer un policier municipal, surtout dévolu à une tâche qui ne concerne pas directement les administrés.
Le maire souligne aussi que lui et ses adjoints sont des humains, et que passer son temps à aller fermer des cercueils, c’est difficile, surtout des cercueils d’enfants, ce qui arrive régulièrement. Un argument qui est tout à fait recevable, on ne se présente pas à une élection pour passer sa vie à voir des cadavres. Certes, ça fait partie de la tâche, mais les proportions dans lesquelles les élus de Ars-Laquenexy y sont confrontés sont irraisonnables pour un non professionnel du funéraire.
Et, si la situation est exceptionnelle, à Ars-Laquenexy, elle n’est pas unique. Elle est directement liée à la gestion purement administrative, qui prend des mesures comptables et ne se soucie pas un seul instant de leur mise en pratique.
Il existerait pourtant une solution toute simple : désigner des personnels administratifs de l’hôpital, pour ne pas embêter les soignants, les assermenter, et les assigner à tour de rôle à cette tâche pour que les élus de Ars-Laquenexy puissent s’occuper de leurs administrés. Aux agents administratifs qui protesteraient, il pourrait être suggéré d’aller expliquer à leurs collègues soignants qu’ils ne sont pas à l’hôpital pour voir des malades ou des morts, ce pourrait être drôle.
Il suffirait d’une petite ligne à ajouter dans la loi, un petit assouplissement des règles qui meurent de leur propre rigidité.
Les trop nombreuses contraintes imposées par une administration lointaine, voilà un cercueil que les maires se bousculeraient pour pouvoir sceller.
Guillaume Bailly