La famille peut parfois « tester » le conseiller funéraire, pour diverses raisons. Il convient de savoir comment se comporter en la circonstance, une subtile balance entre diplomatie et fermeté. Revue des situations et suggestion de traitements.
La provocation religieuse
Selon l’endroit ou vous vous trouvez, vous pouvez parfois subir une provocation de type religieux. Il faut savoir la distinguer. Pour cela, c’est très simple : posez vous la question de savoir si c’est légal ou illégal.
Ainsi, une famille traditionaliste peut exiger, par exemple, d’avoir la messe en latin. Ceci n’a rien d’illégal selon le doit séculier, mais découragé et quasi impossible dans le secteur. Inutile, dans ce cas, de s’agacer. Il suffit, paisiblement, de rappeler à la famille que vous êtes un service neutre, et qu’ils s’expliquent avec l’évêché, dont vous pouvez d’ailleurs leur donner le numéro de téléphone. Autre astuce, encore plus simple : s’il y a une communauté Saint Pie X dans votre ville, ayez leurs coordonnées sous la main. Si vous allez les rencontrer, par contre, évitez de leur demander leur numéro de téléphone portable : l’hérésie n’est jamais loin…
Une autre forme de provocation consiste à refuser le cercueil. Certaines religions préconisent une inhumation à même la terre, et les familles, dans le bureau, expriment systématiquement leur opposition à la boîte funeste. Là, c’est facile : le cercueil est obligatoire de par la loi, restez courtois mais ferme.
Surtout, n’hésitez pas : assénez à la famille « Désolé, mais si vous persistez dans votre attitude, je ne pourrai donner suite. Vous ne trouverez aucune pompe funèbre dans ce pays qui pourra accéder à votre demande. Je vous prierai donc de bien vouloir vous conformer à la loi, ou de sortir. »
Surtout, n’entrez pas dans une discussion, jamais. Vous perdriez des heures et beaucoup d’énergie en palabres inutiles. Sachez une chose : ce n’est pas l’initiative des familles. Pour preuve, dans la plupart des cas, les familles de la religion concernée choisissent une cercueil sans se faire prier, ou bien, pour les plus récemment arrivées en France, se plient bien volontiers à la loi quand vous le leur avez expliquée.
Lorsque le même problème survient, vous trouverez souvent des familles qui fréquentent le même lieu de prière, avec le même responsable religieux. Celui-ci les accompagne d’ailleurs parfois. N’hésitez pas : si la famille insiste, demandez-leur de partir et signalez que vous aller alerter la préfecture. Mais ne discutez jamais : vous ne feriez qu’ajouter de l’eau au moulin de qui les manipule.
La provocation mercantile
Il existe une autre forme de provocation, la provocation mercantile. Elle est sournoise. Et c’est la plus dangereuse.
La provocation mercantile est simple : la famille va vous piquer, constamment vous tarabuster. « On dirait que vous n’avez pas l’habitude » ou, face au cercueil « dites donc, vous nez doutez de rien » en désignant le prix, etc.
Un assistant ou conseiller funéraire chevronné n’y prête même plus attention, et répond généralement du tac-au-tac, par une remarque ironique. Ils en sont pas la cible.
A cible, c’est le ou la jeune assistant(e) funéraire qui va rentrer dans le jeu. L’erreur à ne pas commettre est pourtant quasiment un réflexe : un débutant, qui manque de confiance en lui, va essayer de répondre en expliquant, en se justifiant, et essayer de démontrer ses capacités professionnelles, le tout dans un état de stress intense. Il va ainsi, sans s’en rendre compte, donner des éléments à la famille.
Ce n’est pas de la perversité, une forme de torture gratuite, bien au contraire. Quelques jours après avoir réalisé le convoi, la pompe funèbre va recevoir, en recommandé, une longue lettre expliquant pourquoi la famille veut un rabais important, voire refuse de payer. Vont se retrouver listés, retournés conter lui, tous les éléments que l’assistant funéraire leur as donnés. Démarche d’autant plus facile que la famille, dans le bureau, a établi l’essentiel : faire en sorte que, confronté à leur présence ou à leur lettre, le débutant perde ses moyens, et donc, se défende très mal.
Si vous êtes confrontés à une famille comme cela, ce qui est, il faut le dire, régulier mais peu fréquent, ne vous justifiez pas. Votre travail est votre justification. Restez imperturbable, et, même, ne faites pas d’efforts. Déroulez votre argumentaire, point.
Parce que, face à la provocation, quelle que soit sa nature, quels que soient ses objectifs, il n’y a pas de solution miracle en restant dans les clous d’une démarche funéraire classique, de conseil et commerciale à la fois. En revanche, il y a un adage, qui m’a été donné par un professionnel expérimenté, et que je vous livre à mon tour : « Il y a des familles qu’il faut savoir laisser à la concurrence ».
Guillaume Bally