L’intelligence artificielle a fait de nets progrès, et les dernières itérations de Chat GPT impressionnent. Certaines professions pourraient même être remplacées à plus ou moins court terme. Et dans le funéraire ? L’IA pourrait-elle se rendre utile ?
Terminator porte le cercueil
Il va falloir commencer par mettre une chose au point : Chat GPT, ce n’est pas si impressionnant qu’on le dit. C’est très impressionnant, mais à aucun moment l’observateur attentif ne peut croire avoir affaire à un être sensible. D’ailleurs, Chat GPT est programmé pour ne pas pouvoir passer le test de Turing.
Le test de Turing est une série de questions élaborées par le mathématicien Alan Turing (1912 – 1954) en 1950, qui permet de déterminer le degré de proximité entre l’intelligence simulée d’une machine, et l’intelligence réelle humaine, englobant la conscience de soi et « l’humanité », c’est à dire les émotions.
Tout bêtement, si vous demandez à Chat GPT de dire s’il préfère le café ou le thé, il vous répondra qu’il est une machine et n’a pas la possibilité d’avoir une préférence. Echec au test, puisque vous essayez de déterminer si vous parlez à une machine, et que votre interlocuteur vous le dit d’emblée…
Chat GPT, et toutes les intelligences artificielles, sont des algorithmes complexes, qui sont capable d’absorber des quantités phénoménales de connaissances, et de les restituer sous une nouvelle forme selon une vraisemblance statistique. Par contre, il est totalement incapable de créer quoi que ce soit : si vous posez une question inédite, sur un sujet que personne n’a jamais abordé, il séchera.
De même, il ne sait rien à proprement parler. L’exemple typique est demandé à l’IA quand Christophe Colomb a découvert l’Amérique : la réponse donnée sera 1492, ce qui est correct. Et vous vous direz : « il le savait ». En réalité, non. L’IA (Chat GPT comme les autres) va aller consulter sa base de données, et voir quelles réponses ont été le plus souvent données à cette question. Comme la majorité des gens répondent 1492, il considérera que c’est, statistiquement, la réponse la plus attendue.
Ce qui veut dire que si une majorité des gens pensent, et écrivent, quelque chose qui est faux, l’IA le présentera comme une vérité. J’ai demandé à Chat GPT et à Bing, le moteur de recherche de Microsoft propulsé par IA, d’où venait l’expression croque-morts. Dans les deux cas, j’ai eu une histoire de croquage d’orteils et que vous connaissez bien, avec à chaque fois une nuance « mais d’autres gens pensent que… ».
Le fait que jamais personne n’aie bouffé l’orteil de personne, dans le cadre funéraire du moins, et que c’est même totalement stupide quand on y réfléchit deux secondes passe au dessus de la compréhension de l’IA. La réponse apparaît le plus souvent, donc c’est vrai.
Prenons un exemple qui parlera à beaucoup : on élit un Président de la République, et au terme de son mandat, on saura si ce choix était bon ou pas. Pour l’IA, le Président est forcément bon, puisqu’une majorité de gens l’a élu (on parle de la première élection, pas de réélection éventuelle). La France n’a donc pas connu un seul mauvais Président au cours de son histoire. C’est rassurant, non ?
De même, l’IA ne crée pas d’images ou de musique. Elle réassemble des images ou de la musique existante pour proposer quelque chose d’inédit. Mais si on ne lui avait montré qu’un seul dessin, elle referait toujours le même, en boucle, juste disposé différemment.
Mais l’IA menace directement ou indirectement un certain nombre de professions. Statisticiens, mathématiciens, programmeurs, voire artistes, tremblent, et à raison. Et les pompes funèbres ? Certains métiers du funéraire sont-ils menacés ? Ou, sans aller jusque là, l’IA peut-elle être d’une quelconque utilité ? C’est ce que nous allons essayer de voir à travers une série d’articles. A suivre, donc.
PS : le présent article a été écrit par un humain, Guillaume Bailly