Poisson rouge dans son bocal

Les pompes funèbres et l’intelligence artificielle, c’est bien (Partie 2)

Après une introduction pour déterminer ce qu’est l’intelligence artificielle et comment elle fonctionne, il est temps de se pencher sur ce qu’elle pourrait apporter de positif aux pompes funèbres. Et si il y en a, du positif, il ne faut pas non plus s’attendre à une révolution.

Le droit de garder le silence

La première idée qui vient à l’esprit lorsqu’on parle d’intelligence artificielle appliquée aux pompes funèbres, c’est l’administratif. Expliquer à l’ordinateur ce que la famille souhaite pour le défunt, et aller à la sortie de l’imprimante chercher les déclarations et demandes d’autorisations pré-remplies que la machine aura sélectionné et complété pour nous. Il n’y aura plus qu’à faire signer.

Et là, vous vous direz certainement « mais, attendez une minute ! Il n’y a rien là qu’un logiciel bien configuré ne saches pas faire, pas besoin de l’intelligence artificielle pour ça ». Et vous aurez raison.

Il y a la gestion des cas particuliers, également. Là encore, on peut demander à l’IA de résoudre un problème juridique spécifique à la famille. L’IA irait chercher dans les archives de tout l’internet, pour trouver la solution la plus adéquate.

Très mauvaise idée. Deux avocats américains, indépendamment l’un de l’autre, ont demandé à ChatGPT de rédiger des demandes pour des affaires dont ils s’occupaient. Résultats des courses, les deux passent en conseil disciplinaire après que les juges se soient rendus compte que c’était du grand n’importe quoi.

Ce qu’a fait ChatGPT, c’est qu’il a cherché des cas semblables, n’en a pas trouvé, a chois des cas approchants selon lui, sauf que ses critères n’étaient pas bons, et a ensuite rédigé de fausses décisions de justice signées par de vrais juges dont il a vu passer les noms pour étayer sa thèse. Le tout, de sa propre initiative.

Bref, si vous avez besoin d’un conseil juridique, l’IA est la dernière en qui vous pouvez avoir confiance.

De la création, mais pas trop

Reste le domaine de la création. Bon, les Maîtres de Cérémonie, oubliez tout de suite. Votre serviteur a passé quatre heures sur Chat GPT a lui demander de rédiger une cérémonie d’obsèques avec des critères précis. Le résultat… Et bien, la fille de mes voisins a fait mieux pour l’enterrement de son poisson rouge. Elle a cinq ans.

Reste la création graphique des plaques ou de souvenirs visuels. Là, l’IA peut effectivement créer quelque chose d’intéressant et de novateur, à la demande de la famille, sans trop être onéreux. A condition d’avoir un graphiste derrière pour les retouches, parce que les erreurs sont fréquentes.

Mais créer rapidement une personnalisation visuelle spécifique pour une famille, c’est faisable.

Reste le chapitre de la préservation numérique. Certaines applications permettent de conserver la mémoire d’un défunt et de simuler sa présence, voire une conversation avec lui. Et il n’en sera pas question ici, tant le sujet mérite un article à lui tout seul. Pour les impatients, je vous renvoie à mon « Livre de la mort », dont la conclusion porte précisément sur ce sujet. Très bon conseil pour la plage, soit dit en passant. Mais se servir de l’IA pour préserver la présence d’un défunt, c’est plonger dans l’uncany valley. Concept qui sera expliqué dans le prochain article de cette série, celui sur les mauvaises idées. Et il sera beaucoup, beaucoup plus long.

Mais pour conclure celui-ci, que peut apporter l’intelligence artificielle au funéraire ? A de très rares exceptions près, rien que vous ne sachiez déjà faire.

Guillaume Bailly

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