C’est une histoire très drôle… Non, c’est une histoire très triste… Non, c’est une histoire sinistre… Non, bon : c’est une histoire franchement compliquée à raconter qui est arrivé à ces américains lors de l’inhumation au cimetière. Au début, pourtant, il était simplement prévu un geste tout à fait symbolique.
L’histoire se déroule au sud des Etats-unis. Dans ce cimetière proche de la Nouvelle-Orléans, toute une congrégation est rassemblée pour dire un dernier au revoir à l’un de ses membres décédé.
L’officiant et son assistante, tous deux vêtus de vêtement immaculés, sont satisfaits : la cérémonie, belle et solennelle comme on l’aime dans ce secteur, est sur le point de s’achever, et elle s’est déroulée sans accrocs.
Toute la famille s’assemble autour du cercueil, pour le dernier geste. Le prêtre s’avance alors, entame un vibrant discours qui parle de la foi chrétienne, de la résurrection, et de l’envol de l’âme vers le ciel, il a pour coutume d’illustrer ce passage par un lâcher de colombes.
Son assistante, qui en tient une dans ses mains, songe dans un premier temps à la proposer à un petit-fils du défunt qui se trouve près d’elle. Intimidé, le petit garçon hésite, puis refuse. Qu’à cela ne tienne : l’oiseau est relâché et s’élève aussitôt dans le ciel d’un bleu limpide, frôlant à peine la tente blanche ou l’assistance cassera la croûte. Après tout, les émotions, ça creuse.
Mais le prêtre aime faire les choses en grand. Dans un panier blanc en forme de cœur se trouvent plusieurs autres colombes, que le représentant de Dieu s’empresse de relâcher.
Désorientés par leur séjour dans le panier, et, peut être, par ce basculement soudain, les oiseaux ne font ni une ni deux, et s’envolent avec grâce, quoiqu’un peu en rase-motte, déployant leurs ailes immaculées pour s’élever vers l’azur ou elles se perdront au regard des hommes comme l’âme du défunt s’élèvera vers Dieu, retiré à la présence des siens mais pas à leur souvenir… Sauf qu’au moment ou les colombes survolent la route longeant le cimetière, un gros camion survient et fait un strike fatal. Des morceaux de colombes pulvérisées se dispersent alentours.
Tandis que la cérémonie symbolique prend fin dans ce grand « sprotch » mou et une envolée de plumes ensanglantées, l’ambiance retombe brutalement dans l’assemblée et le prêtre se demande comment il va rattraper le coup.
Et nous, nous sommes partagés entre la franche hilarité pour un sketch que même le regretté Benny Hill n’aurait pas osé, et la franche et triste solidarité pour le Maître de Cérémonies.
La morale de cet histoire : avant de lâcher des colombes, vérifiez l’état du trafic.
Guillaume Bailly