Contrats Obsèques Banque

Mais pourquoi les banques et les assurances persistent à vendre des contrats de capital obsèques ?

Pourquoi ne pas proposer de contrats obsèques personnalisés ? Et bien, parce que… Par ou commencer ? Bon, écoutez : rien ne vaut une bonne démonstration par l’absurde.

Prise de contact

« Bonjour, Madame Dupont-Durant. Je vous présente mes sincères condoléances[1] pour le décès de votre papa. Vous êtes venu régulariser la situation bancaire de vos parents ? Venez dans mon bureau. Oui, ce sont beaucoup de démarches, hein, tous ces papiers pendant et après les obsèques. Surtout que votre papa n’avait pas de contrat obsèques, hein. Je vois que vous avez procuration sur le compte de vos parents, c’est bien. Vous devriez en profiter pour faire un contrat obsèques pour votre maman, hein, vous n’avez pas envie de revivre toutes ces épreuves encore une fois. Oh, les pompes funèbres vous en ont déjà parlé ? Oui, mais bon, vos parents sont clients chez nous depuis soixante ans, on se connaît, je sais ce qui leur faut. C’est mon métier, vous savez, si les gens des pompes funèbres avaient fait autant d’étude que moi, ils seraient à ma place. Et puis, bon, sans vouloir les critiquer, je respecte leur profession, mais des gens, comme ça, qui gagnent leur vie avec le malheur des gens… On se pose des questions, hein ? »

On se pose souvent la question de la loyauté de la concurrence concernant une banque ou une assurance proposant des prestations dites « obsèques ».

Même si les chiffres sont difficiles à établir, on estime que seuls 500 000 français n’ont pas de compte en banque. Les autre, qu’ils disposent d’un simple compte courant ou de plusieurs contrats, sont donc clients de banques qui connaissent tout d’eux : âge, situation, régime marital, recette, dépenses… Les fichiers des assureurs sont tout aussi complets.

Une position idéale pour proposer aux clients divers produits, allant du livret bleu à l’assurance habitation, en passant, donc par le contrat obsèques.

Capiquoi ?

« Nous allons donc passer ensuite au choix de l’urne… » dit le banquier en rangeant son catalogue.

« Pardon, Monsieur le banquier », interrompt la famille « On ne choisit pas de capiton ? »

« Capiquoi ? » interroge le banquier « Ah, oui, ce machin en tissu tout autour, là ? C’est pas livré avec de série ? Attendez » il feuillette frénétiquement son catalogue. « Je ne vois rien de précisé ici… Ah, si, j’en vois un, là. 200 euros. Bah, je pense que le cercueil est livré avec un capimachin, là, de série, quand même, ça, ça doit être l’option luxe. Pour 200 euros, vous feriez mieux d’ouvrir une assurance vie pour financer les études do vos enfants, on verra ça tout à l’heure. Donc, l’urne…  C’est comment chez vous ? Parce que si vous voulez la conserver, autant choisir une couleur assortie… Le droit ? Bien sûr, vous avez le droit, pourquoi vous ne l’auriez pas ? »

Economie

« Franchement, ce que je vous disait tout à l’heure sur les pompes funèbres. Regardez, dans leur devis, ils vous proposent quatre porteurs, alors que le cercueil est placé sur un petit chariot. Les escrocs ! On met juste un porteur, il conduira le corbillard et le chariot, hein ! Pas la peine de dépenser de l’argent, mieux vaut le placer dans des SICAV, je vous en parlerai après. Et puis, un Maître de Cérémonies, pour quoi faire ? Vous allez à l’église, le curé fera ça très bien ».

Racisme primaire

« Donc, des soins de conservation pour votre papa. C’est important, ça. Voilà. Comment ? C’est quoi des soins de conservation ? Attendez, j’ai la petite fiche ici… » Il farfouille « Ah, voilà. Bon, on fait une piqûre de formol. Donc, des soins, c’est bien. Le corps ne se décompose pas. »

Le banquier remplit des papiers pendant que le client lit la brochure. Il interpelle le banquier « Pardon, mais ici, il est expliqué que la thanatopraxie est interdite aux juifs et aux musulmans. Pourquoi ? »

Le banquier devient écarlate « Euh… Je ne sais pas pourquoi. Vous ne voyez pas, vous ? »

Le client : « Ben non, moi vous savez, je ne suis pas pratiquant. Mon père est très croyant, mais avec Alzheimer, il ne pourra pas m’éclairer… »

Le banquier marmonne « Pardon, il n’y a pas de raisons, je vous prie de bien vouloir nous excuser d’avoir laissé passer cette propagande digne des heures les plus sombres de notre histoire, tout le monde, qu’il soit juif, musulman, chrétien, athée, doit avoir droit aux soins de conservation. Je les inscrit immédiatement au contrat.

Prise de congé

« Vous voyez, vous avez bien fait de nous accorder votre confiance. Vous êtes satisfaits de nous pour la banque et l’assurance, il n’y a pas de raisons que vous soyez déçus par notre contrat obsèques. Les pompes funèbres, là, avec leur habilitation, leur formation, tout ça, c’est du chiqué, pas besoin d’être un spécialiste. Ah, avant que vous partiez : est-ce que je vous ai parlé de nos forfaits téléphones ? »

Guillaume Bailly


[1]     Tomes 1 et 2, disponible aux Editions de l’Opportun et le tome 1 chez Pocket, pour un prix défiant toute concurrence.

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