Tatouage

Pompes funèbres, tatouages interdits

Encore une fois une question sur un réseau social, et dont la réponse, clairement tranchée, va certainement soulever des débats. Et sur ceux-ci, aussi, il y a une réponse tranchée. Donc : travailler dans le funéraire et être tatoué et/ou piercé, bonne idée ?

Encre noire

Avant toute chose, votre serviteur tient à préciser qu’il est lui-même tatoué. Tout en ayant pris garde à ce que ces tatouages ne se voient pas lorsque je porte des manches longues, dans le cas, de plus en plus improbables, où je reviendrais sur le terrain des cimetières un jour. Ceci pour dire : je n’ai rien contre.

La question posée par quelqu’un sur un réseau social : « Les tatouages et piercings dans le funéraire, vous en pensez quoi ? ». Et bien, c’est très simple : les tatouages et piercings dans le funéraire, c’est très bien, tant que ça ne se voit pas. Et il n’y a pas de débat.

Mais il est aisé de deviner que certains et certains vont froncer les sourcils, aussi est il préférable de développer.

La société est ainsi faite que certaines personnes aiment les tatouages et/ou les piercings, et certaines les détestent. On pourra débattre des heures sur ce qui est bien ou pas bien, ce n’est pas le sujet ici. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que toutes ces personnes meurent, un jour ou l’autre, et que toutes ont droit à des obsèques avec le même niveau de considération.

C’est là qu’entre en scène le professionnel du funéraire. Il doit pouvoir s’occuper de tout le monde. Celui qui aime les tatouages, si il n’en voit pas sur vous, ne sera pas offusqué : il n’y a pas, pour l’instant, de groupe de revendication qui exige que les gens soient tatoués pour leur adresser la parole. Ça viendra certainement un jour, au rythme où vont les choses, mais pour le moment, non.

En revanche, celui qui n’aime pas ça, d’instinct, aura une mauvaise image de vous. Et c’est un problème. Un problème pour lui, s’entend, pas pour vous : vous, votre problème, en tant que professionnel, c’est de résoudre les problèmes des familles.

Problèmes et solutions

Certes, on peut dire, comme certains l’ont répondu « si il n’est pas content, il peut choisir une autre pompe funèbre ». Mauvaise réponse. Déjà, allez annoncer à votre patronne ou patron que vous lui avez fait perdre un convoi, allez-y, on vous attend. Ensuite, parce que si toutes les pompes funèbres de votre ville ont des conseillers tatoués jusqu’aux yeux, ils vont où, les gens ? Enfin, et surtout, parce qu’en répondant cela, vous sélectionnez vos familles, et vous perdez de vue le cœur de votre métier.

Le professionnel du funéraire doit être neutre et lisse. Certes, il a une personnalité, qui va influer sur sa façon de travailler, mais ce n’est pas l’élément central, plus une façon de mettre en valeur votre talent. On ne vous demande pas d’être vous-même, quand vous travaillez aux pompes funèbres, on vous demande d’être capable de devenir la famille dont vous vous occupez, pour qu’ils se sentent aussi à l’aise que possible.

La société aujourd’hui pousse de plus en plus les gens à « être eux-même », et à mettre en avant leur singularité. On pourra en parler des heures (surtout sur le fait que quelqu’un qui vous enjoint d’être vous même vous pousse souvent, en réalité, à rejoindre son troupeau de gens uniques et interchangeables à la fois) mais ce n’est pas le sujet. Sauf que cela induit des clivages, qui entrent en contradiction avec le fait que le professionnel du funéraire doit pouvoir parler à tout le monde. Et donc ne laisser aucun indice de qui il est et de ce qu’il pense.

Vous objecterez « mais les pompes funèbres en costume cravate ou en tailleur, c’est l’expression de quelque chose ». Oui, certes, mais c’est surtout ce à quoi les gens s’attendent, l’image que les familles en ont. Donc, lorsqu’ils arrivent vous correspondez à une idée reçue, ce qui est une forme de neutralité.

Évidemment, il y a une marge de tolérance. On ne va pas demander  à telle conseillère de retirer ses boucles d’oreilles. On lui demandera d’opter pour des bijoux sobres, par contre.

Ça peut sembler barbant, de nos jours, de devoir taire qui on est quand on travaille aux pompes funèbres, à contre-courant des injonctions sociétales. Mais c’est aussi pour cela que c’est un métier, et qu’on vous paie pour le faire. Si vous commencez à en discuter les conditions, il est temps de penser à une reconversion.

Guillaume Bailly

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