Un message circulant sur le réseaux sociaux fait état d’une gratuité des obsèques pour les personnes décédées du COVID. Totalement infondée, cette rumeur circule néanmoins dans certains groupes. Débunkage et interrogations.
La rumeur
Un message circule sur les réseaux sociaux, présenté comme un témoignage. Un homme explique qu’il a perdu un proche du COVID, qu’il s’apprêtait à appeler les pompes funèbres, mais que le médecin l’en a empêché in extrémis. La praticien aurait alors expliqué que si le patient était décédé du COVID, les obsèques étaient entièrement gratuites, à condition que ce ne soit pas la famille qui contacte les pompes funèbres.
Malheureusement, votre serviteur n’a pas eu la présence d’esprit de faire une capture d’écran de ce message, qui apparaît et disparaît régulièrement des réseaux sociaux. Il est republié par des « chercheurs de vérité » qui croient informer le public sur un droit, et qui pensent qu’il est supprimé par la « censure », alors qu’il est simplement traité comme une fake news.
Et, effectivement, c’est une fausse information, qui ne repose malgré tout pas sur rien.
Proposition et incompréhension
Dans le cas spécifique, le témoignage est totalement inventé. La personne qui publie le message a certainement voulu appuyer son affirmation par un exemple personnel, plus convaincant qu’un simple « j’ai entendu dire que ». le « je l’ai vu de mes yeux » permet de se transformer soi-même en source, ce qui évite d’en citer d’autres. Sauf qu’un témoignage personne n’a aucune valeur.
Pour de multiples raisons, mais la première est qu »un médecin n’aurait jamais proféré uen telle énormité.
La rumeur ne sort néanmoins pas de nulle part : à l’Assemblée National, les députés France Insoumise ont déposé, le 28 avril 2020, une proposition de loi (numéro 2860) visant à obtenir la gratuité des frais d’obsèques pour les victimes du coronavirus. Ça, c’est vrai. Ce qui est vrai aussi, c’est que la proposition n’a pas abouti, et donc a juste, en l’état actuel des choses, la valeur d’une idée lancée en l’air.
Et il est effectivement possible d’avoir la gratuité des obsèques, mais uniquement si le défunt est indigent, et ceci, qu’il soit décédé du COVID ou non. Cela implique que ni lui, ni sa famille n’ait les moyens de régler les frais d’obsèques, auquel cas la collectivité les prend en charge. Mais, si il y a une succession, ladite collectivité pourra se rembourser sur le patrimoine.
A qui profite le crime ?
Difficile, en ce qui concerne cette rumeur de gratuité des frais d’obsèques pour les malades atteints du COVID, de savoir à qui profite le crime. Ce n’est pas une simple incompréhension, mais un mensonge délibéré, le faux témoignage en étant la preuve, néanmoins, il est difficile de dire dans quel but.
On a pu assister, durant la crise, à l’émergence de certains groupes au comportement sectaires ou à visées politiques. Ce genre d’informations peuvent semer le trouble et créer des problèmes entre une population qui y croit dur comme fer confrontée à des représentants de l’autorité soupsçonnés de leur dénier des droits imaginaires. Avec à la clef de nouveaux complotistes que les gourous n’auront plus qu’à cueillir tranquillement.
Ou peut-être est-ce juste la conversation d’un homme désespéré d’avoir perdu un proche avec un jeune interne qui prend ses désirs pour une réalité ?
Quoiqu’il en soit, particulièrement en cette période, lorsqu’on vous cite une information telle que celle-là, n’en tenez pas compte avant de l’avoir vérifiée. Si ce n’est pas au Journal Officiel, c’est que ça n’existe pas. Et la règle d’or : un témoignage n’est jamais une preuve.
Guillaume Bailly