thanatopracteurs numerus clausus

Thanatopraxie, qualité ou quantité ?

Une pétition circule actuellement sur les réseaux sociaux pour demander la levée du numerus clausus dans la thanatopraxie. Et, comme bon nombre de pétitions, elle soulève finalement plus d’interrogations qu’elle ne fournit de réponses.

Leur nom est Légion, car ils sont vraiment beaucoup

La toute première question que votre serviteur a tendance à se poser, quand il est face à une pétition, est : « et ça sert vraiment à quelque chose ? ». Il est permis d’en douter lorsque, en se rendant sur le site « Mes Opinions », on parcourt les différentes propositions, classées dans 13 catégories.

Ce qui n’ôte rien à la légitimité de beaucoup d’entre elles. Ou à leur impact. J’ai par exemple signé, sur une impulsion de mon petit cœur émotif, une pétition visant à réclamer justice pour des renards retrouvés pendus. Que l’animal puisse poser problème et doive être éloigné des poulaillers, par exemple, ça se discute, mais il est possible de le faire sans le torturer. Et pourtant, une telle pétition est inutile, tant que l’on n’a pas retrouvé le ou les coupables. Et ensuite, c’est la loi qui s’appliquera.

Non loin, on trouvait la traditionnelle pétition demandant l’interdiction du foie gras. Presque aussi traditionnelle que le sapin. Une pétition avec cette revendication, le Général de Gaulle en recevait déjà sur son bureau présidentiel. Ce sera la sixième que recevra Emmanuel Macron. Pourtant, sauf preuve du contraire, il y aura du foie gras à Noël.

Et donc, une pétition demande la levée du numerus clausus pour l’examen de thanatopraxie. Elle est proposée par « une candidate ». Et bien alors, mademoiselle, ou madame ? Ça ne respire pas la confiance, ça.

Le texte, par certains aspects, fait sourire. On y apprend, par exemple, que « Les thanatopracteurs sont ceux que personnes ne veut voir, ceux dont personne ne veut parler ». Ah bon ? Et bien, je vous invite, l’année prochaine, à la Toussaint, à compter le nombre d’articles consacrés aux thanatopracteurs comparés aux autres professions du funéraire. Et, en quinze ans de veille sur le sujet dans l’actualité, beaucoup de choses m’ont sauté aux yeux, mais jamais un manque de visibilité.

Selon elle, le numerus clausus serait « incompréhensible ». Au contraire : il l’est. Il évite simplement de voir une profession littéralement submergée par des centaines de diplômés en thanatopraxie, la plupart étant là pour de mauvaises raisons, et de voir le revenu des thanatos installés s’effondrer face à une concurrence disproportionnée.

Il est d’ailleurs probable que, si le numerus clausus venait à sauter, une autre pétition verrait rapidement le jour pour demander la fin du stage obligatoire auprès d’un professionnel. Parce qu’un thanato sera d’accord pour former un jeune, dans un esprit de relève ou de concurrence saine. Par contre, en former dix ou vingt qui vont ensuite inonder le marché et casser les prix, ce sera plus dur.

Et surtout, ce numerus clausus a eu un avantage imprévu, mais constatable : les cinquante thanatos qui émergent des centaines de candidatures chaque année sont les meilleurs, ce qui permet de maintenir la thanatopraxie française à un très bon niveau. Il faut le dire : la thanatopraxie française est généralement considérée comme très bonne.

La pétition a pour arguments que des thanatopracteurs sont submergés de travail et n’arrivent pas à faire face. Et oui, c’est incontestable. Mais pas partout. Il y a des régions où les thanatopracteurs se battent comme des chiffonniers au moindre soin disponible. Des régions généralement situées au soleil. C’est vrai que certaines régions sont des maisons de retraite à ciel ouvert, quasiment, mais ce sont aussi celles où la moitié des thanatopracteurs s’installent aussitôt diplômés.

Dès lors, on se demande si le problème, finalement, c’est le nombre de thanatopracteur, ou leur répartition, et si on ne devrait pas, plutôt que lever le numerus clausus et saboter la profession, au contraire durcir les règles avec une carte d’implantation. Le meilleur choisirait sa région, le cinquantième finirait en Meurthe et Moselle ou en Corrèze. Qui sont de très belles régions, mais dont le charme rural n’est pas immédiatement visible par la jeunesse.

Sans doute, 50 thanatos par an, c’est insuffisant. Le numerus clausus peut être un peu relevé, selon les besoins et la pyramide des âges. Mais il y a une différence nette entre passer de 50 à 60 diplômés par an et passer de 50 à 500.

En revanche, il est vrai que l’examen de thanatopraxie laisse beaucoup de gens sur le carreau. Et là encore, peut être faudrait il faire quelque chose. Comme relever le niveau d’exigence à l’entrée. Entre ceux qui n’ont pas les capacités, ceux qui n’ont pas la motivation, et ceux, très nombreux, qui ont tout ça mais qui, une fois diplômés, quittent le métier, il y a un souci, qui peut se régler à l’inscription.

Donc, oui, il y a certainement des problèmes dans la profession de thanatopracteur, et il serait bénéficiaire à l’ensemble du secteur funéraire qu’ils soient réglés. Mais les solutions sont certainement plus à chercher dans la qualité que dans la quantité.

Guillaume Bailly

Commentaire “Thanatopraxie, qualité ou quantité ?”

  1. Et oui je vous rejoint sur de nombreux points, effectivement nous pourrions relever le numerus closus mais en aucun cas le supprimer. Il faut maintenir une qualité et non pas partir sur une quantité . Nous devons revoir la sélection dans les écoles, ou l’on exige au moment de l’inscription, d’avoir assisté au moins à un soins ???? Comment peut on ce faire une idée de cette profession avec ces qualités et ces contraintes, sur une prestation ??? Revoir la formation pratique , des réformes et décisions doivent être prises , mettons nous autour d’une table avec les acteurs en places , les fédération et les syndicats pour montrer aux pouvoir public que nous sommes , unie pour défendre nos intérêts communs.
    Un Thanatosaur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *