jeune thanatopracteur

Une vie de thanato devant soi

Bertille Galliet vient d’obtenir son diplôme en thanatopraxie, mais devra attendre la fin du confinement pour commencer à exercer sa nouvelle profession. Nous lui avons demandé ce qui l’avait motivée à choisir ce métier, et quel était le parcours d’un jeune thanatopracteur. Interview.

Funéraire Actualités (FA) : Bertille Galliet, merci d’accepter de répondre aux questions de Funéraire Actualités. Et tout d’abord, bravo, vous venez d’être diplômée en thanatopraxie, depuis quand exactement, et dans quel centre avez-vous fait votre formation ?

Bertille Galliet (BG) : C’est avec plaisir que je répond à vos questions et vous remercie chaleureusement pour vos félicitations !  Effectivement je viens d’être nommée au journal officiel publié le 15 avril 2020.  J’ai effectué la formation théorique de thanatopraxie à l’École de Formations Funéraires des Alyscamps à Paris.

FA : Sur quelles bases avez-vous choisi votre école de thanatopraxie ?

BG : Étant originaire de Bourgogne je me suis orientée vers une école assez proche de chez moi. J’ai trouvé cette école en faisant des recherches sur internet. J’ai envoyé un e-mail pour avoir des renseignements et c’est une femme charmante qui m’a répondu, avec qui il y’a tout de suite eu un feeling.  

FA : Et les maîtres de stages, quel accueil réservent-ils à une jeune femme qui veut se lancer dans un métier difficile ? Diriez-vous que vous avez été guidée avec bienveillance ou mise à l’épreuve ?

BG : En ce qui concerne le stage pratique, pour ma part il a très mal commencé, je n’ai pas été guidée avec bienveillance, loin de là. Je suis donc partie me former ailleurs, c’est une femme extraordinaire qui m’a prise sous son aile. Elle a été super et m’a beaucoup beaucoup appris. Elle exerce le métier avec son coeur et transmet son savoir avec bienveillance et pédagogie. 

FA : Vous êtes très jeune, 24 ans, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans cette voie professionnelle ?

BG : Je souhaitais devenir thanatopractrice depuis toute petite. Alors si vous voulez la petite histoire et mon raisonnement complet je vais vous raconter ; enfant je récupérais des animaux blessés et j’essayais de les soigner. Quand la mort les emportaient je pratiquais des autopsies afin d’essayer de comprendre à côté de quoi j’étais passée. Puis je suturais et je rendais les corps à la nature. Vous me direz rien à voir avec la thanatopraxie, effectivement tout au début je me passionnais de médecine légal, puis j’ai découvert la thanatopraxie et en ais fait mon rêve.

FA : Mais, et votre famille, vos parents, vos proches, ils n’ont pas trouvé ce rêve étrange ?

BG : Et bien en général la plupart des enfants disent qu’ils veulent être astronaute, vétérinaire ou encore pompier, et bien moi je voulais être thanatopractrice, ma famille a accepté mon choix de carrière sans jamais me juger ou me trouver « bizarre », au contraire ils m’ont encouragée. Après dans la vie de tout les jours il y a tellement de réactions différentes à l’annonce de mon métier, certaines personnes sont admiratives, certaines personnes ont peur ou sont mal à l’aise, d’autres disent qu’il faut être psychopathe pour faire un tel métier, d’autres ont des réactions de dégoût, d’autres aspire à la curiosité… A mon sens pour exercer ce métier il faut être extrêmement bienveillant et aimer l’être humain, rien à voir avec la psychopathie ou autres idées reçues, pour moi thanatopraxie rime avec empathie. A chacun ça façon de voir les choses. Le plus important c’est de se lever tout les matins et d’être heureux d’aller travailler, peu importe l’avis des autres sur la profession qu’on a choisi d’exercer.

FA : Quel a été votre parcours scolaire et professionnel jusqu’ici ?

BG : En ce qui concerne mon parcours professionnel j’ai fais un bac sciences et technologies de laboratoires option chimie biochimie et sciences physiques (oui j’étais également passionnée de biochimie et de chimie). Puis j’ai entamé l’école d’infirmière parce que à mon sens il me semblait logique d’apprendre à soigner les vivants avant d’apprendre à soigner les défunts. Il s’avère que j’ai redoublé ma deuxième année pour un partiel de première année donc j’avais 1 an à faire avec seulement 5h de cours, donc je me suis dis que j’allais commencer la formation théorique de thanatopraxie durant cette année et que je tenterais le concours pour voir comment ça se passe (j’étais persuadée que je ne l’aurais pas du premier coup et que je le repasserais après mon diplôme d’infirmière) et contre toutes attentes je l’ai obtenue et donc tout s’est enchaîné. J’ai commencé mon stage pratique, ça ne s’est pas bien passé donc en attendant de trouver un autre maître de stage j’ai travaillé au centre du don des corps à Paris, puis j’ai repris mon stage pratique et ais passé l’examen pratique le 18 novembre 2019. Puis jusqu’en janvier j’ai travaillé à l’institut médico-légal de Paris. Après je suis revenue en Bourgogne exercer en tant qu’aide soignante pour renforcer les équipes en cette période de crise sanitaire. 

FA : Vous avez travaillé comme aide-soignante, donc déjà une expérience du corps humain, et de la mort, est-ce pour vous indispensable de se confronter à cela avant d’envisager une carrière dans le funéraire ?

BG : Je pense qu’il est important d’être confronté à la mort avant de faire ce choix de métier, c’est à l’âge de 14 ans que j’ai assisté à mon premier soin de conservation, je voulais voir, comprendre et en savoir plus sur la thanatopraxie, mais en direct avec un professionnel. Les articles qu’on peut lire sur internet ne suffisent pas à illustrer la réalité du terrain.

FA : Quel conseil, à la lumière de votre expérience et des deux années que vous venez de vivre, donneriez-vous à un jeune qui s’intéresserait à cette formation ?

thanatopraxie
Un air de déjà vu ?

BG : Si il y’a des conseils que je donnerais à un jeune qui s’intéresserait à cette formation c’est avant tout d’être sûre de son choix, d’aller à la rencontre des professionnels, de discuter, de demander à assister à des soins. Ce que je conseils par dessus tout c’est de ne pas baisser les bras, jamais. Il est vrai que le concours impressionne (moi même j’étais la première à me dire que je ne l’aurais jamais), il est vrai aussi que certains stages peuvent mal se passer, et bien malgrès les hauts et les bas que l’on peut rencontrer pendant la formation, si la thanatopraxie c’est ce qui vous prend au tripes et si c’est ce que vous voulez vraiment et que vous vous accrochez alors tout est possible. Regardez moi, c’était mon rêve et aujourd’hui me voilà diplômée. Et j’ai encore beaucoup à apprendre. Ça non plus il ne faut pas le perdre de vue, c’est pas parce qu’on est diplômés qu’on est de super thanatopracteur(e)s, au contraire. Soyez bienveillant et respectueux envers vos aînés et apprenez de chacun.

FA : La malchance veut que vous soyez diplômée en période de confinement, est-ce que vous aviez déjà une piste pour trouver un employeur, ou est-ce que vous alliez commencer vos recherches ?  Si on peut vous donner un petit coup de pouce… Quel poste cherchez vous, et dans quelle région ?

BG : Oui malheureusement les soins de conservation ont été suspendu sur tous les défunts, malgrés cela j’ai quand même quelques pistes, j’attend la reprise « normal » de l’activité pour avoir des réponses. Mon graal serait d’exercer en Haute Savoie. 

FA : Les employeurs vous ont entendue. Pour finir, le mot de la fin est pour vous, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Funéraire Actualités ?

BG : J’aimerais tout d’abord remercier les lecteurs de Funéraire Actualités d’avoir lus mon témoignage. J’aimerais aussi leurs dire de rester fort et de se serrer les coudes en ce temps de crise sanitaire mais aussi en dehors. Et surtout de bien prendre soins d’eux et de leurs proches. 

Guillaume Bailly

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