Ça y est, le grand jour est arrivé : les pompes funèbres sont enfin prioritaires sur le vaccin. Enfin presque. Le gouvernement a étendu sa liste de travailleurs prioritaires, incluant les services funéraires, et là encore, ça coince.
Et 400 000 de plus
20 métiers, 400 000 salariés : ce sont les nouveaux bénéficiaires du vaccin contre le Covid, et cette fois-ci, les travailleurs du funéraire ne sont pas oubliés. Joie, allégresse ? Pas vraiment.
D’une part, cette liste concerne les « travailleurs de deuxième ligne ». Chauffeurs de bus, routiers, caissières, des professions certes exposées, mais un tantinet moins que les professionnels du funéraire qui vont chercher des défunts morts du Covid, parfois sans le savoir, s’occupent de leur famille, mais on vous a déjà parlé de tout ça.
C’est la première remarque : du point de vue de la reconnaissance et de la réalité du métier, cette priorité ressemble fort à un crachat au visage. Ni plus, ni moins.
Mais le meilleur reste à venir. Parce que vous êtes un travailleur du funéraire, vous avez l’habitude, depuis très longtemps, de vous asseoir sur votre fierté, et vous vous dites que l’essentiel, c’est que vous soyez vacciné, pour ne pas mourir du Covid, ce qui est une très bonne raison, ou pour ne pas attraper le Covid et le transmettre à votre famille, ce qui est une excellente raison.
Oui, mais quel âge avez-vous ? Parce que cette vaccination prioritaire ne va concerner que les salariés de 55 ans et plus. Vous en avez 54 ? Vous en avez 40 ? 30 ? 20 ? et bien, en substance, et pour faire court : « Allez crever, travailleurs de deuxième ligne ».
Beaucoup, beaucoup de réflexions me viennent à l’esprit, mais une simple consultation sur la charte éditoriale de Funéraire Actualités, qui bannit le langage grossier, m’interdit ici de les exprimer. Et de toute façon, comme les pompes funèbres, il faut que je respire. Ce n’est pas le Covid, non. Juste un métier tout entier qui s’étouffe de rage.
Guillaume Bailly