Société implantée en sur six départements, le groupe Caton peut parfois être considéré comme un OVNI : une croissance constante sans jamais renier son ADN familial, un soutien constant des familles, le groupe intrigue en tenant la dragée haute aux géants sans se renier. Gautier Caton nous livre des éléments de réponse.
Monsieur Caton, bonjour, merci d’accepter de répondre aux questions de Funéraire Actualités. Vous dirigez l’entreprise Caton, une société déjà ancienne, pouvez-vous en faire un petit historique ?
Vous même dirigez la société, quel est votre parcours ?
En 2002 je suis entré dans l’entreprise familiale à l’agence d’Olivet (45). En 2006, sur la même année j’ai obtenu deux diplômes funéraires : conseiller funéraire (niveau 4) et gérant/directeur d’agence (niveau 6).
Sur le terrain, j’ai dès cette date, pu aborder tous les aspects du funéraire aux côtés de mon père Pascal Caton. Au terme de 6 années sur le terrain j’ai été nommé, en Octobre 2008, Président d’une filiale du Groupe « les Pompes Funèbres MILLION MARAIS » puis en février 2010 Directeur Général des Pompes Funèbres CATON.
Dès lors, avec mon père, nous nous sommes mis en quête d’entreprises à racheter sur la base de partage de valeurs communes. On pourrait les résumer ainsi : s’occuper des défunts mais aussi et surtout accompagner les familles. Ce fut l’occasion de piloter les opérations de rachat notamment dans l’aspect négociation. Un exercice très formateur. 6 entreprises familiales ont ainsi été intégrées au groupe de 2008 à 2020. En parallèle, de nouvelles agences sont créées sur 5 départements : Loiret, Loir et Cher, Cher, Nièvre et Eure et Loir.
Le Groupe Caton, aujourd’hui, où en est-il ? Combien de sites, combien de collaborateurs, de convois, de monuments ?
Nous sommes implantés sur 6 départements avec près de 40 agences, un crématorium et 200 salariés. Nous ne communiquons pas sur le nombre de convois ou de monuments qui sont des données stratégiques. Par contre j’aimerais vous communiquer un chiffre qui me tient à cœur et parle de notre société et de nos valeurs… c’est le nombre d’arbres que nous avons plantés : 6284. Pour chaque famille accompagnée nous nous sommes engagés à planter un arbre dans une forêt française. Nous avons ainsi contribué à sauver des forêts en Vendée, dans le Tarn, la Nièvre et actuellement dans le Loir et Cher.
Nous continuons à nous développer et avons même accéléré ces dernières années. Nous avons créé de nouveaux espaces funéraires. En effet pour remplir au mieux notre mission d’accompagnement des vivants, nous avons fait le choix de créer des espaces funéraires de nouvelle génération. Nous avons organisé des lieux qui, par leur ambiance apaisée, favorisent le recueillement. Tout a été pensé en ce sens, depuis les salles de cérémonie aux salons personnalisés en passant par les espaces de collation. Nous avons, dans un esprit de laïcité, pensé à toutes les religions en organisant des espaces omni-cultes. Cela permet également d’organiser des cérémonies civiles qui tendent à devenir la norme. Parce qu’il est important que les familles et proches puissent se retrouver dans un univers chaleureux et raffiné, nous avons réinventé l’espace funéraire. Nous en avons ouvert 5 sur ce modèle, dont le dernier en février à La Chapelle Saint Mesmin. Ce sont des investissements importants mais cela nous semble essentiel pour remplir au mieux notre mission.
Aujourd’hui, c’est toujours une entreprise familiale ?
Oui, plus que jamais. « Une famille au service des familles » ce n’est pas une promesse en l’air, c’est l’ADN de l’entreprise. Nous sommes dans le funéraire depuis 5 générations, c’est donc vraiment une affaire de famille dans tous les sens du terme. Notre famille détient 100% du capital et j’ai la chance de travailler aux côtés de ma sœur Dorothée, de ma mère Sylvie et de mon père Pascal. Notre nouveau siège à Saint Cyr en Val (45) reste donc très familial.
L’intérêt de cette structure familiale est l’agilité de la structure malgré sa taille. Les décisions peuvent se prendre rapidement avec une grande réactivité. C’est précieux aussi bien à court, moyen et long terme. Cela nous permet d’ouvrir de nouvelles agences à un rythme soutenu et de renforcer nos positions dans certains départements comme la Nièvre, le Loir et Cher ou encore Paris. Quand des opportunités s’offrent à nous, nous pouvons les saisir. Le tournant du digital et de l’écologie ont également été amorcés il y a quelques années. C’est un choix de toute la famille, un choix conforme à nos valeurs.
Le Groupe Caton s’est développé en ouvrant des agences et en rachetant des entreprises de professionnels qui partaient à la retraite et souhaitaient confier leur entreprise à quelqu’un qui avait une certaine proximité. La croissance de votre société, diriez-vous que c’est une stratégie réfléchie, de long terme, ou ça s’est fait naturellement, lorsque l’occasion s’est présentée ?
Il y a forcément un peu des deux comme vous l’aviez anticipé. La proximité géographique tout d’abord en région Centre Val de Loire… puis jusqu’à la Bourgogne avec le département de la Nièvre. C’est important, nous sommes attachés à nos territoires, ce sont nos racines.
Mais le plus important c’est la proximité des valeurs. Le choix des entreprises que nous avons rachetées s’est opéré sur la base de partages de valeurs communes : s’occuper des défunts mais aussi et surtout accompagner les familles. 6 entreprises familiales ont ainsi été intégrées au groupe de 2008 à 2020.
Vous étiez une société locale, à Orléans, qui est devenue départementale, puis régionale, et vous vous implantez même sur les régions voisines avec deux agences en Bourgogne, jusqu’où prévoyez-vous d’aller ?
Nous ne sommes pas animés par une volonté de « conquête » de nouveaux marchés. Nous irons là où nous pensons que nous pouvons apporter un service différent, là où nous pourrons offrir une alternative aux offres déjà en place. Les familles nous disent au travers des milliers d’enquêtes qualité envoyées chaque année que nous sommes « différents », nous gratifient d’une note moyenne au-delà des 9/10 et 9 familles sur 10 nous recommandent. Alors nous apporterons ce service à un maximum de familles dans les années à venir. Nous ne nous sommes fixés ni calendrier, ni objectifs… et surtout pas de limites.
A partir de quelle importance une société doit fondamentalement changer pour pouvoir continuer ? Aujourd’hui, les pompes funèbres et marbrerie Caton ont une société en actions simplifiées, familiale, le modèle est-il tenable à plus grande échelle ?
Et bien disons que pour le moment, cette approche familiale nous convient parfaitement. Elle convient à ma famille, à nos salariés, et nos différents partenaires (banquiers, fournisseurs, prestataires divers). Nous nous développons à un rythme soutenu depuis quelques années, nous accélérons encore le rythme en 2021. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve mais pour le moment tout va pour le mieux sur ce modèle familial. Nous grandissons, sereinement et veillant à toujours améliorer la qualité du service. C’est ce qui compte avant tout à nos yeux : la satisfaction des familles.
Le développement, le personnel qualifié, le matériel, tout ça ne fait pas tout, vous le savez : les familles vous suivent aussi. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui les personnes endeuillées choisissent votre société ?
Comme vous le soulignez très justement le savoir-faire ne fait pas tout. Il est capital, c’est la base et les familles reconnaissent ce « savoir-faire ». Cela se traduit, de façon visible et vérifiable, dans notre e-réputation. Mais c’est bien le minimum que nous nous devons d’assurer. Nos salariés ont des ambitions plus élevées dans leur accompagnement.
En effet, ce qui nous différencie peut-être au-delà du « savoir-faire », c’est le « savoir-être ». C’est une infinité de détails, d’attentions, petites et grandes, une façon d’accueillir en agence, de conseiller, de soutenir avec tact, respect et discrétion. C’est impalpable, pas forcément concret… mais je suis convaincu que cela change tout dans la qualité de la relation que nous pouvons nouer avec une famille… sur le long terme. C’est peut-être pour ça que les familles nous choisissent et nous recommandent.
On constate la montée en puissance en France, de mastodontes du funéraire, comme cela se fait ailleurs, comment analysez-vous cela ? A quoi ressemblera, selon vous, le funéraire dans dix ou vingt ans ?
Les fonds de pension Nord-Américains voient effectivement dans le marché du funéraire une opportunité de forte rentabilité et injectent des sommes importantes dans ces « mastodontes » comme vous les appelez. C’est un modèle, qui se rapproche du modèle Britannique. Mais c’est aussi un modèle qui, Outre-Manche a trouvé ses limites. Et le choc fut rude pour ces géants aux pieds d’argile. Le prix des actions s’est effondré et le législateur a dû intervenir et sanctionner les abus en matière tarifaire. L’investisseur cherche forcément a maximiser son retour sur investissement… et au final ce sont les familles qui payent avec des hausses de tarifs inconsidérées. Et pendant ce temps-là, en Angleterre les indépendants organisés en coopérative gagnent des parts de marchés grâce à leur proximité, leur savoir-faire et des tarifs compétitifs. Je vous laisse la liberté de faire le parallèle avec la situation française actuelle et future…
La question inévitable par les temps qui courent : le Covid-19. Avez-vous senti un impact sur votre activité ? Qu’avez-vous mis en place pour préserver le personnel de terrain ?
Préserver le personnel et les familles furent dès mars 2020 et encore aujourd’hui nos deux priorités. Nous avons renforcé les mesures d’hygiène sur lesquelles nous sommes déjà particulièrement « à cheval » en temps normal. Nous n’avons d’ailleurs lors de la première vague pas eu le moindre salarié touché par la COVID. D’ailleurs cette pandémie n’a eu aucun impact direct sur notre activité.
Surtout nous nous sommes adaptés aux sévères restrictions imposées aux familles lors des funérailles en généralisant les retransmissions vidéo des cérémonies. Si l’idée surprends parfois elle apporte des solutions à des situations souvent douloureuses. Les maîtres de cérémonie ont été équipés de dispositifs portables de captation vidéo et les cérémonies ont alors pu être retransmises sur le site Caton pompes funèbres. Ce service qui est offert aux familles se poursuit au terme du confinement bien que les mesures sanitaires aient été allégées.
Gautier Caton, merci beaucoup, la dernière question est pour vous, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Funéraire Actualité ?
J’ai déjà été très bavard alors je terminerai par un message court. J’aimerais dire combien je suis fier d’appartenir au monde du funéraire. Nous remplissons une mission essentielle dans la société. Nous le faisons bien, souvent avec le cœur. Et je suis fier également de ce secteur qui entame une profonde mutation. Nos salariés, nos fournisseurs sont moteurs dans ce processus visant à rendre les funérailles plus respectueuses de la nature. C’est un effort de toutes et tous à chaque instant. Et je suis heureux de relever, avec mes confrères, ce défi… qui constitue une vraie révolution pour notre secteur. Une révolution salutaire…
Guillaume Bailly
quand on connait l’historique des CATON (ex PFG) !!!!! Mais Chapeau pour ce qu’est devenu ce groupe avec les successeurs de la famille.