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Bouches du Rhône, l’humusation fait son retour

Le sénateur du Rhône, Bernard Fialaire, a voulu remettre sur la table, au Palais du Luxembourg, l’humusation, la transformation des corps de défunts en compost. Un peu auparavant, la majorité écologiste de la Ville de Lyon avait déjà manifesté de l’intérêt pour ce concept.

L’humusation contre-attaque

Inhumation, crémation : en France, ces deux rites funéraires sont les seules options autorisées depuis la loi de 1887 sur la liberté des funérailles, complétée par le décret de 1889 relatif à la crémation humaine.

Ce cadre strict pourrait-il évoluer dans les années à venir ? Le sénateur Bernard Fialaire, également ancien maire de Belleville-en-Beaujolais et membre du Parti radical, plaide en faveur de l’humusation. Ce processus, comme son nom l’indique, consiste à transformer le corps humain en humus, c’est-à-dire en compost, en l’enterrant directement dans le sol, dans un linceul biodégradable, sans cercueil. Nous en avions déjà largement parlé ans ces colonnes.

Il ne s’agit, pour le Sénateur, ni d’une polémique ni d’une provocation. En 2016, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait déjà évoqué la nécessité d’une réflexion approfondie sur ce sujet, en collaboration avec le conseil national des opérations funéraires. Pourtant, aucune avancée concrète n’a été réalisée. La légalisation de l’humusation pourrait pourtant représenter une initiative écologique, car elle préserve les sols et limite les émissions de gaz à effet de serre. Elle ne présenterait pas, selon le Sénateur, de frais de concessions.

Une expérience impossible à Lyon

Bernard Fialaire n’est pas le seul à soutenir l’humusation. La Ville de Lyon s’est également montrée intéressée par ce nouveau mode de sépulture. Dans sa récente politique funéraire, la majorité municipale s’est même portée volontaire pour expérimenter ce rite naturel sur une parcelle dédiée, en collaboration avec les professionnels du secteur funéraire.

L’aspect écologique n’est pas la principale motivation de cette démarche, selon Laurent Bosetti (4e adjoint en charge du funéraire, affilié à La France insoumise). L’objectif, pour lui, est avant tout de répondre aux souhaits de la population. De plus en plus de personnes, toujours selon lui, militent en faveur de cette méthode de sépulture.

L’humusation est autorisée dans six États des États-Unis, dont la Californie. C’est le fait mis en avant par les défenseurs de la méthode, qui oublient, comme tous ceux qui citent les USA en exemple, qu’il s’agit d’un pays différent avec une culture, une mentalité, et disons-le, une civilisation, quoique proche de la nôtre, totalement différente.

De plus, le principe de l’expérimentation souhaitée par la Ville de Lyon se heurte à une législation très lourde et précise, qui pourrait faire obstacle. Il n’est pas seulement question de changer la loi sur le mode de sépulture, mais également sur le cercueil, obligatoire, sur le transport de corps, etc.

Les dérogations exceptionnelles accordées lors de l’expérimentation d’un nouveau procédé seraient alors un véritable casse-tête juridique, à tel point qu’il serait plus simple de réécrire la loi de façon définitive pour l’ensemble du territoire. Et quand on sait le rythme où va le droit funéraire en France, on souhaite aux élus lyonnais d’être dotés de beaucoup de patience.

Guillaume Bailly

Commentaire “Bouches du Rhône, l’humusation fait son retour”

  1. Pour affirmer que le procédé est écologique il faudrait s’assurer d’abord du pouvoir polluant des substances contenues dans le corps après toute une vie soumise aux différents polluants chimiques, plastiques, mais également après un décès dû à un cancer ou une maladie qui nécessite chimiothérapie et autre traitement. Il faudrait de plus bannir les soins de conservation qui seraient contre productifs. Et expliquer aux fabricants et commerçants qu’à terme ils ne vendront plus de cercueils, poignées, capitons, urnes. Quant à l’absence total de frais de concession, qui va payer l’occupation du sol par le corps ?

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