Cliff Burton

Chanson mortelle : « To live is to die » Metallica

Pour l’ultime chapitre de cette saga sur les chansons et la mort (la suite l’été prochain), il fallait faire un petit détour par le métal. Et par un des groupes les plus connus du genre, Metallica. Parce que le quatuor a abordé la mort dans quasiment une chanson sur deux, le titre « To live is to die » est le plus prenant, pour des raisons très particulières.

Vivre, c’est mourir

Le groupe américain Metallica est souvent désigné comme « le plus grand groupe de metal » ou « le plus grand groupe de heavy metal ». Et si il est vrai que ce quatuor affiche des chiffres colossaux et des records, en terme d’albums vendus, de spectateurs, et autres (comme étant le seul groupe à avoir joué sur tous les continents après un concert dans une base en Antarctique), il convient de préciser que Metallica n’est pas un groupe de heavy metal, mais de thrash metal (de l’argot américain « thrash » qui signifie « tabasser »). Certains se demandent même aujourd’hui si Metallica peut encore être considéré comme un groupe de metal.

Groupe Metalica

Le groupe a souvent abordé le thème de la mort. Selon certaines recensions de fans, la faucheuse serait même le thème d’un morceau sur deux. Nous aurions pu choisir par exemple « The God that failed », qui traite de la mort de la mère du leader, James Hetfield, qui a préféré la prière aux traitements quand elle a été atteinte d’un cancer. Mais un autre morceau attire encore plus l’attention.

« To live is to die », parue en 1988 sur l’album « …And Justice for all » prend toute sa dimension dans son contexte. Metallica a été fondé en 1982, à Los Angeles, par James Hetfield et Lars Ulrich, seuls membres fondateurs du groupe. Leur premier guitariste, Dave Mustaine, sera remplacé par Kirk Hammett, et leur premier bassiste par Cliff Burton, qui arrive juste avant l’enregistrement de leur premier album, « Kill’em all ». Si Cliff n’a pas participé aux compositions de « Kill’em all », il deviendra un pilier des deux albums suivants, « Ride the lightning » et surtout le désormais légendaire « Master of puppets ». Mais, durant la tournée qui suit l’album, le 27 septembre 1986, en Suède, le groupe est victime d’un accident de son car de tournée, durant lequel Cliff Burton trouve la mort à 24 ans.

« To live is to die » est un morceau composé d’ébauches laissées par Cliff Burton, assemblés par le groupe pour exprimer leur ressenti. Il alternera entre des passages extrêmement tristes et des passages violents et rageurs. Il faut dire que le groupe considère encore aujourd’hui que le chauffeur du car dans lequel Cliff a trouvé la mort est responsable de l’accident, ce qui n’est pas le verdict rendu par la justice suédoise.

Et ce maëlstrom d’émotions est parfaitement retranscrit par cet assemblage de morceaux inachevés, qui, pourtant, ont une cohérence : à l’écoute, on ne ressent absolument pas cet aspect de bric et de broc, mais une homogénéité certaine. Le morceau est presque entièrement instrumental, exception faite de quelques vers écrits par Cliff Burton, lus au milieu par James Hetfield  (dont la dernière phrase est celle qui est gravée sur la tombe de Cliff).

Et surtout, il comporte tout ce que Cliff a apporté au groupe et qui a fait le succès des deux albums auxquels il a contribué : des mélodies accrocheuses, des harmonies, tout y est, constituant une parfaite synthèse de ce qu’il a apporté à Metallica.

« To live is to die » est sans doute le morceau le plus émouvant du groupe quand on en connaît le contexte. C’est aussi un adieu à une époque, puisque l’enregistrement suivant sera le « Black album », compilation de chansons faciles, triomphe mondial où le groupe prendra goût aux paillettes et surtout à l’argent, délaissant leur style initial pour une carrière qui n’hésitera pas à sombrer dans le ridicule (« St Anger », « Lulu »…).

Dès lors, on se prend à réécouter « To live is to die » en se demandant tout ce que Metallica aurait pu apporter au metal si Cliff avait vécu. Sans doute infiniment plus que ce qu’ils ont donné sans lui.

Guillaume Bailly

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