Parmi les professionnels du funéraire, il en est qui sont particulièrement inquiets de l’épidémie de coronavirus : des jeunes qui voulaient absolument rejoindre les rangs de la profession, qui se sont trouvés une formation et qui, confrontés pour la première fois à la réalité, ne sont pas contents.
L’école de la vie, l’école de la mort
C’est normal d’avoir peur de l’épidémie de Covid-19. Surtout quand on est un jeune en formation dans une école funéraire et que l’on va être confronté pour la première fois à une épidémie sanitaire qui peut devenir majeure.
Par contre, il est inadmissible, comme on peut le voir chez une petite minorité d’apprentis croque-morts sur les réseaux sociaux, d’annoncer qu’on refusera d’aller travailler parce que c’est dangereux.
Il est vraiment ici question de ce cas spécifique. Des jeunes gens qui voulaient travailler dans le funéraire, qui ont intégré une école, trouvé une entreprise, qui sont exactement où ils voulaient être et qui maintenant pleurent parce que la réalité leur revient en pleine face.
Il y a des anciens qui s’interrogent, aussi. Pas pour les mêmes raisons, et eux sont légitimes. Ils auront leur article, après, qui sera pour le coup beaucoup plus sympa. Parce que eux ont gagné le respect et la légitimité. Et surtout, surtout : l’immense majorité des professionnels du funéraire de l’ancienne génération est arrivée là par hasard. Contrairement à quelques uns qui font des pieds et des poings pour intégrer une formation.
Le surnom de « croque-morts » vient des épidémies de peste. Tout simplement parce que ceux chargés de la récupération des cadavres de pestiférés utilisaient de grands bâtons munis de crochets. Ils les chargeaient dans une charrette appelée bera. C’était la mise en bera. En sept siècles, le mot a gagné un « i ». Une dernière ? Les cadavres des pestiférés parisiens étaient conduits à l’extérieur de la capitale par une barque qui reliait Paris à Corbeil. Elle était surnommé le corbeillard. Imaginez quelques siècles de glissements sémantiques…
Ce sont tous ces gens, à travers l’histoire, qui ont fait la profession, lui ont donné son vocabulaire et sa terminologie, et ont créé la plupart de ses traditions. C’est à eux que les jeunes en école aujourd’hui prétendent succéder.
Face aux épidémies, les pompes funèbres sont là. Elles ont toujours été là, parce que le secteur funéraire, même privé, est un service d’hygiène publique.
Lors de la canicule, il y a quelques années, lorsque tout le monde mourait de chaud et ne pensait qu’à se planquer dans son réfrigérateur, des équipes de croque-morts couraient de réquisition en réquisition pour recueillir les défunts, souvent très putréfiés, en prenant très peu de repos. Certains voient toujours un psy, aujourd’hui, mais lorsqu’on a eu besoin d’eux, ils n’ont pas failli. Comme leurs confrères du moyen-âge pendant les épidémies de peste. Comme leurs ancêtres plus proches durant la grippe Espagnole. Comme les pompes funèbres chinoise aujourd’hui.
Évidemment, la vie n’a rien à voir avec les « Experts » où les légistes sont confrontés à des cadavres toujours impeccablement présentables quelle que soit les circonstances de sa mort et où les gens se promènent sans jamais tacher leur blouse blanche immaculée. Ni dans Six Feet Under où la vie de croque-morts consiste à boire, se droguer et baiser.
Là c’est la vraie vie, avec des vrais morts, et dans certaines circonstances, ce qui les a tués peut vous tuer aussi, ou vous rendre très malade. Vous connaîtrez certainement, vous qui êtes en formation sans jamais avoir travaillé sur le terrain, durant votre carrière, l’agent de morgue qui viendra vous prévenir que le défunt avait un staphylocoque et qu’il faut prendre des précautions de contact après que vous ayez fait la mise en bière.
Il y a un moyen de l’éviter, assez simple : écouter attentivement ce que vous expliquent les formateurs et vos collègues plus anciens sur le terrain, rester concentré et attentif, toujours réfléchir avant d’agir. Et surtout, respecter scrupuleusement les règles d’hygiène de base.
J’espère parler à une minorité d’enter vous, la plus bruyante. J’en vois d’autres qui se plaignent simplement du manque d’information. C’est légitime. Mais c’est aussi ça, les pompes funèbres, la cinquième roue du carrosse, ceux dont on ne veut pas voir le travail parce qu’il symbolise, pour beaucoup, une forme d’échec. Et si vous êtes lucides là dessus et sur le fait qu’à la fin, vous n’aurez même pas un « merci », alors félicitations, vous êtes fins prêts à une carrière dans le funéraire.
Guillaume Bailly
Juste dire Merci à Guillaume BAILLY pour sa lettre ouverte. Cela fait tellement de bien de lire la réalité de notre métier. Je suis arrivé par hasard dans la profession il y’a 13 ans muni de mon permis de conduire. J ai maintenant 31 ans. Merci Collègue.
Simon
Humilité et respect.
Bonjour,
Je suis démissionnaire de la fonction publique CHU de Grenoble où j’ai connu un certain Olivier Verand… actuel ministre de la santé… pour créer une Entreprise de Nettoyage , d’entretien de sépultures « tombes » disent les gens sans votre jargon. Je suis un jeune novice de 50 ans et compte faire ma place au soleil. Les tombes juives et musulmanes demandent moins d’entretien certes et pourtant pas de green oriented que du religieux donc moins de pollution. Un bémol c’est le musulman que je suis qui parle les bols d’eau sur les tombes et les eaux des plantes chez les catholiques peuvent servir de levier au moustique tigre. Ma conclusion si on ne peut voir que du VERT l’écologie devient dictature…