Le cercueil de la reine Elizabeth II, le 13 septembre 2022 à Londres (Royaume-Uni). (PAUL CHILDS / AFP)
Les obsèques de la Reine Elisabeth II se dérouleront le lundi 19 septembre. Et, spécialité toute britannique, le protocole y sera très strict. Funéraire Actualités ne pouvait pas ne pas s’y pencher. Avec, tout d’abord, un rappel de la personnalité de la souveraine.
God save the Queen
Que l’on soit passionné ou indifférent, nul ne peut nier que Elisabeth II a été une personnalité de son temps. A tel point qu’il est permis de se demander si le 20ème siècle ne s’achève pas en réalité le 8 septembre 2022.
La jeune Elisabeth n’était pas destinée à devenir reine, son père n’étant que second dans l’ordre de succession. Mais à l’abdication de son frère aîné, par amour pour une femme divorcée, elle devient princesse tandis que son père devient roi. Son premier discours s’adresse aux orphelins des premiers bombardements allemands sur l’Angleterre. Toute la famille, elle y compris, refusera d’ailleurs de quitter Londres pour rester avec son peuple. En 1945, à 18 ans, elle devient infirmière militaire, avec le grade de capitaine.
Elle devient reine à 26 ans, après le décès de son père, et se trouve un conseiller et un ami en la personne de Winston Churchill, qui jouera un rôle déterminant dans la formation accélérée de la reine. Lequel Churchill, deux fois Premier ministre, était issu de la maison Spencer, mais n’a sans doute jamais croisé sa lointaine cousine, Diana Spencer, future Lady Di.
Reine d’Angleterre, mais aussi du Commonwealth, Elisabeth a toujours été proche de la France, dont elle a failli devenir reine. En 1956, Guy Mollet, Président du Conseil, propose en effet que le pays devienne le 57ème membre du Commonwealth. La proposition est refusée, et longtemps tenue confidentielle jusqu’à sa révélation en 2007. Mollet avait même proposé la fusion des deux états. A la place d’une monarchie parlementaire, la France sera donc une République.
Il y a beaucoup de choses à dire sur Elisabeth II, et, certainement, ceux que le sujet intéresse auront trouvé leur bonheur auprès des médias. Mais quelques faits méritent d’être soulignés : elle est le second souverain dont le règne a été le plus long au monde, après Louis XIV (70 ans contre 72 pour le Roi Soleil).
En 70 ans de règne, elle n’a jamais accordé une seule interview : un entretien avec la Reine Elisabeth, ça n’existe tout simplement pas. Elle a laissé pour la postérité une lettre cachetée, dont le contenu est connu d’elle seule et qui ne pourra pas être ouverte avant 2085.
84 % de ses sujets n’ont jamais connu un autre souverain qu’elle. Et, chiffre hallucinant, 30 % des britanniques disent l’avoir rencontrée. En effet, la Reine participait à plusieurs centaines d’évènement par an, parcourant inlassablement le pays, serrant des millions de mains et adressant autant de petits mots.
Et, surtout, constat totalement subjectif, Elisabeth II était le seul souverain dont il n’était pas nécessaire de dire qui elle était. Vous pouvez parler de la Reine des Pays-Bas, du Roi des Belges, mais quand vous disiez juste « la reine », tout le monde comprenait que vous parliez d’Elisabeth II.
Plus qu’une reine de pacotille, image dont certains l’affublent, Elisabeth II est à elle seule une page d’histoire, et, surtout, le ciment de l’identité britannique. Identité dont son successeur, le Roi Charles III, devra reprendre le flambeau alors que, de plus en plus, des velléités de sécession montent en Ecosse, en Irlande, et même au Pays de Galle.
Mais ça, ce sera dans un second temps. Dans un premier temps, le plus difficile sera de s’habituer à ne plus l’appeler « le Prince Charles ».
Guillaume Bailly