Deuxième histoire à l’occasion de la sortie de Oppenheimer, le film de Christopher Nolan sur le père de la bombe atomique. Et, pour répondre à une question qui ne m’a pas été posée : non, il n’y aura pas une série d’histoire sur Barbie. Sauf si j’en trouve…
Le survivant
En août 1945, Tsutomu Yamaguchi, ingénieur de son état pour la société Mitsubishi, est en voyage d’affaires à l’ouest du Japon lorsque l’enfer se déchaîne. En quelques secondes, la tranquille ville de Hiroshima, où se trouvait son hôtel, est frappée par la première bombe atomique et se transforme en brasier radioactif.
Yamaguchi est projeté au sol et perd connaissance. Lorsqu’il se réveille, la douleur est atroce. Ses bras et son visage sont brûlés au troisième degré, il a perdu la vue et l’ouïe, qu’il retrouvera plusieurs heures plus tard. Parvenant à se relever, il erre au hasard, avant d’être recueilli par les secours et hospitalisé. Mais Tsutomu Yamaguchi ne souhaite pas rester à l’hôpital. Il tient absolument à rentrer chez lui, où, pense-t-il, il recevra les meilleurs soins. Ravis de pouvoir se débarrasser d’un blessé, les autorités organisent son rapatriement dans l’heure.
Arrivé dans sa ville, Tsutomu Yamaguchi est aussitôt hospitalisé. Mais, déjà, la vue et l’ouïe commencent à revenir, les médecins lui ont annoncé qu’il survivrait à ses blessures, et l’ingénieur commercial commence à se détendre un peu. Par la fenêtre, il peut apercevoir la rue de cette ville qu’il aime tant. « Au moins, ici, à Nagasaki, je ne risque rien », se dit-il, juste avant de voir le flash de Fat Man, deuxième bombe atomique de l’histoire à être utilisée dans un conflit.
Tsutomu Yamaguchi trouvera la mort… à 93 ans, en 2010. Il est le seul homme de l’histoire à avoir survécu à deux explosions atomiques.
Post Scriptum : l’autre bombe du Japon
Si le Japon est, pour le moment, et, espérons-le, pour un très long moment encore, le seul pays au monde à avoir été frappé militairement par une bombe atomique, une autre sorte de menace pèse sur le pays : la démographie.
Le japon est, en effet, le pays au monde où l’espérance de vie est la plus élevée, en même temps que le nombre des naissances s’effondre. Ainsi, le solde démographique, la balance enter les morts d’une année et les naissances, est de presque moins 800 000 habitants.
Ce pays de 128 millions d’habitants pourrait, selon les estimations les plus pessimistes, avoir perdu la moitié de sa population d’ici 2070. Mais cela pose un autre problème : il y a de plus en plus de personnes âgées, et de moins en moins de personnes pour s’occuper d’eux. L’isolement et la misère est devenu un problème.
Ainsi, on assiste à l’explosion d’un phénomène : les « Kodokushi ». Ce sont des personnes âgées décédées seules, et dont le corps est retrouvé en état de décomposition avancé longtemps après leur décès. Il y en a eu 30 000 en 2022 au Japon, ce qui représente 70 % d’augmentation par rapport à l’année 2005.
Et à ce jour, personne n’est parvenu à enrayer le phénomène.
Guillaume Bailly