Hiroshima

La deuxième bombe

La sortie cette semaine de « Oppenheimer », le nouveau film de Christopher Nolan, est l’occasion de parler de la bombe atomique. Plus précisément, de la première fois qu’elle fut utilisée. Pas de critique du film ici, votre serviteur ne l’ayant pas encore vu, mais c’est Christopher Nolan, donc c’est forcément bien.

Hiroshima

Le 6 aout 1945, à 8 heures 15 du matin, l’opérateur chargé des liaisons radio à Tokyo remarqua que la station d’Hiroshima ne répondait plus. Il tenta de rétablir la communication via une ligne téléphonique de secours, sans succès. Environ vingt minutes plus tard, le centre ferroviaire qui gérait les télégraphes à Tokyo se rendit compte que la ligne principale avait cessé de fonctionner jusqu’au nord d’Hiroshima. Tous ces problèmes furent l’objet d’un rapport auprès du poste de commandement de guerre japonais.

Le commandement principal tenta à plusieurs reprises d’appeler le centre de commandement de l’armée à Hiroshima. Le silence qui s’ensuivit laissa dubitatifs les responsables de Tokyo. Ils savaient qu’aucun raid ennemi avec un grand nombre d’avions n’avait eu lieu, les radars n’avaient signalé que quelques avions sporadiques. De plus, aucun stock important d’explosifs ne se trouvait à Hiroshima à ce moment-là. Un jeune officier du quartier général japonais fut alors envoyé d’urgence à Hiroshima par avion pour constater les dégâts et retourner à Tokyo avec des informations sur des destructions potentielles. On pensait qu’il s’agissait juste de quelques lignes coupées par un bombardement isolé.

L’officier se rendit à l’aéroport et son avion partit en direction du sud-ouest. Après trois heures de vol, son pilote et lui distinguèrent un immense nuage de fumée au-dessus d’Hiroshima. L’appareil se trouvait pourtant encore à 160 km. Arrivés sur place, les deux hommes ne cessèrent de tourner autour de la ville dévastée, ne pouvant croire ce qu’ils voyaient : des incendies à des kilomètres à la ronde et un épais nuage dominant la ville transformée en champ de ruines. L’avion atterrit au sud de la ville et l’officier prit des mesures d’évacuation des survivants et de constitution d’hôpitaux de premiers secours après en avoir informé Tokyo par radio. A cette heure, personne ne comprenait ce qui avait pu se passer.

La capitale ne sera informée de la cause exacte du désastre que seize heures plus tard, lorsque la Maison-Blanche annonça publiquement le bombardement.

Pendant ce temps à Hiroshima, les secours tardaient à venir et nombreux furent ceux qui périrent durant les premières heures. Une intense soif gagna les habitants, les victimes cherchaient désespérément de l’eau, mais les soldats avaient reçu l’ordre de ne pas donner à boire aux grands brûlés.

Malgré l’explosion de la bombe à Hiroshima, le Japon refusa de se rendre. Les Etat-Unis adressèrent à l’empereur un second ultimatum, comme ils l’avaient fait le 26 juillet avant de lancer la bombe. Face à l’obstination des Japonais, Fat Man fut larguée sur Nagasaki le 9 août, entraînant la capitulation du Japon.

Si l’on parle de 140000 morts à Hiroshima, les chiffres varient, nombre de personnes ayant été comptabilisées comme disparues, littéralement désintégrées par la bombe. Les chiffres n’ont non plus jamais tenu compte des maladies provoquées par les radiations. Aucune donnée exacte ne peut, encore aujourd’hui, être avancée.

Guillaume Bailly

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