Et si un astronaute meurt dans l’espace ?

L’explosion récente d’une fusée transportant des urnes funéraires montre que, de plus en plus, le spatial prend de l’importance. Et, un jour, les astronautes se trouveront confrontés à la mort dans l’espace, avec un cadavre sur le bras. Que faire alors ?

La Terre est un berceau

C’est un coup de bol : une fusée transportant des urnes funéraires a explosé sur son pas de tir, mais heureusement, les urnes sont intactes et partiront sur le vol suivant. C’est une des dernières mésaventures de la conquête spatiale, décidément de plus en plus à la mode.

« La Terre est un berceau, mais on ne passe pas sa vie dans un berceau » écrivait Constantin Tsiolkovski, scientifique Russe considéré comme le père de la cosmonautique.

Sans parler de colonisation, l’exploration spatiale reprend grâce au « new space », et les missions habitées reprennent du poil de la bête. Vers la Lune, d’abord, et ensuite, qui sait ? Non, pas Mars. Oubliez Mars. Mars, c’est pour épater la galerie, la NASA utilise cet argument parce qu’il parle au grand public, c’est bon pour ses budgets. Mais il n’y a rien à faire sur Mars, cette planète est morte. Ne m’obligez pas à en faire un article.

Je plaisante : obligez moi. Mars est tellement morte qu’elle a toute sa place dans Funéraire Actualités.

Mais un jour, une mission longue se retrouvera avec un problème à gérer sous la forme d’un astronaute mort. C’est inévitable : l’espace est hostile. Tout, absolument tout ce qui s’y trouve peut vous tuer. La moindre erreur, et c’est la mort. Et plus il y aura de missions habitées, lointaines et de longue durée, plus il y aura de chances que quelqu’un meure là-haut.

Il y a déjà, en réalité, eu des morts dans l’espace, 22 pour être précis. Dans tous les cas, ça s’est joué au décollage ou à l’atterrissage, sauf Soyouz 11, dont l’équipage s’est retrouvé exposé au vide suite à une fuite, ce qui a provoqué la mort des trois membres, mais le retour automatique a permis de récupérer les corps.

Ce à quoi on peut ajouter onze morts à l’entraînement, sans avoir franchi la limite des 100 kilomètres considérée comme le début de l’espace.

Un mort dans l’espace infini

Mais imaginons, une mission de longe durée, un drame survient, un astronaute meurt. Impossible de conserver son corps à bord, pour des questions d’hygiène, et il n’y a pas de caisson réfrigéré suffisant. Trop peu de place, trop de poids, trop de consommation énergétique, pour peut-être rien, une case réfrigérée serait la pire solution du point de vue aéronautique.

Tout ceci, dans le cas où on pourrait récupérer son corps, bien entendu.

Alors, que faire ? Il est impossible de juste confier le corps au vide. Déjà parce que ne pas ramener le cadavre sur Terre serait un désastre du point de vue de la communication, ce ne serait pas correct vis à vis de ses proches, et c’est, de toute façon, interdit. Les traités internationaux sont très stricts, on ne pollue pas l’espace, et, même un corps humain est considéré comme un déchet polluant. Sans compter qu’il pourrait dériver jusqu’à une autre planète et, un jour, la contaminer.

Le sujet est tellement pris au sérieux que les agences spatiales dépensent littéralement des millions pour que les astronautes de l’ISS puissent sortir leurs poubelles.

Une autre solution étudiée serait de laisser le corps, dans une housse prévue à cet effet, dans le vide spatial, jusqu’à sa congélation, puis de le soumettre à des vibrations pour le réduire en poussière pour pouvoir le stocker dans une urne étanche.

C’est la solution la plus probable, pour les missions assez longues. Parce que congeler un corps dans l’espace, contrairement à ce que l’on peut penser, c’est très long. Oubliez les idées reçues et la science-fiction : l’espace n’est pas froid. Le chaud et le froid sont provoqués par des agitations atomiques, plus les atomes sont excités, plus il fait chaud, plus les atomes sont calmes, plus il fait froid. C’est très simplifié, mais c’est ça. Et le corps humain se refroidit par rayonnement, c’est à dire qu’il transmet l’énergie de sa chaleur interne à l’extérieur, d’atomes à atomes.

Sauf que l’espace, c’est vide. Il n’y a pas d’atomes (en réalité, si, mais quelque chose comme un ou deux par mètre cube, ce qui est très peu, comparé à vous, par exemple, qui comptez quelques milliards de milliards d’atomes par millimètre cube). Donc, littéralement, l’espace n’a pas de température, il n’est ni chaud, ni froid. Congeler un corps dans l’espace, c’est donc possible, mais l‘efficacité du rayonnement en serait si atténuée que ça prendrait des semaines, voire des mois.

Et donc, quelle solution ? Si, pour l’instant, la solution retenue pour des voyages courts est d’enfermer le corps dans une combinaison spatiale pour le ramener sur Terre, ce qui prend quelque jours au maximum, sur des voyages de plusieurs semaines ou plusieurs mois, il n’y a pas de protocole défini. On ne sait pas. Mais, à la NASA, un laboratoire d’une vingtaine de chercheurs travaille spécifiquement sur ce sujet en lien avec des sociétés privées et des labos universitaires.

Preuve que, même dans l’espace, le funéraire est un sujet.

Guillaume Nailly

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