Fauteuil roulant

Finances post-mortem

L’histoire a fait le tour du web, mais ce n’est pas grave, nous ne résistons pas au plaisir de vous la raconter, parce qu’elle vaut le détour. Mais, tout de même, pour en tirer, in fine, des enseignements beaucoup plus sérieux.

T’as pas 100 balles ?

L’histoire se passe au Brésil, dans une agence bancaire. Une femme entre, poussant un fauteuil roulant dans lequel se trouve un vieillard qui n’a pas l’air en forme. Honnêtement, il a l’air tellement peu en forme qu’on dirait qu’il a essayé de nager dans la Seine.

La femme s’approche du bureau d’on conseiller et explique que son oncle, le vieil homme dans le fauteuil, souhaite retirer 17 000 Reals, soit environ 3000 Euros. Un peu surpris, le banquier prépare les papiers, tout en observant du coin de l’oeil l’homme qui ne bouge pas d’un pouce. Il a même l’air absent.

« La vieillesse est un naufrage » pense l’employé, citant sans le savoir De Gaulle. Puis il ajoute « c’est louche, cette histoire », citant cette fois-ci le Commissaire Maigret de Simenon. L’employé francophile à son insu tend les papiers en expliquant que c’est à l’oncle de les signer. La femme fait alors tout un cinéma, parlant à l’oncle, lui expliquant qu’elle ne peut pas signer à sa place, et finit par lui prendre la main pour le faire signer.

Pendant ce temps, l’employé de banque en a profité pour faire un signe à un collègue, qui a appelé la police.

Il s’avérera que l’oncle était décédé depuis plusieurs heures, et que la femme essayait de s’emparer de son petit magot. Elle et en prison, et l’oncle au cimetière. Il existe une vidéo que l’on trouve facilement sur internet.

Mais, normalement, ça se passe comment ?

Profitons de l’occasion pour quelques rappels utiles de la procédure en France. Parce que notre analyste est formel : nous y avons plus de lecteurs qu’au Brésil.

Il existe trois cas de figure : le compte individuel, le compte joint et le compte indivis. Le compte individuel, c’est le compte du défunt seul : dès qu’il est informé du décès du titulaire, la banque le bloque. Le compte ne sera débloqué qu’à la succession, soir devant un notaire, soit en passant par le service succession de la banque.

Le compte joint est souvent présent dans les couples. En cas de décès d’un des deux co-titulaires, le compte peut continuer à fonctionner, sauf si un des ayants droits, héritier direct, s’y oppose. La procédure est rare, et le demandeur, s’il s’avère qu’elle est injustifiée, s’expose à des poursuites où il pourra être condamné à rembourser les frais engendrés par le blocage.

Le compte indivis est un compte à deux titulaires parfois présent chez les couples qui le prennent par erreur pour un compte joint. Pour le compte indivis, la règle est simple : dès qu’un deux deux co-titulaire décès, le compte est bloqué, avec tout ce que cela engendre pour le survivant.

Pour faire la différence, il faut faire attention à un détail. Si le RIB, ou le chéquier, ou la carte bleue sont au nom de, par exemple : Monsieur X OU Madame Y, c’est un compte joint. Si en revanche la mention est Monsieur X ET Madame Y, c’est un compte indivis.

Et si quelqu’un vient faire une opération sur le compte du défunt avant que la banque ne soit informée de son décès ? Et bien la personne en question pourra être forcée à restituer la somme, ou elle sera déduite de sa part d’héritage.

Guillaume Bailly

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