Vous vous rappelez de cette maison funéraire américaine dont nous vous avions déjà parlé, où les propriétaires avaient entreposé des défunts plutôt que de les inhumer ? Ceux qui auront lu l’article en question ne l’ont certainement pas oublié. Et bien il y a du neuf.
De découvertes en découvertes
Nous avions fait un article sur quelques malandrins qui prenaient quelques libertés avec la législation funéraire de leur pays (il est ici : https://www.funeraire-actualites.fr/defunts-oublies-conflit-helvetique-et-cocorico/), et bien il y a des nouvelles de la maison funéraire du Colorado.
Et commençons l’article par un errata : nous avions écrit à l’époque que la police avait découvert 189 corps en état de décomposition plus ou moins avancée. Un chiffre incroyable, et, nous venons de l’apprendre, faux. Évidemment, 189 corps, ça faisait beaucoup, ça semblait incroyable. La police, qui enquête depuis des mois sur cette affaire, avec la justice et les services médicaux-légaux, a donc annoncé un nouveau bilan, qui semble être définitif : 190 corps. Oui, oui.
L’entreprise proposait des obsèques bio, sans usage de produits chimiques ou de procédés polluants, qui étaient subséquemment plus difficile à réaliser, donc plus chères. Et les familles payaient pour cela, sans se douter qu’il s’agissait d’une arnaque.
Ainsi, la pompe funèbre proposait une crémation non polluante grâce à un système de filtres révolutionnaire. Système qui n’existe pas, ou, plus concrètement, qui pourrait exister, mais à un tarifs que les entrepreneurs n’avaient ni l’envie, ni les moyens d’acheter.
Au lieu de quoi, ils déclaraient à la famille avoir réalisé la crémation, et rendaient une urne pleine de… Granulés de béton. Tandis que le corps du défunt, le vrai, était stocké dans un entrepôt, avec tout ce que vous imaginez comme conséquences. Et ils ont donc réitéré l’opération 190 fois avec cette technique ou d’autres, que la justice n’a pas encore révélé.
Mais ce n’est pas tout : durant la pandémie de Covid, l’état du Colorado a subventionné des pompes funèbres pour procéder à des obsèques de personnes seules décédés de cette maladie. Vous devinez la suite, certains corps ont été déposés dans l’entrepôt. Et d’autres… N’existaient juste pas. L’entreprise a facturé, ni vu ni connu, des prestations pour des personnes imaginaires à l’état. Ce sont ainsi 882 000 dollars (830 000 euros au cours actuel) qui ont été empochés par les filous, qui s’en sont servi pour payer l’école de leurs enfants, s’acheter des voitures de luxe et investir dans les crypto monnaies.
Et comme les entrepreneurs avaient peur d’être considérés comme trop lisses, sans doute, ils ont aussi un peu fraudé le fisc américain, mais pas trop.
Le couple dort donc en prison, dans l’attente de leur procès. Ils sont mis en examen pour 190 accusations d’outrage à cadavre, 5 chefs l’inculpation pour vol (les détails pour ceux-ci n’ont pas été précisés), plus de 50 accusations pour faux et usage de faux (la police est toujours en train d’éplucher la paperasse, le chiffre définitif sera communiqué lors du procès) et quatre accusations de blanchiment d’argent.
Ils encourent 20 ans de prison. Et nous nous ferons un plaisir de suivre et de vous relater le procès, qui devrait avoir lieu l’année prochaine, parce que cette affaire s’annonce être une des plus retentissante du funéraire occidental. Rappelons au lecteur de passage que, pour plein de raisons, un tel scandale serait strictement impossible sous nos contrées, du moins à cette échelle.
Guillaume Bailly