Les métiers du funéraire, sensibles par essence, sont très réglementés. Et exigent un savoir-faire et des connaissances précises qui ne peuvent passer que par la formation. Et c’est là que réside tout le paradoxe.
Cours de capiton salle B
On ne fait pas ce qu’on veut, dans le funéraire. Que vous soyez porteur chauffeur ou directeur d’agence, il faut une formation. Formation de Maître de cérémonies, formation de conseiller funéraire, formation de thanatopracteur, et c’est bien normal : le funéraire est un métier de contact avec des familles à un moment spécialement douloureux de leur existence, et on ne va pas lâcher un débutant sans connaissances en psychologie du deuil, par exemple. Et en droit.
Surtout en droit, parce que, évidemment, au lecteur de qualité de Funéraire Actualités, nous n’allons pas apprendre que le funéraire est un métier qui exige des notions juridiques dans tous ses aspects.
Donc, tous les métiers du funéraire sont plus ou moins réglementés. Tous ? Non, il en existe un qui fait, encore et toujours, de la résistance. Qui vit sa vie à sa façon, en se contrefichant totalement de toute réglementation. Et c’est bien là le paradoxe, puisqu’il s’agit de la formation funéraire elle-même.
Créer une formation funéraire, c’est simple : il suffit d’avoir un local adapté à la réception du public, en gros, avec des toilettes et une sortie de secours, et le programme de formation pour pouvoir le suivre.
Et des enseignants qualifiés, expérimentés, des autorisations, des… Ah, non, on me fait signe que non, ce n’est pas la peine : juste la salle et le programme. Une fois ceci fait, il suffit d’aller signaler l’existence de votre école à une agence de publicité, et éventuellement à Pôle Emploi pour qu’ils l’inscrivent dans leur fichier.
Et c’est ainsi, dans une situation que l’on pourrait qualifier d’anarchique, que la France se trouve dotée de 402 écoles funéraires au dernier recensement. Et on ne compte pas là dedans les centres de formation internes à certaines grosses sociétés, puisqu’ils ne sont pas accessibles à moins d’être déjà salarié de la société.
Dans ces 402 écoles, il y en a des excellentes, des centres de formation qui ont généralement plusieurs années d’existence, qui sont reconnus et ont pignon sur rue. Et il y a aussi des petits centres de formation certes très jeunes, mais animés par des gens qui s’y connaissent et ont une vraie envie de transmettre. Et personne en sera cité, parce que qu’il est impossible de les connaître tous, et on finit inévitablement par oublier quelqu’un.
Mais il y en a d’autres qui s’avèrent être là juste pour profiter de l’opportunité. Certes, ils vous expliqueront qu’ils ont un bon taux de réussite à l’examen, mais cela ne suffit pas. Un centre de formation funéraire doit être un organisme interagissant avec son milieu, savoir orienter ses candidats vers les « métiers en tension » au sein des pompes funèbres, mais aussi s’assurer qu’ils puissent faire des stages, voire décrocher une embauche une fois le diplôme en poche. Ce dont beaucoup se contrefichent comme une guigne.
Et, paradoxalement, dans ce métier hyper réglementé, c’est ce qui manque : une réglementation pour ceux qui enseignent cette réglementation. Cela éviterait de se retrouver avec des hordes de jeunes diplômés qui ont dépensé des sommes importantes pour, au final, se retrouver avec un diplôme qui a finalement à peine plus de valeur que le papier sur lequel il est imprimé. Et on en reparlera, croyez-le bien.
Guillaume Bailly