Actualité du Funéraire

Funéraire le Rapport de la cour des comptes : le piège de l’argent

Un rapporte de la cour des comptes a récemment épinglé les pompes funèbres. Plus précisément, les tarifs de ces dernières, certains commentateurs allant jusqu’à remettre en question la libéralisation du secteur. Une pente glissante sur laquelle il vaut mieux ne pas se laisser entraîner.

Un rapport alarmiste

L’avis de la Cour des comptes sur le secteur funéraire ne dresse pas un portrait flatteur de la profession. Opacité des tarifs, hausse continue de ceux-ci, informations tarifaires insuffisantes. Il n’y est question que d’argent, spécialité de la Cour des comptes, il est vrai.

Certains commentateurs, dans l’avis, on fait état de la dégradation du pouvoir d’achat des familles en terme d’obsèques depuis l’ouverture à la concurrence, et n’hésitent pas, en filigrane, mais de manière assez transparente, à remettre en cause la fin du monopole. C’est une pente savonneuse.

En effet, il y a peu de risques, au vu de la tendance actuelle, qu’un monopole soit rétabli, pas de quoi s’affoler. Néanmoins, le piège tendu par cet avis est réel, et c’est une embûche qu’il faudra éviter. Il permettrait en effet de justifier une ouverture à la concurrence européenne, déjà évoquée en son temps par un jeune ministre, devenu entre-temps… Président de la République.

Un avis partiel voire partial

L’avis ne parle que d’argent, et plus précisément, pouvoir d’achat des familles. Insuffisance d’information et d’affichage, devis incomplets ou opaques, solutions de financement à la tête du client, augmentation drastique des tarifs, n’en jetez plus.

Est-ce réel ? Dans l’absolu, oui, par rapport au monopole et au service public. Mais, certains éléments sont à prendre en compte pour dresser un portrait plus nuancé de la situation.

Le passage à l’Euro, tout d’abord. Loin d’être la panacée qui avait été présentée lors de l’adoption de la monnaie unique, cette dernière a été synonyme d’inflation dans tous les secteurs. Le funéraire n’y échappe pas, répercutant sur ses tarifs l’augmentation des matières premières, du matériel, de tous les biens et services indispensables à la bonne tenue d’un service funéraire.

Cette augmentation s’applique à n’importe quel bien ou service, si l’on prend comme période de référence les années 1980, qui ont vu la fin du monopole, et la période actuelle. Une galette des rois coûte 16 euros en moyenne, soit 105 francs, contre une vingtaine il y a quarante ans.
L’essence a dépassé les dix francs le litre. Une baguette de pain se paie six francs quand elle coûtait mois d’un franc lors du monopole du funéraire. Et pourtant, après, vérification, nul croque-morts n’est impliqué dans le secteur boulanger.

Prix horaire de la main d’œuvre, coût de l’entretien des véhicules et du carburant, augmentation des tarifs du bois, et donc des cercueils, du granit, et même des housses de corps, tout cela fait que les tarifs du funéraire ont augmenté. Cela n’explique pas tout, mais justifie une grande partie de ces augmentations.

Mea culpa, mea maxima culpa

Certes, il existe de mauvais exemples. Certaines sociétés de pompes funèbres usent, et parfois abuses, de pratiques à la limite de la légalité, voire franchissent la ligne rouge avec une insouciance désarmante. Ne serait-ce que ceux qui se pensent dispensés de l’obligation du triptyque « Devis-Bon de commande-Facture ».

Mais globalement, le secteur funéraire pratique des devis conformes à la réalité, c’est à dire capables d’assurer le paiement des charges fixes et variables et sur lesquels se voient appliquer un taux de marge ni plus ni moins élevé que la plupart des entreprises de service.

Répondre à la Cour des Comptes en utilisant uniquement des arguments financiers serait néanmoins insuffisant. La prestation de services funéraires et sa tarification sont à prendre dans un contexte global de service digne aux familles et d’obligations légales.

Parce qu’une réponse démagogique consisterait à ouvrir le secteur funéraire à la concurrence européenne, et, par la force des choses, à le déréglementer. Toute la profession se trouverait confrontée alors à une offre à bas coût, et les entreprises françaises se verraient contraintes à abaisser la qualité globale de leurs prestations. La dignité des prestations funéraires dans son ensemble se verraient entachées.

Il existe d’autres solutions, que s’est bien gardée d’évoquer la Cour des Comptes. La première est d’appliquer la réglementation en vigueur en remontant la vigilance sur les opérateurs funéraires qui sortent des clous. La seconde serait l’abaissement du taux de TVA, toujours à 20 % sur la majorité des prestations funéraires. Un vieux serpent de mer.

Quoiqu’il en soit, il faut avant tout le rappeler : le funéraire, c’est un métier, au delà d’une facture. Et si le législateur pointe du doigt un certain nombres de problèmes, il ne faut pas qu’il oublie qu’il a aussi sous le coude des solutions.

Guillaume Bailly

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