Le vendredi est la journée idéale pour une petite histoire. Celle-ci a été racontée par une lectrice de Funéraire Actualités, merci Solène, et représente le cauchemar de tout jeune diplômé. Un peu de frissons avant de partir en week-end, et bon courage à celles et ceux qui seront de permanence.
Claustrophobie
La jeune femme était heureuse : conseillère funéraire fraîchement diplômée, elle avait trouvé un poste pas très loin de chez elle, dans une société familiale, à taille humaine, bref, tout ce qu’il fallait pour se mettre tranquillement dans le bain funéraire. Même si il s’agissait d’un contrat de 3 mois, c’était suffisant pour se faire de l’expérience.
Et, quelques jours à peine après son arrivée, elle est appelée pour un décès à domicile. Sur place, rencontre avec a famille, du très classique, le courant passe bien avec la fille de la défunt, principale interlocutrice, et c’est donc tout naturellement que les patrons lui laissent la main sur le dossier.
L’entretien se passe dans le bureau, aux pompes funèbres, et même si la jeune assistante est un peu stressée, elle n’en laisse rien paraître, elle écoute les souhaits de la famille, organise tout, et tout le monde se quitte content. Enfin, content relativement aux circonstances, bien évidemment.
Bref : tout va bien. La dame reposera dans un salon jusqu’aux obsèques, deux jours plus tard.
Le lendemain, la jeune conseillère funéraire, arrivée en avance, décide d’aller jeter un coup d’oeil sur le corps, histoire de s’assurer que tout va bien. Elle passe au bureau déposer ses affaires, emprunte le couloir technique, et entre dans le salon par la porte réservée aux agents. Arrivée dans le salon, elle allume les lumières et ramasse les pétales de fleurs tombés pendant la nuit.
La file de la défunte lui avait demandé un petit changement : la dame était parée d’un collier autour du coup, et la famille préférait qu’elle le tienne plutôt entre ses mains. La conseillère enlève le collier, le dispose sur les mains, s’assure que l’ensemble est harmonieux. Parfait.
La conseillère regarde sa montre, elle a le temps de se faire un café avant d’attaquer le reste de la journée, et donc, après un dernier balayage du regard, histoire de s’assurer qu’elle n’a rien oubliée, elle ress… Attendez une minute. Elle a oublié un détail, c’est que la porte côté technique ne s’ouvre que de l’éxtérieur, il faut donc faire attention à ce qu’elle ne se referme pas quand on est dans le salon. Ce que la conseillère n’avait pas fait, erreur de débutante (ne dites rien, ça nous est tous arrivés).
La porte de devant ? Fermée à clef. La famille en a une, et l’autre, en cas de besoin, est dans un placard. Dans le bureau. Là où la conseillère a laissé ses affaires. Parmi lesquelles son téléphone portable.
Et, dernier détail, le salon est bien insonorisé, et les quelques bruits qui parviennent de l’extérieur sont couverts par celui de la table réfrigérée.
Reste donc à attendre. Ce que fait la conseillère. Elle attend, jusqu’à ce qu’elle attende à nouveau, quand, soudain, elle attend toujours. Au bout d’un long moment, elle s’assoit auprès de la défunte.
« Je suis un vrai Gaston Lagaffe » lui expliqua-t-elle « ce genre de trucs m’arrive toujours ». Avant de se ressaisir : attendez, elle paraît vraiment avec une morte ? Voyons, c’était u peu ridicule. « En parlant de ridicule » reprit-elle, s’adressant de nouveau au corps, « s’il vous plaît, évitez de vous moquer de moi ». Elle réfléchit un instant, et ajouta « et si par hasard vous avez une idée pour me faire sortir d’ici… ».
A ce moment là, le bruit d’une clef qu’on glisse dans la serrure : la famille arrivait. Rapidement, la conseillère se leva, et fit semblant d’arranger le collier. C’est ainsi que la fille de la défunte la trouva, tout semblant absolument normal. Elle remercia la conseillère d’avoir pris soin du salon, celle-ci lui répondit que c’était tout à fait normal, elles prirent congé, et la professionnelle put enfin rejoindre son bureau.
Où elle trouva sa responsable affolée qui la cherchait partout depuis une heure : elle avait vu la voiture de la nouvelle sur le parking, mais ne la trouvait nulle part. Un peu penaude, la jeune conseillère lui raconta sa mésaventure, faisant beaucoup rire sa chef.
Retournant à son travail, la conseillère se fit la réflexion que, si il existait une vie après la mort, il y en avait une autre qui devait bien rigoler.
Guillaume Bailly.