Gaz

La fin de la crémation ?

La crise énergétique à venir cet hiver va faire flamber les prix du chauffage, des produits industriels, mais aussi de la crémation humaine. A tel point qu’un passage au crématorium risque de devenir inaccessible pour beaucoup.

Le gaz s’évapore

C’est une nouvelle qui a fait grand bruit : une société gestionnaire de piscines municipales a été contrainte de fermer 30 établissements à travers la France, sa facture d’énergie étant passé de 15 % de son CA annuel à 100 %.

Mais une autre a fait moins de bruit, bien qu’étant tout aussi édifiante : à Bléré, en Indre-et-Loire, les enseignants boycottent la piscine municipale, ne voulant pas que leurs élèves attrapent froid. Pour économiser l’énergie, la température de l’eau a en effet été baissée de 26 à… 25 degrés.

Ces deux nouvelles résument parfaitement la situation cet hiver : la catastrophe énergétique arrive, sans précédent dans l’histoire moderne, et nous ne sommes clairement pas prêts.

L’Europe, vendue depuis des dizaines d’années comme la protection ultime, s’avère être notre fossoyeur. Le marché européen de l’énergie fait que, même si un pays parvient à se fournir correctement ou à produire assez, son gouvernement sera obligé d’assassiner tarifairement ses citoyens au nom de la solidarité européenne. Et pour toutes les énergies.

En un mot, la facture énergétique va exploser, quoi qu’il arrive, et cela va concerner tout le monde, y compris le secteur funéraire. Particulièrement les crématoriums.

Pour vous donner une idée, le prix du gaz était de 26 euros le mégawatt/heure en 2020 (hors TVA). Il est aujourd’hui à 320 euros le Mwh. (Source : bourse de Paris). Et la situation n’est pas prête de s’améliorer : même si la guerre en Ukraine, déclencheur essentiel, finissait dans trois mois, ce qui est mal parti, la fin du conflit ne signifie pas la fin des sanctions contre la Russie.

Flambée sur la crémation

Et tout cela pose la question de la crémation. Nous l’avions vu dans un précédent article, les méthodes alternatives, comme l’humusation ou l’aquamation, ne sont pas prêtes à arriver en France. Même si la donne changeait et que le public était prêt à se tourner vers ces formes d’obsèques, imaginez le temps que ça va prendre pour le légaliser.

Rappelons que le dépotage, l’action d’ouvrir le cercueil d’un défunt pour le transférer dans un autre, vient d’être légalisé, cette année, en 2022. Le problème se posait depuis les accordes de Berlin sur les transports de corps internationaux. Accords signés en 1937.

Et on ne parlera même pas de l’histoire de la crémation, de combien de temps il a fallu que les crématistes se battent pour qu’elle soit légalisées, puis du temps qu’elle a mis à s’imposer.

Concernant la crémation, cet hiver, en France, la question qui se pose est : faut-il s’inquiéter ?

Le prix du gaz va nettement augmenter, et le prix d’une crémation dépend directement du prix du gaz. Procéder à une inhumation provisoire en attendant que le tarif revienne à la normale est utopique : certains économistes nous expliquent qu’il va baisser très rapidement, mais beaucoup d’autres nous projettent déjà dans l’hiver 2024-2025. Ça reviendrait à jouer un jeu de hasard avec le deuil des familles, et donc, c’est non. Et quand bien même, le jour où la situation reviendra à la normal, vous imaginez la file d’attente à l’entrée du four ?

Enfin, et c’est sans doute le pire, c’est que lorsqu’on demande à des gestionnaires de crématoriums quel est leur plan, ils vous font un grand sourire, vous promettent de vous rappeler, et ne le font jamais. Donc, faut-il être inquiet pour la pratique de la crémation en France ? Non, il faut être terrifié. Et à votre place, je commencerais tout de suite à recruter des fossoyeurs en quantité.

Guillaume Bailly

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