2020 Annus Horribilis

L’année des oubliés

Alors que les dernières heures de 2020 s’écoulent et que sonnent celles des bilans, un sourire amer vient aux chroniqueurs : comment résumer une telle année ? Pour les métiers du funéraire, ce fut une confirmation, à de nombreux niveaux : le bon, et le moins bon.

Annus Horribilis

2020 est-elle la pire année de l’Histoire, comme certains l’affirment ? Non, mille fois non. Elle est la pire année que la plupart d’entre nous auront vécu, ce qui est différent. Les plus âgés, qui ont vécu des périodes comme celles des guerres mondiales, ou de la grippe Espagnole, ont vécu bien pire.

Mais le constat est fait : l’humanité n’a pas tellement évolué. Comme de tous temps, face à un fléau que nous ne pouvons pas voir et donc pas affronter, beaucoup se tournent vers des formes modernes de superstition et d’irrationnel. Dans l’antiquité, on sacrifiait des humains aux Dieux sur des autels de pierre. Aujourd’hui, on sacrifie la méthode scientifique sur l’autel de nos angoisses.

Il y a quelques années, un ami très impliqué dans la spiritualité m’avait dit que nous entrions dans « l’ère du Verseau », censée amener l’humanité à la paix et la prospérité. Jamais une prédiction ne s’est avérée aussi fausse. La seule prospérité que cette ère amènera sera pour les gourous et les charlatans.

Cyniquement, on pourrait plaisanter sur le fait que, au moins, cela amènera des clients aux pompes funèbres. Mais dans le lot, il y aura des innocents, qui n’avaient rien demandé à personne.

La fin du COVID, qui n’est pas pour tout de suite, ne signera pas la fin du marasme. Les conséquences économiques seront terribles et l’instabilité sociale actuelle ne fera que les aggraver. Les spécialistes s’attendent à une vague de suicides après la fin du COVID, lorsque beaucoup de gens comprendront qu’ils ne retrouveront jamais la vie agréable qu’ils avaient avant.

Oui, cet éditorial est pessimiste. Comment aurait-il pu en être autrement ?

Les oubliés

Comme de coutume, les pompes funèbres, pourtant en première ligne durant la crise, ont été les oubliées d’un peu tout le monde. A part ici et là un « scandale », souvent une incompréhension montée en épingle, fort peu ont daigné remarquer que, après les décès de patients, les pompes funèbres prenaient le relais. Et que leur manque d’équipement était souvent tout aussi patent que celui des soignants.

Pourtant, le secteur funéraire a fait une véritable démonstration de force. Les moyens de production se sont adaptés, aucune pénurie de cercueils n’a été signalée.

Quant aux équipes, malgré l’inquiétude, légitime, dans toutes les régions touchées, elles ont tenu bon, parfois jusqu’à l’épuisement, toujours dans la dignité et le respect. Le secteur funéraire a assuré sa place dans la chaîne de la santé publique, et c’est l’essentiel. Il devra se passer d’un simple merci, et c’est habituel.

Cette année 2020 a vu la montée en puissance de Funéraire Actualités. Une année particulière qui nous a obligés à improviser, mais l’essentiel est là : la rencontre s’est faite entre vous, lecteurs, et nous, rédaction. Nous continuons sur notre ambition, devenir une plate-forme d’information et de communication pour l’ensemble des intervenants.

Rendez-vous donc de l’autre côté, en 2021, où tout ne sera peut-être pas si sombre. Si le contexte est difficile, il a démontré que nous sommes riches d’une chose essentielle : des femmes et des hommes de bonne volonté.

Bon réveillon et prenez soin de vous.

Guillaume Bailly

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