Reprises de concessions, informatisation, engazonnement : loin d’être un endroit dépassé, le cimetière est au cœur des préoccupations des mairies. Un endroit appelé à évoluer en fonction des problématiques qu’il soulève.
Et le gazon pousse
Les cimetières sont-ils en train de vivre une révolution discrète ? C’est en tout cas ce que laisse à penser la revue de l’actualité récente les concernant : ici, des reprises de concessions, classique, là un engazonnement, ou ailleurs une informatisation. Si ces aménagements sont devenus relativement banals, ils révèlent pourtant des solutions concrètes à des problématiques récentes.
L’engazonnement, par exemple. Il y a peu de temps (à l’échelle de la vie de ces lieux), la mode a couru de supprimer les produits phytosanitaires de l’entretien des cimetières. Avec pour résultat quasi-immédiat une gabegie d’herbes folles et d’impression de manque d’entretien, malgré les efforts des agents municipaux.
Il faut dire que, principalement dans les petites communes, les agents dédiés à l’entretien des cimetières sont rares voire inexistants (ce sont des agents municipaux qui sont souvent chargés de plusieurs tâches), ou, dans les grandes villes, en sous-nombre par rapport aux besoins : moins de phyto égale plus d’huile de coude.
Jusqu’au moment où quelqu’un a réalisé que le gazon pouvait être une alternative tout à fait acceptable. Plus besoin de brûler les mauvaises herbes au chalumeau entre deux graviers, il suffisait de retirer le gravier et de passer la tondeuse toutes les trois semaines (ou moins, selon la position géographique).
En dehors d’apporter une solution simple et élégante à l’entretien des cimetières, l’engazonnement peut également être vu comme un premier pas vers le cimetière paysager. Il a encore du chemin à parcourir, certes, mais les cimetières en pelouse sont déjà une mini révolution esthétique.
Et l’ordinateur ne repousse plus
De même, l’informatisation des cimetières. Jusqu’ici réservée aux communes qui en avaient les moyens et un parc important à gérer, ce passage à la technologie pourrait bien devenir la prochaine étape générale pour toutes les communes de plus de 2000 habitants.
Quand on parle d’informatisation, il n’est pas ici question, bien entendu, d’acheter un PC avec un tableur à une secrétaire de mairie, mais du déploiement d’un logiciel de gestion des cimetières conçus spécifiquement.
Ce pour bon nombre de raisons. L’installation ou l’extension d’un cimetière n’a jamais été une manœuvre simple, du fait du grand nombre de contraintes liées. Mais les choses se sont compliquées, discrètement, presque en catimini, avec quelques changements démographiques : de plus en plus de citadins prennent pied à la campagne, soit à temps plein, soit à temps partiel.
Il suffit de consulter les agences immobilières pour s’apercevoir que la demande de maison avec jardin a explosé suite aux confinements. Ce qui augmente la pression sur le foncier, par la construction de nouveaux lotissements, mais aussi d’aménagements destinés au confort de ces habitants. Et donc, une demande accrue sur les terrains.
Parallèlement, c’est le nombre de personnes ayant droit à sépulture sur le territoire de la commune qui augmente. Ce qui implique, à terme, une augmentation de la fréquence des convois, de l’achat de nouvelles sépultures, de la gestion de place dans celles déjà existantes… Ce qui peut être fait avec un tableur dans une commune de 5000 habitants peut être fait dans une commune de 10 000, mais avec une augmentation exponentielle du risque d’erreurs.
D’où un besoin croissant d’outils de pointe permettant une gestion spécifique de cette problématique.
Tout ceci est réuni pour poser les bases d’une révolution des cimetières, dans le sens où ces lieux restent importants pour leurs usagers, mais la manière dont ils en font usage n’est plus en adéquation avec celle dont ils sont gérés. Une révolution, mais à l’image du cimetière : lente et recueillie. Certaines choses ne change jamais.
Guillaume Bailly