Une enquête réalisée pour le compte de la Fédération Nationale du Funéraire, la FNF, soulève une inquiétude : le métier aurait du mal à recruter. Un paradoxe alors que certains se plaignent de recevoir trop de candidatures ? Pas forcément.
L’heure des adieux
On y est : la génération dite du « baby boom » commence à prendre sa retraite. Y compris dans le secteur du funéraire. Le problème, c’est le taux de renouvellement : selon une enquête réalisée par la Fédération Nationale du Funéraire (FNF, anciennement CPFM) auprès de ses adhérents, le ration de salariés ayant moins de 30 ans par rapport à ceux ayant plus de 55 ans est de 0,9 sur 1.
Les besoins se font dores et déjà sentir : 3500 postes seront à pourvoir en 2024. Et, dans les quinze prochaines années, le nombre de décès augmentera de 3 à 5 % en France. Oui, parce que la prochaine étape, au risque de casser l’ambiance, est de mourir, pour tous ces baby boomers fraîchement retraités.
Guillaume Fontaine, directeur général de la FNF, explique dans La Tribune ce manque de candidatures par un manque d’informations sur les métiers. Mais aussi par des contraintes liées à la profession elle-même : permanences de soir et de week end, par exemple.
Néanmoins, si l’on examine les régions où le manque de candidatures est le plus important, on arrive au podium suivant : Île-de-France (30 % des besoins), Auvergne-Rhône-Alpes (14 %) et Hauts-de-France (11%).
Des régions qui sont, aujourd’hui, peu attractives, surtout parce que onéreuses. Et si, selon le patron de la FNF, deux tiers des salariés touchent un salaire moyen de 1860 euros net, ce montant est nettement insuffisant pour vivre correctement à Paris ou Lyon, par exemple. Si on enlève, dans ce montant, la part des primes de nuit, d’intervention etc. Le fixe de base par exemple est nettement insuffisant pour que la simple possibilité d’envisager de louer un placard à balais à Paris soit réaliste.
Ajoutons à cela le manque d’attractivité de certains métiers, comme la marbrerie. Parce que la marbrerie est un beau et noble métier, mais il n’est pas facile, pas facile du tout. C’est physique, salissant, on travaille souvent en extérieur sous la canicule ou dans le froid glacial, difficile, en effet, de vendre du rêve.
A noter que si l’article spécifie que la crémation monte en puissance et sous-entend que les besoins en marbrerie baissent, cette profession est encore loin d’être morte et enterrée.
Un futur sombre, mais pas que
Pour Guillaume Fontaine, l’avenir du recrutement passerait, entre autres, par des formations en alternance. Et en effet, c’est une solution, à condition de convaincre les entreprises de faire confiance à un jeune.
Néanmoins, beaucoup d’obstacles politiquement incorrects vont se présenter. Et comme la FNF est trop bien élevée pour en parler, c’est encore une fois votre serviteur qui s’y colle.
Premier obstacle, l’obsession des jeunes pour la thanatopraxie. Ne mettons plus de gants : les thanatos ont tellement réussi leur campagne de communication que tous les jeunes veulent faire thanatopracteurs, persuadés qu’ils appartiendront à une supposée élite du funéraire. Alors disons les choses clairement : il n’y a pas d’élite dans le funéraire, chaque métier a son importance. Et la thanatopraxie est, parmi toutes les professions du funéraire, sans doute la plus répétitive.
Second obstacle, la fragilité. La FNF y fait allusion, à travers un passage sur le soutien psychologique, mais mettons les pieds dans le plat : quand Walt Disney annonce qu’ils vont faire un remake de Bambi où la mère du Faon ne meurt pas pour ne pas choquer la génération actuelle, il est difficile d’imaginer ensuite ces gens, ce nouveau public, arpenter les rails de la SNCF avec un sac à la main pour ramasser des bouts de suicidé. Toute une génération exige que la vie la ménage, et, lorsqu’elle se sera pris la réalité en pleine tête, les futurs croque-morts seront faciles à reconnaître : ce seront ceux qui tiendrons encore debout.
Troisième obstacle, une tendance de l’époque qui explique à la nouvelle génération qu’elle doit prendre soin d’elle, ne pas tout sacrifier à son travail, ne pas consentir de sacrifices qui de toute façon ne paieront pas. Ce qui n’est pas un souci, sauf quand ils postulent dans le funéraire, parce que c’est un métier d’abnégation. Quand on appelle la permanence à trois heures du matin, c’est pour que l’équipe arrive à trois heures et quart pour prendre en charge le défunt. Il faut changer le monde, paraît il : bonne chance à ceux qui vont essayer de faire en sorte que les décès aient lieu en semaine aux horaires d’ouverture de l’agence.
Mais il reste de l’espoir. Chaque jour, votre serviteur a la chance de croiser des jeunes motivés, réalistes, lucides. Qui n’envisagent pas forcément les métiers du funéraire, certes. Mais certains ont des qualités qui donneraient sûrement satisfaction à un employeur, et des aspirations qui fait qu’ils trouveraient certainement une forme de réalisation dans ce métier.
Donc, la relève existe, j’en suis convaincu. La seule chose, c’est qu’elle ne sait pas encore qu’elle est la relève. La question essentielle, c’est : comment organiser la rencontre entre ces potentiels et leur vocation ? C’est là qu’est le défi.
Guillaume Bailly
Malheureusement, vous êtes tellement dans le vrai !
Parmi les défis, celui que l’auteur n’a point soulevé est que ce milieu professionnel est hyper conservateur notamment dans les agences Funéraires où l’environnement de travail est resté figé dans la 3è République coloniale et fondée sur l’exploitation du travailleur, par ex statut employé pour le/la conseiller/conseillère funéraire. Ponctualité, écoute, retour tél ou sms, que nenni pour les directeurs PF = mâles arrogants aux teints pâles type Caucasien orienté Chrétinté
La relève….. Mon fils a fait une formation en alternance en funéraire comme conseiller en funéraire dans une école en Vendée. L année dernière fraîchement diplômé, il attend toujours une réponse de la part de pfg,,!!!!! il est allé se présenter deux fois sur Nantes il est d Angers.En attendant il avait été recruté sous disant comme conseiller en funéraire ils l on mis en tant que porteur il l a fait… Au bout de deux mois il est parti…. Dégoûter du milieu et pourtant ce métier de conseiller. C est simple répondez aux candidatures… Encourageons nos jeunes…. Cordialement
le problème majeur est que des actionnaires ont mis leurs billes dans ce secteur florrissant au détriment des acteurs motivés et déjà peu nombreux ! baisse des salaires, hausse des prix, casse du personnel ancien, pas de remise en question, rentabilité exigée, tableaux excel pour une productivité optimale, secteur peu glamour ! des soucis en perspective pour ce secteur comme tant d’autres d ailleurs qui ne se sont pas posés les bonnes questions et n’y ont apporté aucune réponse pérenne.