Un inventeur, c’est quelqu’un qui regarde un problème sous un angle différente pour trouver une solution. Et Thomas Edison a regardé beaucoup de problèmes sous un angle différent. Notamment, il s’est demandé comment parler aux morts. Et il a trouvé.
Un sur mille
Plus de mille brevets : si Thomas Edison est considéré comme le plus grand inventeur de son temps, et un des plus grands de l’histoire, ce n’est pas pour rien.
« Never invent something that people don’t want » (ne jamais inventer quelque chose dont les gens ne veulent pas) fut, selon ses dires, le premier principe qu’il appris, lorsque, après avoir fabriqué une machine à compter les votes, elle fut refusée par le gouvernement des Etats-Unis parce que… Trop rapide.
Autodidacte, il occupe plusieurs emplois, et apprend le métier de télégraphiste. Un jour,n par hasard, il répare le télégraphe de la bourse de New York, puis l’améliore, ce qui lui permet de toucher une somme d’argent qu’il utilisera pour monter sa première société. Sa carrière est lancée, et ne s’arrêtera plus.
Il inventera donc un téléscripteur, un micro pour téléphone, le phonographe, la lampe à incandescence, la première caméra, un téléphone pour parler avec les morts, la première centrale électrique à charbon, et la chaise électrique.
Un téléphone permettant de communiquer avec les morts ? Cet appareil, baptisé « nécrophone » par Philippe Beaudoin dans son livre Le Royaume de l’au-delà, n’a jamais vu le jour, mais il témoigne d’une facette méconnue de l’inventeur. Le mot « nécrophone » vient des racines grecques nécros (« mort ») et phônê (« voix »), désignant un dispositif qui aurait permis d’enregistrer ou d’entendre les voix des défunts.
Cette idée trouve ses origines dans l’intérêt marqué d’Edison pour les questions philosophiques et spirituelles, notamment celles portant sur la survie de l’âme après la mort. Il croyait fermement en l’immortalité de l’âme, une conviction partagée par de nombreuses traditions religieuses et philosophiques. Pour Edison, il devait exister un moyen de prouver scientifiquement cette immortalité. C’est ainsi qu’il envisagea la création d’un appareil qui mettrait cette hypothèse à l’épreuve en permettant de capter les sons ou les messages émanant de l’au-delà.
Dans ses mémoires publiées pour la première fois en 1948, Edison exprimait son souhait de concevoir un outil destiné aux chercheurs spirites, leur permettant de travailler avec une méthode rigoureusement scientifique. Il écrivait : « Fournir un appareil qui permettrait d’explorer ces phénomènes serait une avancée majeure. »
Selon Philippe Beaudoin, Edison aurait même passé un accord insolite avec son collaborateur William Walter Dinwiddie : le premier à mourir tenterait de communiquer avec l’autre depuis l’au-delà. Ce pacte illustre l’obsession d’Edison pour la communication avec les défunts, une quête qui, bien qu’infructueuse, révèle une partie intrigante de sa personnalité. Dans une interview, Beaudoin souligne : « J’ai été frappé par l’intérêt d’Edison pour la frontière entre la vie et la mort. »
Mais alors, ce nécrophone, où est-il ? Nulle part. Il n’a été retrouvé ni prototype, ni même de plan dans ses archives abondantes. Et c’est bien dommage : nous aurions été très curieux de voir quelle solution Edison avait proposé pour ce problème particulier.
Guillaume Bailly