Les animaux occupent une place importante dans nos vies et sont souvent considérés comme des membres à part entière de nos familles. Lorsque vient le moment où nos compagnons à quatre pattes nous quittent, il est naturel de vouloir leur offrir un dernier repos digne de leur place dans nos cœurs. Mais ce n’est pas si simple.
Adieu, Toby
L’histoire des cimetières animaliers en France remonte au XIXe siècle. Le premier cimetière animalier officiel a été créé en 1899, à Asnières-sur-Seine, près de Paris. Fondé par Marguerite Durand, journaliste, et Georges Harmois, avocat, tous deux passionnés par les animaux, ce cimetière est rapidement devenu un lieu de repos pour les animaux de compagnie. Long de cinq cent mètres et large d’une trentaine, il accueille les dépouilles d’environ 90 000 animaux.
C’est la loi de juin 1898 qui a permis sa création. Elle stipulait que les animaux de compagnie pouvaient être enterrés « à au moins cent mètres d’une habitation et sous au moins un mètre de terre ». Auparavant, ils étaient tous simplement jetés dans des cours d’eau, ou dans des trous.
Le cimetière est doté d’un portail art nouveau créé par l’architecte Eugène Petit, et se présente sous la forme d’un jardin paysager. Il est, osons le dire, beaucoup plus beau que maints cimetières destinés aux humains. A l’entrée du cimetière, une statue de Barry, un Saint Bernard, chien sauveteur qui rappelle l’esprit de sacrifice des animaux. Il sauva 40 personnes perdues dans la neige. Contrairement à ce qui y est affirmé, d’ailleurs, il ne fut pas « tué par la 41ème », mais finit paisiblement ses jours à l’âge de 14 ans.
Au fil du temps, d’autres cimetières animaliers ont vu le jour dans différentes régions de la France, offrant aux propriétaires d’animaux endeuillés un lieu où ils pouvaient pleurer et se recueillir. Mais ils ne suffisent pas à satisfaire la demande.
En France, de plus en plus de communes sont confrontées à une augmentation des demandes d’enterrement d’animaux domestiques. Cela est dû à l’attachement fort des Français envers leurs animaux, avec près d’un ménage sur deux possédant un animal. Cependant, la loi interdit l’inhumation d’un animal dans une tombe humaine ou d’y déposer ses cendres. Cette interdiction a été confirmée par le Conseil d’État en 1963, qui a invoqué la notion de dignité des morts pour justifier la séparation stricte des espaces funéraires pour les humains et les animaux domestiques.
Problèmes de riches ou symbole de l’évolution de la société, les cimetières pour animaux vont constituer une problématique, certes secondaire, mais tenace, au cours des prochaines années. Le développement du parc français nécessiterait des investissements, et donc une professionnalisation. Est-ce viable ? L’avenir le dira. Peut-être un nouveau métier à inventer.
Guillaume Bailly