Proposer un soutien émotionnel à une famille en deuil en les orientant vers une structure associative est fréquent pour les sociétés de pompes funèbres. Attention néanmoins à la qualité du partenaire proposé, dans ce moment sensible.
Skippy le grand gourou
Dans la plupart des pompes funèbres, on peut trouver à disposition des cartes, voire des petits dépliants, de groupes de soutien psychologique, de groupes d’entraide, et autres structures d’accompagnement dans le deuil. C’est normal : parmi les proches, certains affrontent un deuil particulièrement difficile, d’autres abordent la perte particulièrement difficilement.
L’exemple typique est celui des parents ayant perdu un enfant : isolé face à cette épreuve terrifiante et rare, le meilleur moyen de les aider est de les orienter vers un groupe de parole où d’autres parents ayant subi une épreuve similaire sauront les écouter, les guider, les conseiller.
Mais les situations sont multiples, perte d’un conjoint, d’un proche auquel on était particulièrement attaché… C’est vers la pompe funèbre, qui se trouve à l’intersection des activités autour de la mort, que les familles peuvent se tourner pour être orientées vers quelqu’un qui saura les écouter, les comprendre et les guider.
Mais le deuil est un moment de fragilité et de vulnérabilité psychologique intense, et les familles vulnérables attirent la lie de l’humanité : charlatans, gourous et autres qui, sous des dehors de bienveillance et de sérénité new age, ne courent en fait que derrière un unique objectif : se remplir les poches de l’argent des autres.
Paranoïa ? Mauvais scénario de polar ? Pas selon la Miviludes, Mission de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires, organisme gouvernemental chargé de coordonner et d’investiguer les signalement qui lui sont fait. 38 % des signalement concernent le domaine de la santé et du bien-être, un chiffre en constante évolution.
Sans aller jusqu’à la dérive sectaire, avec emprise psychologique et suppression des liens sociaux, il y a aussi le charlatanisme simple, qui consiste à monnayer cher une solution inefficace et pseudo-scientifique.
La responsabilité des pompes funèbres
Juridiquement, il n’y a pas de contrainte légale pour les pompes funèbres qui tendraient la carte d’un gourou à une famille, du moins si c’est fait en toute bonne foi et sans connaître la nature réelle de l’individu. Mais il y a une contrainte morale, celle de la responsabilité vis à vis des familles qui nous font confiance.
Aussi, avant de proposer un organisme de soutien à une famille, une petite vérification peut toujours être utile. A commencer par discuter avec les personnes, pour savoir à qui vous avez affaire. Si il s’agit, comme dans l’exemple plus haut, d’un groupe de parole de parents ayant perdu un enfant, la vérification devrait être simple.
Pour les associations, en revanche, rien ne vous empêche de vous renseigner un peu plus. Sur le site de la Miviludes, vous trouverez des contacts régionaux, d’associations s’occupant de dérives sectaires, la plus connue, et présente partout sur le territoire, est l’Unadfi (Association de Défense des Familles et de l’Individu), mais il en existe d’autres, locales ou régionales, également reconnues par la Miviludes. Un petit coup de fil sur le thème « bonjour, est-ce que vous connaissez ces gens ? » ne sera jamais mal perçu.
Quelles que soient vos croyances, méfiez-vous par dessus tout des pseudo-sciences : libre à vous de croire, mais orienter les familles vers un professionnel ou une pratique qui vous plaît est du prosélytisme. Et même une pratique qui vous semble anodine et bienveillante, comme la méditation, peut s’avérer dangereuse.
Pour plus de détails, une seule référence, le livre « Gare aux gourous » de Georges Fenech, ancien président de la Miviludes. Vous serez surpris de voir le nombre assez extraordinaire de méthodes que certains ont inventées pour se remplir les poches au détriment de leur prochain.
C’est une démarche à faire, qui ne prend pas beaucoup de temps. Savoir vers qui orienter une famille qui a besoin de soutien est un indispensables des pompes funèbres, mais savoir ne pas les jeter dans les mains d’un salopard est un indispensable des bonnes pompes funèbres.
Le site de la Miviludes : https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/
Un article de l’Unadfi sur les dérives dans le domaine psy : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/psychotherapie-et-developpement-personnel/la-psychanalyse-le-transfert-la-secte/
Guillaume Bailly