On assiste à une véritable offensive de la « médecine douce » et de certaines formes de charlatanisme sur les chaînes de Radio France, financées avec nos impôts. Peut être est-il temps de rappeler que ces « médecines » tuent allègrement leurs patients. Première partie, les anecdotes.
Ils sont partout, dans nos villes, dans nos campagnes
Permettez, une fois n’est pas coutume, que je commence ce récit par une anecdote personnelle (le « une fois n’est pas coutume » est faux, je passe littéralement ma vie à la raconter).
Un jour que je souffrais d’une longue et douloureuse maladie que la science semblait impuissante à soigner (je traînais un rhume depuis la veille), j’entrai dans une pharmacie pour demander un médicament apte à soulager un peu les symptômes. Une vendeuse me proposa des cachets à base de plantes.
Ronchon, je lui signifiais que, si je me rendais dans une pharmacie, c’était pour acheter des vrais médicaments, et que, si je voulais de l’herbe, j’aurais été au supermarché pour acheter de la tisane. Elle me soutint que c’étaient de vrais médicaments, à bases de plantes, et, comme ils étaient inoffensifs, ils n’avaient pas besoin de suivre le parcours habituel.
Intrigué par son aplomb, je lui demandais si il y avait des études scientifiques. Elle m’assura, yeux dans les yeux, que oui. Je cédai donc, achetai la boîte, et, rentré chez moi, pris un cachet. Difficilement, parce que, sorti de son emballage, il avait une odeur âcre qui était un avertissement, comme je le découvris, de son goût immonde.
Puis je me rendis sur internet pour en avoir le coeur net : elle m’avait assuré qu’il y avait des études, je voulais vérifier. Et, effectivement, elle n’avait pas menti. Rappelons à ce stade que je lui avais demandé si il y avait des études, et pas ce qu’elles disaient.
Su ce « médicament » précis, donc, vendu en pharmacie et conseillé par une préparatrice, vêtue d’une blouse blanche et supervisée par un pharmacien diplômé, il y avait trois études. La première disait que les résultats étaient insuffisants pour conclure à une quelconque efficacité, et les deux autres disaient que l’efficacité était inférieure ou égale à celle d’un placebo. Bref il y avait des études, qui disaient toutes que ça ne marchait pas.
Courageusement, j’affrontais mon rhume et, deux jours plus tard, je guéris, sans l’aide des plantes.
On l’a pris pour une pomme
Il y a des choses plus graves qu’un rhume.
Un jour, un homme alla voir son médecin : il avait mal au ventre. Le médecin l’envoya faire des tests, et le verdict tomba : cancer du pancréas. Mais pas LE cancer du pancréas, plutôt une forme rare, qui pouvait se soigner très facilement, une petite opération et on n’en parlais plus. Le coup de bol incroyable.
Après avoir convenu d’une date pour l’opération, l’homme rentra chez lui. Et il appela ses soignants habituels : son homéopathe, son acupuncteur, son chaman magnétiseur, toute la clique, qui, unanimes, le lui dirent : la chirurgie était une violence contre son corps, il devait la refuser et soigner son cancer par la méditation et les plantes.
L’homme appela donc ses médecins pour annuler l’opération, à la surprise et la consternation de ceux-ci.
Les toubibs le virent revenir neuf mois plus tard, toujours avec son mal de ventre, qui ne passait pas malgré les heures de méditation et les kilos de remèdes ancestraux qu’il absorbait, à prix d’or. Ils firent de nouveaux examens, et le constat était sans appel : le cancer facile à soigner n’avait pas été pris dans les temps, il avait métastasé, et leur patient était foutu. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était prolonger un peu sa vie.
Ils y arrivèrent pendant neuf ans, avant que leur patient ne finisse par mourir. Aujourd’hui encore, il y a débat : la cause de se mort est elle le cancer ou le retard de soins ?
Le lecteur intelligent se dira que le patient était certainement un imbécile, un homme à l’intelligence faible, sans connaissances scientifiques. Votre serviteur a un doute là dessus. Il avait monté une petite société qui ne marchait pas trop mal grâce à son génie visionnaire : Apple. Et son nom était Steve Jobs.
La mort, c’est trop mortel
10 H 23 : c’est l’heure que choisissent, régulièrement, dans le monde entier, des groupes de personnes pourtant saines de corps et d’esprit, pour commettre un suicide collectif.
Il se donnent rendez-vous, souvent devant des lieux symboliques, et, à l’heure précise, absorbent ensemble des doses considérables de poisons divers choisis pour être les plus violents de la planète. Ceci fait, ils se saluent et rentrent chez eux en sifflotant, pour poursuivre leur vie.
Un détail que j’avais omis de signaler : tous ces poisons étaient soigneusement préparés selon les précepte homéopathiques. Le tout pour démontrer que l’homéopathie était totalement inefficace.
Pour l’anecdote, l’heure choisie, 10 H 23, est une référence au taux de dilution maximum conseillé en homéopathie, 10 puissance 23. Ce qui, pour n’importe quel produit, correspond à un atome dans huit fois l’univers observable. Et qui donc est censé se trouver précisément dans le cachet que vous avalez. Sacré coup de pot.
Ce contexte posé, il est temps de taper sur Radio France, dans le prochain article. Il semble en effet que la radio financée avec les impôts des français souhaite devenir un des plus importants apporteurs d’affaires du monde funéraire.
Guillaume Bailly