Les startup, dans le funéraire, sont assez rares. Et elles partagent des caractéristiques en commun : elles sont généralement mauvaises camarades, n’hésitent pas à déformer la vérité, et font faillite très rapidement. Dernier exemple en date.
Tronc commun
Pardon de commencer cet article par une anecdote personnelle, mais voilà quatorze ans maintenant que votre serviteur écrit et commente à propos du monde du funéraire dans la presse spécialisée, et, dans cet intervalle, des startup, j’en ai vu. Certaines étaient intéressantes et leur faute a sans doute été d’arriver trop tôt. D’autres, en revanche, ont un peu mérité ce qui leur est arrivé.
Ne soyons pas, à priori, négatifs par principe sur le petit monde des startup du funéraire. Après tout, pourquoi pas un peu de modernité ? Le problème, c’est quand ces jeunes pousses éprouvent le besoin de dénigrer l’ensemble du funéraire pour exister. Souvent avec un narratif commun. En général, le créateur était à un enterrement, et à été frappé de voir à quel point les pompes funèbres semblaient sorties d’un passé qui n’avait plus sa place.
Donc, dans Forbes, en cette fin novembre, on nous parle d’une start up du funéraire que je ne citerai pas pour tout un tas de raisons. L’article est facile à retrouver. Et nous allons en faire une lecture commentée.
Dès le chapeau, le ton est donné : le journaliste explique que la créatrice souhaite réinventer les codes du secteur pour offrir un service de qualité, plus éthique et humain. Ça commence très bien, cette histoire. Chers professionnels qui me lisez, sachez le : selon Forbes, vous êtes potentiellement des psychopathes sans foi ni loi. Ou j’ai mal compris.
Au début de l’interview, la créatrice détaille son parcours : elle était directrice marketing dans un gros groupe spécialisé dans l’immobilier d’entreprise. Aucun doute que, dans ce secteur, elle a pu acquérir d’immenses qualités d’éthique et d’humanité. C’est en accompagnant une amie à des obsèques qu’elle s’est rendu compte à quel point le service était nul. Jusqu’ici ça va, toutes les cases sont cochées, une histoire déjà entendue, oh, quoi ? 200 fois ?
Elle prétend remettre du bon sens dans le secteur funéraire, qui est très fantasque, c’est bien connu, et rappelle que c’est un métier de services et non de commerce « comme il l’a toujours été exercé » je cite. Sans rire ? Et bien, merci madame, il aura fallu attendre 2024 pour que nous le sachions, grâce à l’éclairage de votre sagesse. Et, pour votre gouverne, les pompes funèbres sont effectivement essentiellement un métier de service, mais qui présente un aspect commercial. Sinon, il n’y a pas de cercueil, par exemple.
Et ça, on le sait depuis… Et bien depuis que le métier existe. Je ne sais plus en quelle année ça remonte, mais Jésus Christ n’était pas né ; Et c’était un mardi. Certes, à l’époque, le cercueil n’existait pas, mais il fallait payer le bois pour le bûcher, par exemple.
Sur l’offre, elle explique qu’elle a fait le choix de présenter quatre cercueils, au lieu d’une quarantaine chez la concurrence. Parce que la profession a un catalogue de plus de quarante cercueils quasi systématiquement ?
Madame, si vous tombez sur cet article, je vous met au défi de me trouver une agence de pompes funèbres qui propose quarante cercueils à son catalogue. Je ne parle pas d’un groupe, puisque vous citez nommément les PFG et Roc’Eclerc comme vos cibles, mais d’une agence. En général, il y a une douzaine de propositions, partagées entre inhumation et crémation, et soigneusement sélectionnées pour tous les budgets.
Détail amusant, vous affirmez que les cercueils peuvent aller jusqu’à 3000 euros. Dites, vous avez étudié le marché ? Certains cercueils peuvent atteindre les 7000 euros. Ils ne sont pas vendus souvent. Et si certains cercueils sont proposés à 3000 euros, ce ne sont généralement pas ceux que les familles achètent. Ni ceux à 7000, évidemment.
Vous affirmez que les marges sur les cercueils sont celles pratiquées dans le secteur du luxe. Peut-être, je ne connais pas, contrairement à vous visiblement, les marges dans le secteur du luxe. Pas les moyens. Mais par contre, la marge sur le cercueil est effectivement importante, parce qu’elle coïncide souvent avec la marge totale sur le convoi. Je ne dis pas toujours, je dis souvent. C’est grâce à ça qu’il y a encore des pompes funèbres en France. Poursuivons.
Vous expliquez que vos agences sont toujours à l’étage pour préserver l’intimité des familles. Là dessus, rien à redire. Nous, on préfère souvent le rez-de-chaussée pour favoriser l’accessibilité aux personnes âgées, et, pour l’intimité, nous avons des salons de réception. Mais chacun son truc.
OGF et Funecap en PLS
Un passage, en revanche, est très intéressant, et je vais le citer in extenso : « Le marché funéraire est largement dominé par Pompes Funèbres Générales et Roc Eclerc. Il s’agit donc d’une situation d’oligopole dont les conséquences sont souvent les mêmes : une pratique de marges abusives car la concurrence est quasi inexistante et une expérience abîmée. Plusieurs reportages médiatiques et rapports de la DGCCRF ou de UFC Que Choisir ont aussi mis en lumière ces pratiques douteuses mais cela n’a pas réellement changé la donne ».
Note pour moi-même avant de poursuivre l’article : songer à demander à OGF et Funecap si ils ont déjà entamé des poursuites en diffamation. Et appeler tous les copains indépendants pour leur dire qu’ils n’existent pas, bien qu’ils représentent encore la moitié du secteur, ça va leur faire plaisir.
Effectivement, il y a de enquêtes de UFC Que choisir qui ont dénoncé certaines pratiques qu’ils jugeaient, sans doute à raison, abusives dans certaines sociétés très précisément ciblées, mais en aucun cas, L’UFC n’a jeté le discrédit sur le funéraire français dans son ensemble. Ni même sur l’ensemble des deux groupes que vous citez, Madame.
Une phrase m’a fait sourire : « peu de startup se sont intéressée au secteur ». Madame, vous avez étudié le marché avant de vous y lancer ? Si, plein de startup se sont intéressées au marché. 99,99 % d’entre elles ont disparu corps et bien moins d’un an après.
On apprend que leurs conseillers sont formés par l’académie interne de la startup. Et que certains mots sont évités. « Dépouille », « dossier », « dépositoire ». C’est bien. Ce que ça nous apprend, c’est que vous avez fait des investissements. En achetant un dictionnaire des synonymes, peut-être. Elle précise que, dans les groupes cités, les conseillers ne sont pas animés de mauvaises intentions, juste très mal formés.
Pense-bête : vraiment penser à poser la question aux intéressés pour cette histoire de diffamation.
Au contraire, la formation du groupe OGF a longtemps été considérée comme l’école d’excellence du funéraire français, à tel point que le groupe en avait marre de voir ses recrues, l’encre du diplôme à peine sèche, débauchées par la concurrence. Pourquoi j’en parle au passé ? Parce que Funecap a aussi ouvert son école, et vise le même niveau, tandis que les centres de formation indépendants ont émergés et mis la barre également très haute pour certains. La formation funéraire française a aujourd’hui atteint un niveau d’excellence, en mêlant formation théorique et sur le terrain. Mais attention : si vous sortez diplômé de l’école OGF, vous aurez toujours beaucoup de facilités à retrouver un poste.
Enfin, cette dame reproche au secteur du funéraire sa lourdeur administrative et son passéisme. Je résume. Alors, pour la lourdeur administrative, il va falloir que vous vous intéressiez à un truc qui s’appelle la loi.
Et pour le passéisme supposé, et bien vous auriez du mieux étudier votre sujet : le secteur funéraire s’adapte et propose de nouvelles choses, par petites touches, mais ce n’est pas lui qui décide : il répond aux demandes des familles. Le problème, donc, si problème il y a, ce ne sont pas les pompes funèbres, ce sont leurs clients.
Enfin, on apprend que votre société ouvrira des agences dans les grandes villes, « où il y a des besoins ». Donc, soit vous pensez que dans les villes moyennes et petites, on ne meurt pas, soit qu’on peut continuer de s’y faire enterrer par les abominables personnes que vous dénoncez ? Ou, peut-être que vous ciblez un certain type de clientèle qui ne se trouve que dans les grandes villes ? J’ai pas dit « bobo », pas taper.
Madame, sincèrement : je ne vous souhaite que du bien. L’arrivée d’une nouvelle pompe funèbre, avec une nouvelle offre, est toujours intéressante à observer pour le commentateur que je suis. Et de nombreux témoins sauront vous dire que j’ai toujours encouragé ceux qui se découvraient une vraie vocation pour ce métier.
Mais il y a un chose à laquelle je n’ai jamais dérogé, c’est de ne respecter que ceux qui souhaitent s’y faire leur place grâce à leur compétences, pas en insultant la profession toute entière. Ce que vous faites, Madame. Ce n’est pas bien. Cordialement.
Guillaume Bailly
Bonjour à tous
D’ ailleurs ce sont les mêmes qui mettent dans leurs statuts » ventes et locations de concessions funéraires »
Quelle méconnaissance des lois!!!!
Et qui disent qu’ils peuvent aller à domicile !!!!
Bonjour,
Juste uen précision : rien n’empêche un conseiller funéraire, par exemple, d’aller à domicile poru organiser les obsèques, à la demande de la famille. C’est le démarchage qui est interdit. Mais si, pour X ou Y raison, la famille souhaite que le conseiller se déplace, il en a le droit.
En revanche, « vente et location de concessions funéraires », effectivement, c’est très drôle. Sans doute leur chargé marketingtravailait dans les chapiteaux de jardin, avant.
Monsieur Bailly,
Quel bonheur de vous lire, cela fait 7 ans que j’ai créé un réseau de franchise et jamais je me serai permis le quart du dixième de cette dame. En effet, son carnet d’adresse lui a permis de lever beaucoup d’argent. C’est très facile avec l’argent que l’ô vous donne, de donner des leçons de savoir être et d’éthique professionnelle. D’ailleurs, est ce que cette dame a déjà reçu une famille endeuillée !!!!
Bref, vous avez remis l’église au milieu du village et votre analyse sur les start up est plus que vérifiable. Dernière exemple en date : Life
Révolutionner le secteur funéraire est une insulte, nous pouvons dépoussiérer ou même améliorer, mais jamais révolutionner.
J’ai été écouté tous les podcast où elle est intervenue, et je n’ai pas eu le sentiment qu’elle dénigre les petites agences. Elle a sa vision qu’elle applique à son entreprise, mais ne vous l’impose pas. Elle parle effectivement des gros c’est vrai, elle en parle beaucoup. Peut être vouliez vous qu’elle fasse la promo des petites structures ? ce n’est pas son rôle. Je vois beaucoup de personnes s’offusquer, mais ces personnes ne sont pas concernées par son discours. Si elle vise un certain type de client, ok , grands bien lui fasse. Je ne vois pas en quoi cela fait du tord à la profession. Vous faites allusion aux catalogues, qu’en réalité ce ne sont que les gros qui en proposent autant – ok c’est ce qu’elle dit-; vous dites que les petits en proposent 12, et même ça c’est trop; ça n’a selon moi aucun intérêt.
Dans votre analyse, vous lui donnez un peu raison.. Quand vous dites « Et que certains mots sont évités. « Dépouille », « dossier », « dépositoire ». C’est bien. Ce que ça nous apprend, c’est que vous avez fait des investissements. En achetant un dictionnaire des synonymes, peut-être. », est ce grave d’utiliser des mots différents ? les mots ont un poids !
Bref j’y vois un soupçon de jal…. , avec très peu d’objectivité.