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UFC et la Toussaint, que choisir, rire ou pleurer ?

Chaque année, la Toussaint revient, et, avec elle son cortège d’enquêtes sur le scandale des pompes funèbres. Parce que c’est vrai : nous sommes des voyous sans scrupules qui violons la loi et profitons du deuil des familles, c’est bien connu. Mais pire que tout, imaginez : nous essayons de suivre l’évolution de la société. Sacrilège !

Un premier novembre sans tension ?

L’UFC – Que choisir avait dévoilé dès septembre les résultats d’une enquête sur les « contrats obsèques », absolument désastreuse comme de bien entendu, qui aurait pu faire la une des journaux.

Erreur stratégique de la part de l’association de consommateurs, puisque lorsque le deuxième volet est paru, fin octobre, la presse a eu l’impression d’en avoir déjà parlé.

Vous noterez au passage que « contrats obsèques » est entre guillemets, puisque l’enquête portait principalement et presque essentiellement sur les produits bancaires. A ce propos, nous ne pouvons que vous renvoyer sur cet article.

Mais c’est la chance du secteur pour cette Toussaint 2019 : une erreur de débutants dans la publication de résultats d’enquête et un oubli des priorités de la presse dans une époque très chargée. La Toussaint est un marronnier qui occupe l’espace, et quand l’espace est déjà occupé, le marronnier prendra la place minimum, quelques articles le jour J. Dès le 2 novembre, jour réel de la fête des morts, tout cela sera déjà oublié.

Tout de même, diront les professionnels du secteur, quelle manie pousse ainsi les magazines de consommateurs à s’acharner sur notre profession ?

Des réponses à l’UFC ?

Alors, oui, il existe une réponse simple à l’UFC, qui est que leur enquête se place d’un strict point de vue du consommateur sans se soucier le moins du monde des contraintes techniques des opérateurs de pompes funèbres.

Par exemple, le prix de l’ouverture du caveau : l’UFC signale que, selon les devis, le tarif varie de 95 à 880 euros. Et ? De quoi parle-t-on ? D’un caveau à accès par le dessus ou par une dalle située alentours ? D’un démontage pour l’inhumation d’un cercueil ou du soulèvement de la stèle pour y déposer une urne ? Il y a des réductions à faire ? On ne le sait pas.

UFC Que Choisir souligne aussi le prix des crématoriums, qui varie selon les régions de 297 à 1185 euros. Et bien… Oui, nous sommes tout à fait d’accord. Tournons-nous ensemble vers les responsables de cette situation, les élus qui fixent les prix, pour demander des comptes. A titre informatif, j’avais écrit une fois un article à ce sujet, en demandant où passait l’argent. La seule réponse que j’ai eue, c’est une menace de procès si je ne retirai pas immédiatement la publication.

Les réponses de l’UFC

Mais la plus vaste blague est ce que préconise l’UFC pour servir au mieux le consommateur : refondre le devis-type et harmoniser prestations et gammes. Prenons un instant, si vous le voulez bien, pour pouffer tous ensemble.

Depuis des années, la laïcisation des obsèques et le développement des cérémonies civiles a poussé les pompes funèbres à développer la personnalisation. Certains convois sont quasiment du sur-mesure, à la demande de la famille. C’est à la fois une réponse aux besoins des familles, et une façon pour les pompes funèbres de se distinguer dans une environnement concurrentiel de plus en plus difficile et voulu comme tel.

Ce que propose l’UFC – Que choisir, c’est juste revenir aux années 1970, sans le monopole. Des classes d’enterrement identiques entre pompes funèbres, et des familles qui choisiront leur opérateur en fonction du prix inscrit en bas du devis. La personnalisation, la confiance dans le conseiller, le travail de deuil de plus en plus personnalisé, balayés. Et des porteurs en pantalons pattes d’éléphant qui écoutent ABBA dans le corbillard, tant qu’à y être ?

C’est tout le paradoxe : l’enquête de l’UFC dénonce comme du vol le travail qualitatif d’évolution et de remise en cause qui a été fait ces dernières années par le secteur, en s’appuyant sur un modèle, le devis-type, qui a largement démontré sa vacuité. L’UFC s’appuie sur des chiffres en délaissant complètement le côté humain du métier, qui est primordial, mais qui a un coût.

Attention, tout n’est pas parfait. Il y a, dans notre profession, des margoulins, et même si ils sont minoritaires, voire ultra-minoritaires, nous ne nieront pas qu’ils existent. C’est al seconde préconisation de l’association de consommateurs : durcir les sanctions et mettre plus en jeu le renouvellement des habilitations. Oui, effectivement, il serait temps.

Bref, vous l’aurez compris : pour plaire à l’UFC, surtout, ne faites rien, et si possible, faites le bénévolement. Une réponse de mauvaise foi ? Oui, mais ce n’est pas moi qui a commencé.

Guillaume Bally

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