Business plan

Vague d’étranges demandes de devis

Une vague d’étranges demande de devis inonde actuellement des pompes funèbres à travers la France. Provenant d’adresses différentes, ces mails sont pourtant tous bâtis sur le même modèle, et des similitudes font s’interroger les pompes funèbres : qui et pourquoi ? On a (presque) une réponse.

Le mail sonne toujours deux fois

C’est une mère, une tante, parfois un père ou un oncle, mais majoritairement une femme, qui est décédée. La mort est survenue à La Garde, à Saint Tropez, à Biarritz, toujours dans la zone géographique de la pompe funèbres qui est contactée. La famille souhaite un placement en chambre funéraire, un cercueil et capiton pour la solution la plus économique, une crémation avec dispersion des cendres ou un enterrement, des soins.

Quoi de plus classique ?

Là où ça commence à devenir étrange, c’est que la famille a des problèmes de téléphone et ne peut être jointe directement. Ce qui est curieux : soit toute la famille a cassé son téléphone en même temps, soit c’est une personne absolument seule au monde, mais dans ce cas, il y en a beaucoup, qui perdent un proche et cassent leur smartphone tous en même temps. La poisse.

Encore plus bizarre, quand la pompe funèbre, plutôt que d’envoyer un devis, pose des questions complémentaires, silence radio.

Dans le petit milieu du funéraire, tout finit par se savoir. Deux professionnels discutent, un parle à l’autre du devis bizarre qu’il a reçu, l’autre lui répond que lui aussi a reçu quelque chose de semblable, et de fil en aiguille, les confrères se voient poser la question « avez vous reçu une demande qui sorte de l’ordinaire ? » et c’est curieux que vous posiez la question, parce que, justement…

Des scénarios pour Netflix

Arrivé à ce stade, il est aisé de constater que la campagne est bien organisée, et qu’elle se donne les moyens : chaque mail est différent, il ne s’agit pas de copier-coller envoyés à toutes les agences. Et c’est la deuxième vague : une tentative avait déjà été faite il y a quelques mois.

Trois hypothèses sont alors plausibles.

La première, un concurrent qui va à la pêche aux informations. Fort peu probable, mais nous y reviendrons tout de même…

La seconde, une étude. D’emblée, on écartera les associations de consommateurs : même si beaucoup de temps a été passé à rédiger ces courriels, c’est beaucoup trop amateur. Les grandes associations de consommateurs sont des professionnels aguerris, ils n’utilisent pas des méthodes digne d’un gratteur sur un site de rencontres.

La troisième, justement, un gratteur. Un gratteur, c’est une personne qui se fait passer pour une autre sur internet pour obtenir de l’argent. Sur les sites de rencontres, il y en a pléthore, c’est la jeune fille de 25 ans avec un bonnet F qui va tomber folle amoureuse d’un homme de 60 ans un peu esseulé, ou son équivalent masculin pour les femmes, avec les abdos en forme de tablette de Galak.

Cette piste ne semble pas être la bonne : la suite logique voudrait que, consécutivement à l’envoi du devis, un mail annonce qu’il est accepté et demande le RIB de l’agence pour faire un virement. Nous avons échangé avec deux professionnels qui ont envoyé des devis, l’un bidon, l’autre a envoyé une offre standard qui se trouve au vu et au su de tous sur son site internet, et aucun des deux n’a reçu de réponse.

Suspects habituels

Cela fait plusieurs mois que votre serviteur suit cela de près, et un certain nombre d’indices convergent vers un suspect. Mais pas de preuve formelle, aussi ne donnerons nous pas de noms.

Disons juste que le profil que nous avons pu dresser est celui de personnes extérieures au monde du funéraire, mais qui désireraient s’y implanter pour « révolutionner » la profession (oui, il y en a des centaines chaque année). Diplômés d’écoles de commerce, ils disposent de moyens financiers importants. Leur projet, extrêmement toxique, consiste à capter l’aspect le plus lucratif de l’activité en laissant les pompes funèbres de terrain faire le sale travail. Vendre le cercueil et le monument, et vous laisser creuser le trou.

Bref : ils ont des diplômes, de l’argent, mais ce sont des rigolos qui jouent aux pirates. Le mieux à faire est de les traiter avec un silence méprisant, en attendant qu’ils se plantent, comme les dizaines d’autres qui, avant eux, on essayé.

Guillaume Bailly

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