Entreprise

2024, l’année des indépendants ?

Et si les phénomènes, sympathiques comme désagréables, constatés depuis quelques mois, voire années, dans le funéraire, étaient à l’avantage des indépendants ? Et si l’année 2024 était leur année ? Prospective, certes, mais pas dénuée de fondement.

Agile et souple

Permettez moi, une fois n’est pas coutume (si ? Ah, bon), de commence cet article par deux parenthèses personnelles. Tout d’abord, en vous présentant mes vœux, et ceux de toute l’équipe de Funéraire Actualités, pour cette année qui s’annonce. Qu’elle soit excellente, tant pour vous que pour vos proches.

La deuxième parenthèse est un souvenir. J’ai travaillé dans une très, très grosse société de pompes funèbres. Une année, quelques collègues étaient partis au salon du funéraire, sur leur temps libre, et en étaient revenus avec beaucoup de souvenirs, mais encore plus de photos et de catalogues. Et, à la pause café, nous feuilletions tout cela, émerveillés par l’imagination et parfois le talent de certains créateurs.

Alors que j’admirais une nouvelle plaque funéraire, très originale, un collègue se tourna vers moi et me dit « patience, on les auras. Dans cinq ans ».

Et, en le sachant pertinemment, il soulevait un problème que rencontrent tous les entrepreneurs : plus la structure est grosse, plus elle est lente. La chaîne de décision est longue et multiple, il faut que quelque décide que le produit est intéressant, le fasse valider par deux ou trois étapes hiérarchiques, que des acheteurs négocient un tarif, que le budget soit dégagé, que le service marketing décide de la façon de les commercialiser… Et puis, un petit fabricant n’a pas les mêmes contraintes ou délais quand un indépendant vient lui commander 20 produits que quand une grosse structure vient lui en demander 30 000.

Jusqu’ici ça fonctionnait, parce que ces produits étaient un marché d’offre. Sauf que, voilà, subtilement, le funéraire est devenu un marché de demande. On demande des pompes funèbres spécialisées pour une affirmation identitaire, on demande des cercueils écologiques pour des obsèques bio, on demande ce service qui résilie les abonnements EDF et Netflix du défunt… On demande aussi une cérémonie civile personnalisée.

Et une demande spécifique sur un produit nouveau ne pourra pas être traitée de la même façon quand le conseiller funéraire doit, selon où il travaille, appeler son responsable d’agence qui transmettra ou appeler son patron qui décidera. Dans une pompe funèbre indépendante et de taille humaine, rentrer au catalogue un produit qui n’y était pas la veille est souvent plus simple.

Et, face à la monté des demandes identitaires et/ou militantes (on pense aux écologistes), face à la baisse du pouvoir d’achat, également, face aussi à la baisse du religieux qui demande d’inventer une nouvelle forme de ritualisation, les pompes funèbres vont sans doute se retrouver de plus en plus souvent confrontées à des demandes inédites et spécifiques, que toutes pourront résoudre, certes, mais que la souplesse des petits structures indépendantes leur permettront de résoudre plus rapidement.

En réalité, c’est déjà le cas, du moins selon les remontée de terrain.

Certes, les grosses structures ont aussi leurs atouts, nous y reviendrons un jour. Mais la conjoncture est favorable aux petites structures souples qui savent s’adapter. Réconfortant pour ceux qui se demandent quel est l’avenir du funéraire indépendant : non seulement, il restera indispensable, mais de surcroît, c’est là qu’il sera le plus intéressant de travailler. Et puisqu’il paraît qu’il faut faire 30 minutes de sport par jour, essayez le yoga.

Guillaume Bailly

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