Si toute l’année vous croulez sous le travail, heureusement les vacances sont là pour vous détendre sans laisser de côté la passion du métier. Oh, pardon, elles sont déjà finies ? Alors, pour la culture générale, et pour celles de l’année prochaine, parlons de tourisme funéraire.
Père Lachaise plage
Si vous vous promenez aux abords du Père Lachaise une après-midi, vous verrez des petits groupes attendre, puis suivre une personne à l’intérieur du cimetière. Ce sont des touristes qui suivent un guide, qui va, à travers une visite guidée et commentée, va leur faire découvrir des monuments et leur histoire. Un peu comme au musée donc ? Exactement comme au musée.
Mais si le Père Lachaise, de part sa situation, son étendue et son histoire est propice à faire vivre toute une économie autour de cette activité, bon nombre de cimetières anciens sont, eux aussi, plein d’histoires et d’Histoire.
On peut comprendre que certains trouvent ça macabre : visiter des tombes ? Drôle d’idée. Pourtant, cela se pratique depuis longtemps. Rappelons tout de même que les Pyramides en Égypte ou le Taj Mahal en Inde sont des tombeaux. Et qui ne va pas visiter le cimetière en passant par les plages du débarquement en Normandie ?
Et un cimetière un peu ancien est la mémoire d’un lieu. Y sont enterrés les personnages célèbres, les familles prestigieuses qui ont bien souvent modelé la ville, il contient des merveilles et spécificités architecturales qui sont le reflet d’autant de personnalités, voire de faits historiques.
Tenez, prenons la ville de Landerneau, où voter serviteur habite. A priori loin des tumultes et fracas de l’histoire comme la capitale peut en offrir, son cimetière offre pourtant des particularités. Comme cet alignement de tombes. C’est la dernière demeure de malgaches, venus aider à reconstruire après la première guerre mondiale. Venus gagner de l’argent pour aider leurs familles au pays, ils mourront de maladie, certains expliquant qu’ils n’ont pas supporté le changement de climat et les conditions difficiles d’après guerre, d’autres que c’est la grippe espagnole qui les a emportés. Et vous voilà transporté à une époque, avec un champ de connaissances passionnantes à explorer : la reconstruction après la première guerre, l’histoire des colonies, les grandes épidémies.
Chaque ville dispose d’un musée gratuit et en libre accès, pour peu qu’elle s’en donne la peine : son cimetière. Il suffirait parfois d’un petit panneau, à l’entrée ou à côté des tombes. Pourquoi aller visiter le cimetière de Douarnenez (non, cet article n’est pas sponsorisé par le département du Finistère?) pour voir la tombe de Laennec, inventeur du stéthoscope, pardi. Ou aller à Pluneret, dans le Morbihan, se recueillir sur la tombe de la Comtesse de Ségur.
On dirait parfois que la France a peur de ce patrimoine, comme le dirait Roger Gicquel, enterré à Plouër Sur Rance, dans les Côtes d’Armor. Notons que la Ville du Mans déploie actuellement des efforts pour mettre en avant ce patrimoine funéraire. Un exemple qu’il faudrait suivre.
C’est une chose dont les villes, mais aussi les marbriers et les pompes funèbres, devraient prendre plus conscience : le cimetière n’est pas un lieu encombrant et coûteux, il est une part de noter histoire, et de notre identité. Et il peut être amusant de se dire que, lorsque vous procédez à des obsèques, en quelques sortes, vous mettez en place une future exposition dans ce musée à ciel ouvert. Mais on peut le dire sans trembler : si vous voulez bien connaître un endroit, visitez son cimetière.
Guillaume Bailly
Tout à fait d accord. D ailleurs c est l’ un des lieux que je visite systématiquement lors de mes voyages. On en apprend beaucoup sur les gens et leur culture.
En France de nombreuses communes proposent la visite commentée de leur cimetière et ceux même de petites communes comme par exemple Barcelonnette.