Etude et Analyse

Etude sur le prix des obsèques, Simplifia et Silver Alliance répondent

A la suite de notre article quelque peu dubitatif sur leur étude concernant le prix des obsèques, Silver Alliance et Simplifia nous ont proposé d’en parler plus en profondeur. Voici les points principaux de l’échange.

Ouverture et transparence

Le premier point qu’il est important de souligner, c’est la volonté de Silver Alliance et Simplifia d’être transparents. Je m’étais étonné, par exemple, que l’étude ne soit pas disponible, mais je l’ai obtenue sur simple demande auprès de Silver Alliance deux heures après l’avoir demandée sans justifications (et une demi heure après que l’article ait été posté). Puis, plus tard dans la journée, c’est Simplifia qui m’a contacté pour me transmettre directement l’étude. Une claire volonté de transparence, donc.

Sur leur proposition, nous avons donc convenu d’un rendez-vous en visioconférence, avec Benjamin Zimmer, directeur de Silver Alliance, Maxime Nory, directeur et fondateur de Simplifia, et Kevin Pressaco, Manager de l’équipe chargée du développement de Simplifia. Plutôt que de retranscrire l’échange dans son ensemble, nous avons choisi de traiter les points soulevés par notre article, certaines critiques publiques émises, et les réponses qui y ont été données.

L’étude n’est pas une étude scientifique

« Ce n’est pas une étude scientifique, et ça n’a jamais prétendu l’être » explique Benjamin Zimmer. « Une de nos activités est de produire des baromètres. Nous en avons sur les senior et le sport, sur combien ça coûte de bien vieillir à domicile, entre autres. Silver Alliance regroupe une vingtaine d’entreprises, dont Simplifia, spécialisées dans la Silver Economie, l’économie qui tourne autour des personnes âgées. Nous ne cherchons pas à démontrer une hypothèse scientifique, mais à informer le public sur les coûts, des données qui intéressent aussi nos partenaires. Ceci dans le but de faire évoluer les choses. Et les retours que nous avons eus montrent que les résultats intéressent le grand public ».

Le prix obtenu par Silver Alliance et Simplifia

« Pour le prix obtenu, nous avons fait une moyenne des données collectées par les pompes funèbres, clients de Simplifia, ce qui représente 8 % du marché. Ce sont des pompes funèbres réparties un peu partout sur le territoire, dans des zones différentes, rurales, urbaines… Ensuite, nous avons extrapolé, en partant du principe qu’il n’y a aucune raison pour que les clients de Simplifia aient des différences énormes avec les autres pompes funèbres ».

Les manques dans l’étude

Nous avions souligné que de nombreuses informations manquaient dans l’étude. Par exemple, le coût mini et maxi des obsèques, la part des services optionnels (thanatopraxie) ou de la marbrerie, enter autres.

Benjamin Zimmer et Maxime Nory en conviennent « C’est la première fois que nous réalisons ce baromètre, et nous sommes bien conscients qu’il n’est pas parfait et peut être affiné, nous y travaillons déjà. Comme toutes les études que nous réalisons, il va évoluer dans le temps, justement en tenant compte de ces remarques ».

Le baromètre est donc exact en produisant une moyenne de prix des obsèques, mais ne reflète pas la variété des possibilités et du contexte socio-économique, ce dont ses créateurs ont conscience et qu’ils se sont fixés pour but d’améliorer dans le futur parce que oui, cette étude vise le long terme, et peut devenir, selon votre serviteur, un outil d’observation du marché intéressant.

Transparence de l’étude de Silver Alliance et Simplifia

L’étude vise principalement un public de plus de 60 ans, des personnes qui sont dans la défiance.

« Ce qui nous a plu » explique Maxime Nory « C’est l’approche sur un secteur trop méconnu. Dans les articles et études précédentes qui ont été publiés par d’autres, ce qui est pointé, c’est le manque de transparence et le prix des obsèques prévu comme élevé. Notre idée était justement de jouer le jeu de la transparence. L’objectif est que les personnes concernées puissent prévoir et anticiper ».

Le fondateur de Simplifia ajoute « au-delà du prix des obsèques, il existe beaucoup d’aides et de solutions méconnues. Le coût des obsèques est réel, il peut varier, mais l’objectif est que les gens soient informés, pour le préparer et y faire face ».

L’éthique et la collecte des données

L’étude a utilisé des données que Simplifia a collecté chez ses clients pompes funèbres qui utilisent son logiciel. D’où la double question : est-ce légal, est-ce éthique ?

Maxime Nory est clair et net : « C’est légal. Dans le contrat de nos clients, il est précisé que des données peuvent être collectées à des fins statistiques, ce qui est le cas ici. Mais attention : ces données sont strictement anonymisées. Si une dame va chez une pompe funèbre acheter un cercueil à tel prix pour son mari, nous ne savons rien de tout cela. La seule chose que nous collectons, ce sont des donnés statistiques entièrement anonymes ».

Là encore, force est de constater que Simplifia a raison : toutes les entreprises de la tech collectent des données, en ont le droit, et que ces données peuvent servir à faire évoluer certaines choses dans le bon sens, elles ont donc leur utilité. Notez que le moteur de recherches ou le réseau social grâce auquel vous êtes arrivés à cet article collecte plus de données sur vous, et sans la moindre éthique…

Maxime Nory tient à souligner : « cette étude est utile pour les personnes concernées, et c’est pour ça que nous l’avons fait. Simplifia n’a rien à y gagner ». Et, là encore, c’est vrai.

Conclusion

Si l’article initial contenait beaucoup de questions et un peu de sarcasme, force est de constater que Silver Alliance et Simplifia ne s’en sont pas offusqués, bien au contraire : durant tout l’entretien, ils ont joué le jeu de la transparence. Quand on y réfléchit, le prix annoncé est cohérent, avec l’inflation, entre autres.

L’intention, informer les familles pour qu’elles anticipent et aient le temps de se renseigner sur les moyens de financer et les aides auxquelles elles ont droit, est louable. C’est vrai que ce serait un comble de reprocher aux pompes funèbres de jouer la transparence, alors que le principal reproche qu’on fait au secteur est son manque de transparence.

Sur les données de l’étude, principal reproche qui lui est adressé, ses auteurs soutiennent qu’ils sont exacts, mais ont conscience qu’ils manquent de nuances. Ils ont l’intention d’affiner, dans les éditions suivantes, les données, tout en respectant le secret professionnel, a insisté Simplifia. Et ses auteurs sont très à l’écoute des remarques et suggestions pour l’améliorer, ce qui est sans doute le meilleur point.

Bref, faut-il tirer sur cette étude ? Non, définitivement non. La chose la plus intelligente à faire serait plutôt de s’en servir, elles a, après tout, été faite pour ça.

Guillaume Bailly

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