Budget serré

Flambée des prix du funéraire, la résistance s’organise (contre le funéraire)

Nous avons vu précédemment l’histoire de cette dame qui avait transporté elle-même, sur le siège passager de sa voiture, le corps de sa défunte mère, pour s’économiser le prix d’un transport. Parce que le funéraire est cher. Et certains y apportent une réponse, qui pourrait être pire que le mal.

Paris, ville (des) lumières ?

Honnêtement, si il y a bien une chose que votre serviteur déteste, ce sont les mauvais perdants. D’ailleurs, je ne manque jamais, lorsqu’ils gagnent contre moi à un jeu de société, de leur balancer le plateau à la figure pour les ramener à un peu d’humilité salutaire.

Et la Ville de Paris, du moins les édiles de la capitale, semblent appartenir à cette catégorie. On apprend en en effet par Le Parisien que, suite à la perte de l’appel d’offre pour la gestion des crématoriums par la régie municipale des pompes funèbres face à un groupe privé, le conseil municipal a décidé de réagir.

Leur idée ? Fonder une nouvelle institution publique destinée à offrir des obsèques à pris cassé aux parisiens. Le but ? « Lutter contre les entreprises spécialisées contre le deuil ». Parce que c’est mal, sans doute. Et cela leur permet aussi de se positionner pour le prochain appel d’offre.

Qu’attendre ensuite ? La régie municipale de boulangerie pâtisserie pour lutter contre les entreprises spécialisées dans le pain ?

Et on annonce des prix d’obsèques inférieurs presque de moitié à ceux habituellement constatés sur le marché. Ce qui est fort, très fort. Mais…

Questions gênantes

… Mais, déjà, pardon de faire preuve de lâcheté, quelqu’un pourrait se dévouer pour aller leur rappeler qu’il y a une dizaine d’années, la Régie des Pompes Funèbres de la Ville de Paris avait lancé un service low cost qui a été, économiquement, un semi-échec ?

… Mais aussi, aller rappeler à cette municipalité de gauche que le monopole des pompes funèbres a été aboli par la gauche, François Mitterrand et Jean-Pierre Sueur, parce qu’ils avaient bien vu que ça ne fonctionnait pas ? Parce que, oui, cette tentative de reprendre la main sur le funéraire en contrant le privé ressemble fort à une mise en place d’un nouveau monopole.

… Mais surtout, il va forcément y avoir quelqu’un (c’est moi, ça, hein) qui va poser des questions gênantes. Comme par exemple : on peut avoir les chiffres ? Parce qu’il n’est pas question de remettre en doute les tarifs annoncés, il est question de savoir comment vous parvenez à ce résultat ? Dites, vous n’avez pas l’intention de faire financer une partie de chaque convoi par le contribuable, tout de même ? Parce que ce serait de la concurrence déloyale, et illégal.

Réponses gênantes aussi

Vous trouverez bon nombre d’articles de votre serviteur, sur ce site, qui explique qu’une prise en main du coût des obsèques par une autorité politique aura pour conséquence inévitable une perte totale de la liberté funéraire. Surtout à cette époque où les décideurs gouvernent plus avec leurs idéologies qu’avec des idées. Et alors que, à l’inverse, de plus en plus de famille cherchent la personnalisation du convoi.

Néanmoins… Il y a une vérité dérangeante là dessous : le prix des obsèques est élevé, il monte en même temps qu’ inflation, tandis qu’en parallèle le pouvoir d’achat s’effondre. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’INSEE. Et qu’à un moment où à un autre, il va falloir réagir. Parce que, sinon, les initiatives de ce type vont se multiplier, et on va revenir à un monopole de fait. Ce qui ne sera bon ni pour le Métier, au sens noble du terme, ni pour les familles.

Comment ? Tout seul dans mon coin, je ne sais pas. Mais nous sommes environ 25 000 professionnels du funéraire au sens large dans ce pays, et en réfléchissant tous ensemble, nous pouvons trouver une solution viable. Sinon, et faute de s’asseoir à une table, OGF, Funecap et les indépendants tous ensemble, nous serons condamnés, un jour ou l’autre, à faire faillite les uns derrière les autres et à laisser le secteur aux idéologues.

Et la leçon de l’Histoire, c’est que c’est TOUJOURS une mauvaise idée.

Guillaume Bailly

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