Mars

La planète Mars est un cadavre cosmique

Quasiment depuis sa découverte, l’homme s’est demandé s’il y avait de la vie sur Mars, et s’il pourrait un jour aller y vivre. Le sujet est redevenu à la mode, tant que certains prédisent que c’est pour bientôt. D’autres objectent que la planète est morte. Qu’est-ce que ça veut dire, et y a il un espoir de résurrection ?

Pale red dot

Si la Terre vu de loin est, selon les termes de Karl Sagan, un « point bleu pâle », Mars est, elle, un petit point rouge pâle quand elle est visible dans notre ciel. Et ce petit point pâle a été l’objet de bien des fantasmes.

La Mars a été découverte très tôt, parce que c’est une des cinq planètes qui peut être observée à l’oeil nu avec Mercure, Vénus, Jupiter et Saturne. Babyloniens, Romains et Égyptiens la connaissaient déjà. Et, d’aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, dès qu’on a compris que c’était une planète, l’humanité s’est demandé : qui y vit ?

C’est en 1971 que débute l’exploration par des sondes de Mars, mais ce n’est qu’en 1976 que Viking parvient à envoyer la réponse : rien, ni personne, n’y vit. Mars est morte. Son atmosphère est fine, trop fine pour retenir la chaleur. Son sol est une poussière toxique à base de chlore, très oxydante.

Mais, surtout, son noyau est froid. Il n’y a plus de volcans actifs sur Mars, ni de tectonique des plaques. Et ces éléments sont tout aussi dangereux qu’essentiels pour le développement de la vie. Leur absence n’est pas le plus grave : en cessant de tourner, son cœur ne produit plus de champ magnétique.

Le champ magnétique d’une planète est primordial pour protéger des rayonnement solaires. Sans son champ magnétique, toute vie sur Terre disparaîtrait en très peu de temps. Son atmosphère disparaîtrait petit à petit, et, surtout, le vivant serait exposé régulièrement à des taux de radiations équivalent à un accident nucléaire.

Tout est là : le sol empoisonné, on peut développer des bactéries qui le viabiliseront. On peut même trouver une solution pour remplacer les volcans et créer un effet de serre. On peut terraformer Mars, techniquement, c’est possible. Où est le problème ? Et bien, il faudra terraformer la planète de nuit, et se dépêcher d’y vivre, parce que, dès le lever du soleil, tout sera à nouveau stérilisé.

Il existe des solutions pour remplacer le champ magnétique, expliquent certains. C’est vrai. Il faudrait placer un très gros aimant en orbite autour de la planète, et voilà, le tour est joué. Facile, au suivant.

Enfin, un gros aimant… Un très très très gros aimant, pour être exact. De la taille d’un satellite, quand même. Non, pas de la taille d’un satellite type Starlink, pas du tout. De la taille d’un satellite type la Lune, plutôt. Et c’est théorique, ce n’est même pas sur que ça marche.

Bon. Admettons. On a réussi tout ça. Et, arrivé sur Mars, on se rend compte d’un problème : il n’y a pas d’eau liquide. Pour boire, pour irriguer les cultures, c’est problématique. Il y a de la glace d’eau aux pôles, mais elle est gelée.

Pas de problème, expliquent certains, il suffit de lancer quelques bombes atomiques pour faire fondre tout ça. Une idée de génie. Sauf que… Sauf qu’il reste, en réalité, très peu d’eau au pôle. Il y en a des quantités phénoménales, certes, mais pas assez pour irriguer toute une planète. Et, surtout, il faudrait un effet de serre assez sérieux, donc un volcanisme actif et un champ magnétique, pour la maintenir liquide tout en faisant en sorte qu’elle ne s’évapore pas. Sinon, vous aurez une planète désertique avec, parfois, si vous avez de la chance, une petite flaque d’eau croupie. Et chargée de chlore. Et radioactive. Il faudra prévoir beaucoup d’anisette pour faire passer ça.

Malgré tout ça, certains continuent d’expliquer que ces obstacles, notre technologie peut en venir à bout. Déjà, c’est hypothétique : la terraformation d’une planète, tant qu’on en l’aura pas fait, on ne sait pas vraiment si ça marche. Ensuite, admettons, encore une fois, mais à quel pris ? Parce que tout ça va nécessiter une quantité pharaonique de ressources. D’argent, certes, mais de matières premières. On parle d’un projet à l’échelle d’une planète, parce que terraformer un coin de Mars et pas le reste, ce n’est pas possible.

Bref, si quelqu’un vous dit qu’on vivra un jour sur Mars, riez lui au nez. Et offrez lui l’excellent livre « Nous ne vivrons pas sur Mars, ni ailleurs » de Sylvia Ekstrom et Javier g. Nombela.

Y vivre, non, mais y aller ? Juste aller y jeter un coup d’oeil, comme sur la Lune ? Même pas. Et ça, nous vous l’expliquons vendredi prochain.

Guillaume Bailly

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